Menu
Libération
CHECKNEWS

Est-ce qu'un gilet jaune a été condamné à de la prison ferme pour avoir appelé à une manif sur Facebook ?

Hedi M., 28 ans avait publié un message sur FB dans lequel il appelait au blocage d'un dépôt pétrolier. Même s'il assure l'avoir simplement relayé, il a été condamné à six mois de prison.
(Capture Facebook, le 15/01/2019)
publié le 16 janvier 2019 à 7h26

Question posée sur Twitter

Bonjour,

Le gilet jaune, Hedi M., 28 ans connu dans la région de Narbonne pour son engagement dans le mouvement a été condamné le 7 janvier à 6 mois d’emprisonnement ferme et 3 ans d’interdiction de manifester sur la voie publique, contre deux ans dont six mois de sursis requis par la procureure. Ce jugement rendu par le tribunal correctionnel de Narbonne a provoqué l’indignation de nombreux gilets jaunes et internautes lambda.

Son profil Facebook scruté par le tribunal

Le jeune homme avait été interpellé jeudi 3 janvier au matin alors qu'il est en train de filmer pendant le blocage d'un dépôt pétrolier de Port-la-Nouvelle par des gilets jaunes, rapporte l'Indépendant. Il avait ensuite été placé en détention provisoire.

Parmi les éléments retenus contre lui, plusieurs messages et vidéos diffusés sur sa page Facebook, et notamment un appel au blocage du dépôt pétrolier de Port-la-Nouvelle publié depuis son compte en ces termes : «Tous les GJ du département sont demandés en renfort ! Il faut frapper fort avant l'Acte VIII. Nous voulons tenir face aux CRS et GM alors venez équiper (masque, lunette…) », d'après l'Indépendant (le message a disparu depuis). Le jour de son procès, Hedi a expliqué qu'il n'avait pas rédigé le message, mais simplement relayé l'appel d'un groupe de gilets jaunes narbonnais, a indiqué à CheckNews la journaliste de l'Indépendant présente à l'audience, Laure Mamet.

Cependant, la journaliste rappelle aussi que le message était publié en son nom -ce n'était pas le partage d'un lien-. «La Cour a aussi fait valoir qu'il était indiqué à la fin [du message, ndlr] "contactez-moi"», se souvient-elle«Ce message donne l'impression que vous êtes au centre de l'information», avait observé Philippe Romanello, le président du tribunal (d'après les propos rapportés par l'Indépendant). Ce dernier a aussi interrogé Hedi sur le sens de ses propos tenus sur Facebook qui «peuvent tous avoir une double lecture» : «Il faut tenir face au CRS', ça veut dire quoi ? Vous pouvez concevoir que ce message soit ambigu ?», a-t-il par exemple demandé au sujet de l'appelL'accusé se défend, et explique partager «tout ce qui a trait aux Gilets jaunes».

Poursuivi pour «organisation d'une manifestation sur la voie publique sans déclaration», «participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou destruction ou dégradation», «participation à une association de malfaiteur» et «entrave à la circulation de véhicules», il a finalement été relaxé du troisième chef. En revanche, le tribunal a estimé que la publication permettait de caractériser l'organisation de manifestation sans déclaration préalable. Le gilet jaune a aussi été jugé coupable de participation à un groupement en vue de violences et dégradation, notamment parce qu'il portait un casque (comme d'autres manifestants), et que le groupe de gilets jaunes disposait de barres de fers, rapporte Laure Mamet.

Contactée par CheckNews, l'avocate d'Hedi, Elodie Couturier, a indiqué que son client ne souhaitait pas faire appel.

Cordialement