Question posée par Guillaume, le 11/03/2019.
Bonjour,
Nous avons reformulé votre question initiale : «Une vidéo tourne depuis dimanche sur Facebook où on y voit un gilet jaune au bord de la noyade et les gendarmes qui regardent sans réagir avant d'enfin partir l'aider. La vidéo est-elle authentique ?»
La vidéo à laquelle vous faites référence correspond à des images tournées par Marko Sparrow, un «reporter/photographe amateur» à l'origine de nombreuses vidéos de violences policières filmées à Quimper lors de la manifestation des gilets jaunes du 9 mars. Lors de «l'acte XVII», il a filmé un jeune homme avec un sac à dos vert sauter dans l'eau de l'Odet pour échapper à des gendarmes mobiles.
Un jeune saute dans le fleuve pour échapper aux gendarmes
Dans une vidéo d'une trentaine de secondes partagée plus de 1 000 fois sur Facebook, on le voit d'abord sauter dans l'eau, puis après une coupe, il réapparaît de l'autre côté du quai avant d'être embarqué par les gendarmes, sous les huées d'un manifestant.
Sur YouTube, Marko Sparrow a également posté une vidéo de la même scène, qui montre le jeune homme sauter dans le fleuve, puis avoir des difficultés à remonter de l'autre côté du quai. De nombreux manifestants cherchent à l'aider, en lui tendant bras et jambes. Après une coupe, on peut voir qu'un homme a plongé dans l'eau pour l'aider. L'auteur de la vidéo indique qu'il s'agit d'un gendarme, ce que confirme également l'écusson sur sa tenue. Sur Facebook, on trouve des photos de cette intervention prises par le photographe Michel Brehonnet.
Le jeune fuyard est remonté et interpellé par les gendarmes mobiles, tandis que des manifestants aident le gendarme plongeur à ressortir du fleuve. Une fois remonté, il disparaît de la vidéo. A la fin, on peut voir que le jeune homme interpellé et entouré d’une couverture de survie dorée est emmené par les sapeurs pompiers.
Un gendarme mobile a finalement sauté pour l’aider
Contacté par CheckNews, Marko Sparrow confirme que la scène a bien eu lieu «samedi après-midi à Quimper», précisément «à 18h50». Ceci explique pourquoi on ne voit personne porter de gilets jaunes, puisque la manifestation est terminée.
Interrogé sur le temps qu'ont mis les gendarmes avant de secourir le jeune homme, Marko Sparrow indique qu'au début «personne n'avait envie de sauter», pas même du côté des gilets jaunes, mais que le gendarme a plongé puisque le jeune avait trop de difficultés à sortir. Le vidéaste ne sait pas ce qui est arrivé au jeune homme après avoir été pris en charge par les pompiers.
Le jeune homme s’est enfui après avoir été emmené à l’hôpital
Contactée par CheckNews, la préfecture du Finistère indique que le jeune homme «n'a pas été interpellé» après avoir été pris en charge par les pompiers.
Une version qui nous a été confirmée par le principal intéressé. Suite à un appel à témoin, le jeune homme, mineur, a contacté CheckNews directement sur Facebook. Il dit n'avoir pas participé à la manifestation, même s'il se considère comme un gilet jaune et indique qu'il était à Quimper pour faire un changement de bus avec des amis. Il assure ne pas avoir été violent et qu'il observait uniquement les manifestants : «Je restais sans bouger et je cherchais un ami à moi lorsqu'un CRS a dit : "Bah tiens, toi tu vas venir avec nous." Ils étaient cinq, tous la matraque à la main. Je lui ai répondu que non, je n'ai rien fait. J'ai reculé, je me suis retourné et j'ai vu cinq autres CRS. J'étais alors encerclé et par peur de me faire frapper, j'ai sauté sans réfléchir. Déjà dans l'eau, à un moment j'ai paniqué. J'ai cru que j'allais me noyer. Une fois sorti de l'eau. Ils m'ont plaqué au sol et m'ont emmené avec eux. Ils m'ont mis par terre et beaucoup de CRS m'insultaient. Ils disaient "ça aurait été drôle que tu te noies" ou "bah alors t'as froid ?" en rigolant. Ensuite les pompiers sont arrivés. Ils m'ont emmené à l'hôpital. Une fois arrivé là-bas, j'ai remis mes affaires mouillées et j'ai pris la fuite avant que les gendarmes ne reviennent.» Le jeune homme ajoute que son expérience et la violence des policiers, l'ont convaincu de participer à la prochaine manifestation à Quimper.
Joint par CheckNews, Jérôme, référent communication des gilets jaunes de Quimper estime que la cascade risquée du jeune homme était justifiée par la violence des gendarmes ce jour-là : «Quand on voit le matraquage de gilets jaunes, comme dans la vidéo sur le pont, on comprend que le jeune ait préféré sauter dans l'eau que d'être matraqué par une charge de gendarmes.»
Cordialement,