Question posée le 22/02/2019
Bonjour,
«J'ai lu qu'un membre du groupe AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd'hui) a été tabassé par des chasseurs et est actuellement dans le coma», écrivez-vous, avant de demander s'il s'agit d'une «info ou d'une intox ?» Si un militant anti-chasse à courre est bien plongé dans un coma artificiel depuis plusieurs jours, impossible pour l'heure d'être conclusif sur les raisons de son état.
Le 21 février, l'association AVA Bretagne communique sur sa page Facebook : l'un de ses membres est «dans le coma, entre la vie et la mort», depuis le 16 février. Ce jour-là, dix militants anti-chasse à courre arrivent, vers 11 heures, au rond-point de l'Etoile dans la forêt du Gâvre (Loire-Atlantique). Selon le récit que fait l'un d'entre eux à CheckNews, un chasseur les prend à partie, après avoir arraché un essuie-glace arrière. Un activiste prénommé Frédéric sort de la voiture, pour «le calmer», selon les mots de notre interlocuteur. En réponse, le chasseur distribue «plusieurs coups de poing au visage, très violents» à Frédéric, qui en vient à saigner du nez.
C'est une tout autre version que propose, dans un autre communiqué publié le 22 février, la société de vénerie. En substance : ce seraient les militants anti-chasse qui auraient les premiers agressé les chasseurs. «S'en est suivie une altercation entre Frédéric H. et un suiveur», lit-on dans ce communiqué.
«Quand nous sommes arrivés sur place, c'était du parole contre parole», résume la gendarmerie locale, contactée par CheckNews, décrivant aussi «des échanges de coups». Les gendarmes, qui confirment que Frédéric avait bien le nez en sang, séparent tout le monde. Ils sont obligés d'intervenir une nouvelle fois, plus tard dans la journée, car l'altercation - devenue surtout verbale - se poursuit sur le parking d'une grande surface proche.
Deux plaintes déposées
En fin d'après midi ce 16 février, le militant de l'AVA, Frédéric, n'est pas dans le coma. Il prend même sa voiture seul. C'est alors que survient une deuxième rixe, entre lui et un automobiliste. Selon la gendarmerie, les deux hommes se tiennent par le col, avant de se repousser. Frédéric tombe, sa tête heurte le sol, d'après la description faite par la maréchaussée. L'homme est «sonné», et emmené à l'hôpital par les secours. Il s'y trouve depuis, plongé dans un coma artificiel au vu de la gravité de ses blessures.
Pour les chasseurs, c'est cette seconde rixe qui est responsable de l'état de Frédéric. Pour les militants de l'AVA, ce sont les coups portés par les chasseurs qui ont blessé leur camarade. Ils n'évoquent même pas la deuxième altercation avec l'automobiliste dans leur communiqué. Pour les gendarmes, comme le parquet de Saint-Nazaire, l'origine des blessures est, pour l'heure «impossible à déterminer», et les expertises médicales en cours devraient permettre d'en savoir plus.
La bataille va se poursuive sur le terrain judiciaire. Le parquet de Saint-Nazaire a enregistré une plainte de la part d’un chasseur accusé d’avoir mis les coups à Frédéric : il assure avoir été lui-même agressé en premier lieu. A l’inverse, une membre de la famille de l’homme dans le coma a porté plainte… contre ce même chasseur.
Les gendarmes expliquent que des incidents entre chasseurs et anti-chasse ont lieu à chaque chasse à courre dans la forêt du Gâvre. La presse locale s'en fait d'ailleurs régulièrement l'écho.
Vous nous avez aussi demandé : «Macron est-il favorable à la chasse à courre ?»