Question posée le 03/04/2019
Bonjour,
Vous nous avez demandé : «Est-ce vrai qu'il y a un "deuxième ambassadeur" du Venezuela en France qui officie pour l'autoproclamé président Juan Guaidó ?»
Le 4 février, la France reconnaît Juan Guaidó comme «président en charge», annonce Emmanuel Macron dans un tweet. Aujourd'hui, une cinquantaine de pays sont dans ce cas. Alors que d'autres (comme la Russie ou la Turquie) continuent de soutenir le président élu Nicolás Maduro.
Les Vénézuéliens ont le droit de s’exprimer librement et démocratiquement. La France reconnaît @jguaido comme « président en charge » pour mettre en œuvre un processus électoral. Nous soutenons le Groupe de contact, créé avec l’UE, dans cette période de transition.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 4, 2019
Comme le notait le correspondant de Libération à Caracas, le Venezuela compte deux assemblées législatives – l'une acquise aux chavistes, l'autre à l'opposition – qui s'accusent mutuellement de ne pas être légitimes.
De la même manière, il existe peu ou prou deux diplomaties vénézuéliennes parallèles auprès de plusieurs pays. Comme le racontait le Monde, c'est notamment grâce à des leviers diplomatiques que Juan Guaidó a su s'imposer sur la scène vénézuélienne. Aujourd'hui, le pouvoir comme l'opposition disposent ainsi chacun d'un représentant en France. Toutefois, il n'y a, à proprement parler, qu'un ambassadeur vénézuélien à Paris.
Mujica contre Zubillaga
Caracas est officiellement représenté en France par Michel Mujica Ricardo, confirme à CheckNews le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. Le diplomate, dont Libération faisait récemment le portrait, a reçu sa lettre d'accréditation pour être «ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République bolivarienne du Venezuela» en France en février 2014, selon le Journal officiel.
Reste que le président par intérim autoproclamé Juan Guaidó dispose à Paris d'une «envoyée spéciale» – selon les mots d'une source diplomatique– en la personne d'Isadora Suarez de Zubillaga, l'une des fondatrices du parti d'opposition vénézuélien Voluntad Popular, selon le Parisien. Sa nomination par l'Assemblée nationale vénézuélienne (acquise à l'opposition) au poste de représentante de Guaidó est intervenue le 19 février, après une première vague de nominations en janvier.
Quand on demande au Quai d'Orsay s'il n'est pas contradictoire de reconnaître un président par intérim, sans accorder à son envoyée spéciale le statut de diplomate (l'Allemagne en fait de même), la réponse a tout de l'esquive : «La France a reconnu M. Guaidó comme président par intérim afin qu'il organise des élections libres dans son pays. […] Cette reconnaissance s'applique donc dans ce cadre et n'entraîne pas de rupture des liens diplomatiques existants.»