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A quel titre Sarkozy exige-t-il d'être appelé «Monsieur le président» par les journalistes ?

Dans une séquence diffusée dans l'émission «Quotidien», on voit Nicolas Sarkozy et son attachée de presse exiger d'une journaliste qu'elle lui donne du «Monsieur le président».
Capture d'écran de «Quotidien» (TMC).
publié le 3 avril 2019 à 7h04

Question posée par Adrien Delarue le 01/04/2019

Bonjour,

Nous avons raccourci votre question, qui était à l'origine : «Bonjour, selon Quotidien, Monsieur Sarkozy et son équipe ont réprimandé une journaliste qui n'avait pas, aujourd'hui, appelé l'ancien Président de sa république par son titre au moment de lui poser une question, se contentant donc de "Monsieur Sarkozy". Une règle française institue-t-elle qu'un ancien président, Premier ministre, que sais-je encore, garde son titre suite à sa cessation de fonctions ? Merci à vous.»

Vous faites référence à une séquence diffusée lundi 1er avril, dans l'émission Quotidien, dans laquelle la journaliste de l'émission, Salhia Brakhlia, interroge Nicolas Sarkozy. La séquence est tournée le week-end dernier en Haute-Savoie où Nicolas Sarkozy était invité par Emmanuel Macron à participer à un hommage aux résistants tués sur le plateau des Glières.

Dans le cadre de cette cérémonie, comme l'explique Salhia Braklia en plateau, la presse a pu poser quelques questions à Nicolas Sarkozy. Première à intervenir, une journaliste de France Bleu commence ainsi : «Monsieur Sarkozy, vous êtes de retour sur…»

La journaliste est alors coupée par Nicolas Sarkozy qui ne semble pas apprécier le début de l'interview. Si les premières secondes de la vidéo sont difficilement audibles, la situation s'éclaircit lorsque l'attachée de presse de Nicolas Sarkozy reprend la main et intime la journaliste de commencer son interview par «Monsieur le Président…» Ce que la journaliste accepte de faire, pour que l'ancien président réponde à ses questions.

Aucune règle ou loi n'oblige évidemment les journalistes à donner du «Président» à un ancien président lors d'une interview. En revanche, les anciens présidents conservent bien ce titre à vie, de même que les avantages financiers et matériels réservés qui vont avec (et que CheckNews détaillait ici, dans une précédente question).

Dans les faits, pourtant, les journalistes appellent régulièrement, et ce depuis des années, les présidents français par leur patronyme, plutôt que par leur titre, lors de leur interview.

«Monsieur Macron»

Cela a été le cas récemment, en avril 2018, lors de l'interview d'Emmanuel Macron par Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel. Alors que l'animateur de RMC/BFM avait commencé sa première prise de parole par «Bonsoir Monsieur le président», le cofondateur de Mediapart avait ensuite interpellé Macron par son prénom et son nom. Pendant tout le reste de l'interview, les deux journalistes l'avaient ensuite appelé ainsi (ou quelques fois «Monsieur Macron», mais jamais «Monsieur le président»).

Il y a un an, ce choix avait été abondamment critiqué et commenté. Bourdin avait expliqué : «Je ne vois pas pourquoi j'aurai cet acte déférent "Monsieur le président".» Tandis que Plenel s'était défendu ainsi : «L'interview présidentielle en France est une interview monarchique. Notre objectif tout simple, c'était d'abord de casser ça […] Je pense que si quelqu'un a des intervieweurs qui cassent les codes, il est meilleur ! Nous, on fait notre job et lui, s'il aime ça, il est meilleur.»

Comme CheckNews l'avait remarqué à l'époque, ce n'était pas la première fois que des journalistes préféraient le patronyme à la fonction, dès lors qu'il s'agissait d'interviewer le Président : cela avait déjà été le cas en 1981 avec Valéry Giscard d'Estaing, en 1988 avec François Mitterrand, ou encore avec François Hollande en mai 2014.

Cordialement