Question posée par Alex Mahfoudhi le 06/03/2019
Bonjour,
Selon les données de l'Organisation mondiale de la santé, on compte environ 800 000 suicides par an dans le monde. «Au niveau national, les données sur les méthodes utilisées pour se suicider sont malheureusement bien peu nombreuses. Entre 2005 et 2011, seuls 76 des 194 États membres de l'OMS ont saisi des données sur les méthodes de suicide dans la base de données sur la mortalité», déplore l'OMS.
L’organisation fait tout de même ressortir quelques statistiques. Le suicide était ainsi la 2e cause de mortalité chez les 15-29 ans dans le monde en 2016, et plus de 75% des suicides sont survenus dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.
Les moyens les plus utilisés dans le monde
Pour répondre à votre question, l'OMS estime que «près de 20% des suicides dans le monde sont dus à l'intoxication par les pesticides». L'organisation précise que ces produits sont, avec la pendaison et les armes à feu, «les méthodes le plus souvent utilisées».
Cette question intéresse l'OMS dont les États membres se sont fixés en 2013 comme objectif une réduction de 10% du taux de suicide dans l'ensemble des pays d'ici 2020. Selon le document de 2014, Prévention du suicide l'état d'urgence mondial, le suicide est «souvent un acte impulsif» et donc «restreindre l'accès aux moyens de suicide porte ses fruits», dans le cadre d'une stratégie plus large de prévention contre le suicide (détaillée dans ce pdf).
Des statistiques différentes par pays
Toutefois, pour restreindre l'accès aux moyens de suicide, faut-il encore avoir une compréhension approfondie du phénomène dans la zone où la méthode de prévention est déployée. Il existe une grande disparité de moyens en fonction de la culture locale et de l'accès aux armes ou aux produits. Ainsi, «dans les pays à revenu élevé, la pendaison est utilisée dans un suicide sur deux et les armes à feu, employées dans 18 % des cas». Mais si l'on s'intéresse uniquement aux pays à revenu élevé des Amériques, «les armes à feu comptent pour 46 % de tous les suicides».
Concernant le suicide par ingestion de pesticides, un document de 2016 leur est consacré (pdf). On y apprend que les suicides par ingestion au pesticide peuvent représenter jusqu'à 60% de l'ensemble des suicides dans certaines régions (zones rurales de Chine et d'Asie du Sud-Est, Honduras, Surinam, etc.).
Et en France ?
La France a créé en 2013 un Observatoire national du suicide auprès du ministère de la Santé. Le détail par mode opératoire est donné dans son dernier rapport, publié en 2018.
«Le mode de suicide le plus fréquent en 2014 est la pendaison (57 % des suicides), loin devant les armes à feu (12 %), les prises de médicaments et autres substances (11 %) et les sauts d'un lieu élevé (7 %)», précise le rapport. Le nombre total de suicide est d'environ 9000.
Les données ne sont pas les mêmes pour les tentatives de suicide. Selon les données 2011 du premier rapport, arrive en tête l'auto-intoxication médicamenteuse (82% des tentatives de suicide hospitalisées). Vient ensuite l'auto-intoxication par d'autres produits (alcool, produits chimiques, pesticides) pour 8% des cas. La section des veines représente 5% et le saut dans le vide 1,6%. Les autres modalités représentent chacune moins de 1%. Des données plus fines par région existent dans le deuxième rapport de l'Observatoire.
Cordialement