Question posée par le 07/02/2019
Bonjour,
Vous nous avez interpellés sur Twitter au sujet d'une information partagée par le militant d'extrême droite Grégory Roose. Sur le site Adoxa, dont il est le rédacteur en chef, Roose signe un article intitulé «La France partage son siège au conseil de sécurité de l'ONU avec l'Allemagne».
Dans le texte, Grégory Roose écrit: «Adoxa avait alerté, il y a quelques semaines, sur la teneur du traité franco-allemand d'Aix-la-Chapelle qui devait transférer nos prérogatives diplomatiques à l'Allemagne. Nous avons été accusés de colporter des fake news. Pourtant, dans un mois, la France et l'Allemagne vont co-présider le conseil de sécurité de l'ONU. Il est fort probable que progressivement, l'Allemagne prenne la place de la France dans toutes les décisions importantes.»
La France et l’Allemagne auront un programme de travail conjoint durant leurs présidences respectives en mars et en avril 2019
On le voit déjà dans le texte d'Adoxa, il n'est pas question de céder le siège permanent de la France mais «co-présider le conseil de sécurité de l'ONU» avec l'Allemagne dans un mois. Grégory Roose suppose que cette coprésidence va faire en sorte que l'Allemagne remplace peu à peu la France sur les décisions importantes. Il n'apporte pas d'arguments dans ce sens.
La décision de cette présidence commune n'a rien de secret, elle a été partagée le 1er février par les comptes Twitter de la France et de l'Allemagne à l'ONU.
Ainsi, les deux pays ont annoncés qu'ils allaient pour la première fois dans l'histoire des Nations unies, faire «une présidence commune» au conseil de sécurité de l'ONU, durant les mois de mars et d'avril. Cela est possible pour des raisons principalement alphabétiques et un calendrier particulier.
Le 8 juin 2018, l'Allemagne a été élue membre non permanent du conseil de sécurité de l'ONU pour la période 2019 et 2020. Pendant deux ans, elle siégera donc au conseil, dont la France est membre permanent. Comme le veut le règlement, «la présidence du Conseil est assurée par chacun des Membres à tour de rôle pendant un mois, suivant l'ordre alphabétique anglais des noms des États Membres». Ainsi après la Républicaine Dominicaine en janvier et la Guinée Équatoriale en février, c'est au tour de la France de présider en mars. Logiquement, l'Allemagne (Germany en anglais) devait lui succéder en avril. Suivront ensuite jusqu'à décembre 2019: l'Indonésie, le Koweït, le Pérou, la Pologne, la Russie, l'Afrique du Sud (South Africa), le Royaume-Uni et les Etats-Unis. La Chine, membre permanent du conseil, avait présidé en novembre 2018.
Profitant du fait que leurs tours de présider se suivent, la France et l’Allemagne ont donc décidé de transformer leur bonne entente diplomatique en une coprésidence de deux mois.
Le siège permanent de la France ne sera pas partagé
Face à la mauvaise compréhension de certains internautes, qui y voient un siège permanent cédé à cause du traité d'Aix-la-Chapelle, tel qu'il avait été redouté par certains souverainistes en France, la mission permanente de la France auprès de l'ONU a rappelé sur Twitter par son canal officiel et par celui de son porte-parole Alexis Mojaïsky, que : «ce sont deux présidences conjointes, chaque Etat assurant la présidence à tour de rôle: France en mars et Allemagne, membre non-permanent en 2019-2020, en avril. Nous travaillons ensemble au programme de travail de ces 2 mois, pour porter des priorités communes. Et ça, c'est une première.»
Il s’agit d’une présidence conjointe du CSNU, et non d’un « partage de siège » ! Ne mélangeons pas tout : aucun siège au Conseil n’est « partagé ». C’est notre programme de travail pour 2 mois qui est conjoint, chaque pays présidera chacun son tour, selon les règles du Conseil 🙂
— La France à l'ONU (@franceonu) February 1, 2019
Ce sont 2 présidences conjointes, chaque Etat assurant la présidence à tour de rôle : 🇫🇷 en mars et 🇩🇪, membre non-permanent en 2019-2020, en avril. Nous travaillons ensemble au programme de travail de ces 2 mois, pour porter des priorités communes. Et ça, c'est une première.
— Alexis Mojaïsky (@mojaiskya) February 6, 2019
La France soutient l’élargissement du Conseil à l’Allemagne pour améliorer sa représentativité
Le porte-parole a aussi rappelé que l'Allemagne n'aurait pas de droit de veto tant qu'elle sera membre non permanent, avant de souligner l'engagement de la France, signé dans le traité d'Aix-la-Chapelle: «Pour la suite, nous soutenons un élargissement du Conseil dans les deux catégories de membres, notamment à l'Inde, le Japon, le Brésil et l'Allemagne, pour améliorer sa représentativité.»
Non, l'Allemagne est membre non-permanent du Conseil de sécurité pour 2019-2020, donc sans veto. Pour la suite, nous soutenons un élargissement du Conseil dans les deux catégories de membres, notamment à 🇮🇳🇯🇵🇧🇷🇩🇪, pour améliorer sa représentativité. https://t.co/E3iVELGjZc
— Alexis Mojaïsky (@mojaiskya) February 5, 2019
Cordialement