Question posée par FassTech le 18/01/2019
Vous faites référence à une vidéo postée sur Facebook, le 14 janvier, et très largement partagée. Dans cette séquence, on peut voir une «street-medic», ces secouristes improvisés qui soignent les gilets jaunes, expliquer que le SAMU a refusé de secourir un gilet jaune blessé par un tir de flash-ball à la hanche. Quand les soignants auraient appelé les services d'urgence (SAMU et pompiers), on leur aurait répondu selon les mots de la jeune femme: «il a un gilet jaune ou c'est un civil? S'il a un gilet jaune on le prend pas». La scène a été commentée sur les réseaux sociaux avec quantité de commentaires indignés dénonçant une non-assistance à personne en danger.
Truc ce fou :( Incroyable de voir ca en France !!!
Posted by Nicolas Piaser on Monday, January 14, 2019
La scène se déroule bien à Épinal, au croisement de la rue des Minimes et la rue de la Pompe, puis dans le bar Le Virgile, transformé en poste de secours improvisé. Les évènements se déroulent cependant le 5 janvier, et non pas le 5 décembre comme annoncé dans le montage vidéo. Ce jour-là, la sous-préfecture des Vosges était le théâtre d'un rassemblement régional de gilets jaunes. Selon le préfet Pierre Ory interviewé par Vosges-Matin, cinq personnes ont été légèrement blessées ce jour-là.
Contrairement à ce que suggère le montage, la personne qui figure sur la vidéo a été prise en charge par les pompiers selon Steve Stoeckel, le gérant du bar Le Virgile, contacté par CheckNews. «Les street medics sont entrés, ont examiné la victime, et une femme m'a demandé un chiffon avec de la glace. Puis elle a dit au blessé d'enlever son gilet jaune "parce-que sinon personne ne viendrait le soigner"», précise-t-il.
Peu après, le commerçant est allé chercher des pompiers dans la rue pour qu'ils soignent le jeune homme. «Ils n'ont pas demandé si c'était un gilet jaune. Ils sont venus tout de suite et lui ont dit de continuer à mettre de la glace pour pas que la blessure gonfle plus». La jeune femme présente dans la vidéo était «complètement hystérique» selon le gérant. «Elle a affolé tout le monde sur la terrasse en disant qu'il y allait avoir des morts et des blessés».
Contacté par CheckNews, le colonel Sacha Demierre, directeur du Service Départemental d'Incendie et de Secours dénonce «les propos mensongers de la vidéo». «Nous sommes un service public et le principe du service public, c'est la neutralité. On porte secours de façon uniforme quel que soit le sexe, la race, la religion, la volonté politique». Présent dans la salle d'opération le 5 janvier, il assure que «toutes les demandes ont été traitées» avec ou sans gilet jaune.
Dans la voix-off de la vidéo publiée sur Facebook, le commentateur - qui n'a pas pu être identifié par CheckNews - affirme que «la seule possibilité est que le préfet soit intervenu au niveau du centre d'appels» pour demander de ne pas secourir les victimes. Dans un communiqué, la Préfecture des Vosges a assuré que le préfet et ses équipes «n'interviennent évidemment pas dans le secours à personnes assuré par de professionnels engagés dans leur mission».
Selon le colonel Sacha Demierre, «la seule confusion que je peux imaginer est qu'une personne se prétendant infirmière a demandé une ambulance privée qu'on a refusé d'accorder». En effet, comme le précise la préfecture, seules les ambulances des sapeurs-pompiers interviennent sur la voie publique.
Cordialement
Clara Marchaud