Question posée sur Twitter par Estelle, le 6 février
Bonjour,
Une vidéo partagée sur Facebook accuse les médias français de ne pas avoir relayé les images de la manifestation organisée par la CGT, le 5 février à Paris. «Si cette manifestation avait eu lieu au Venezuela, ces images auraient été diffusées sur les médias français», promet le texte en haut de la vidéo. Et en bas : «Paris 5 février 15h45». La publication Facebook aux 7600 partages renvoie vers une vidéo Youtube de meilleure qualité, et dans une version plus longue, publiée sur la chaîne «Gilets Jaunes», qui compte 13 000 abonnés. Elle est titrée «Grève Générale 5 février Paris une foule énorme 16h gilets jaunes syndicats lycéens».
Vous nous demandez si ces images ont bien été filmées dans la capitale lors de la manifestation organisée par la CGT, le 5 février, comme l’affirment les différents comptes qui ont relayé la vidéo. En un mot : oui.
Une manifestation rue de Rivoli
Plusieurs éléments, repérables sur d’autres images prises par des journalistes, nous permettent de confirmer que la vidéo a bien été filmée ce jour-là, et donc de prouver l’authenticité de la vidéo.
D’abord, on peut reconnaître la rue de Rivoli, à Paris. Plus précisément, la vidéo a été filmée au croisement de cette rue et de la rue de Castiglione. On peut apercevoir l’hôtel Westin Paris-Vendôme à l’intersection.
Deux cortèges suivant des parcours différents étaient prévus le 5 février lors de la manifestation parisienne. Celui mené par la CGT devait aller de l'Hotel de Ville à la place de la Concorde. Le chemin le plus direct entre les deux est la rue de Rivoli. On sait déjà que la vidéo sur laquelle vous nous interrogez est tournée dans cette rue. Pour être sûr que cette vidéo a été tournée le 5 février, comparons-la avec d'autres documents (photos, vidéos) tournées à cette date, rue de Rivoli.
Des échafaudages recouverts d'une bâche en trompe-l'œil sont installés devant l'un des immeubles d'après la vidéo. Ces mêmes échafaudages sont visibles sur une photo de l'Agence France Presse prise lors de la manifestation du 5 février. La vidéo a donc été filmée récemment.
D’autres images
On voit à plusieurs reprises une banderole sur laquelle il est écrit «La répartition, pas la répression». Cette banderole est également visible sur de nombreuses photos de presse prises rue de Rivoli, dont celles de l'AFP.
Une autre banderole est visible plusieurs fois dans la vidéo, avec les mots «Université Paris-13 en lutte». On la voit bien, toujours dans la même rue, dans une vidéo réalisée par le média Taranis News, qui a couvert la manifestation du mardi 5 février. Elle est également présente sur des photos de l'AFP.
Parmi les différents drapeaux brandis par les manifestants, on aperçoit celui du Venezuela sur plusieurs photos et vidéos. Dans le document qui nous préoccupe, on le voit être brandi, à proximité de la banderole évoquée précédemment sur laquelle on peut lire «Université Paris-13 en lutte». Ce même drapeau a été photographié par l'AFP dans le cortège, un peu plus loin sur le même axe.
D'autres drapeaux sont également repérables dans la foule, comme ces deux drapeaux français l'un sur l'autre avec la mention «Nord» inscrit sur le plus haut des deux. Dans une vidéo du journaliste indépendant Clément Lanot, ces deux drapeaux sont également visibles rue de Rivoli.
En résumé : plusieurs éléments comme des drapeaux et des banderoles sont repérables sur des photos et des vidéos prises par des journalistes, le 5 février rue de Rivoli. Ce qui prouve que la vidéo partagée sur Facebook, qui comporte les mêmes éléments, a bien été tournée lors de la manifestation organisée par la CGT dans cette rue.
Selon la CGT, 30 000 manifestants auraient participé à cette manifestation, contre 18 000 selon la préfecture de police. Selon le cabinet Occurrence, mandaté par plusieurs rédactions, dont Libération, et posté au 218 rue de Rivoli, 14 000 personnes se sont réunies dans la capitale.
Cordialement.
Damien Cottin
Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat entre le service CheckNews de Libération et l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille, par un étudiant de la 93e promotion.