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Gilbert Collard qui s'«emmerde au Parlement» est-il abonné absent à l'Assemblée Nationale ?

D'après le site NosDéputés.fr qui collecte les données sur la présence des élus à l'Assemblée, Gilbert Collard est l'un des 150 députés les moins actifs sur les douze derniers mois.
Paris, le 9 février 2016. Assemblée nationale. (Albert FACELLY/Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 9 avril 2019 à 6h43

Question posée par Jeanne le 07/04/2019

Bonjour,

Interrogé par l'Opinion, le 2 avril, le député du Gard, Gilbert Collard s'est exprimé sur son mandat alors qu'il se présente comme candidat sur la liste Rassemblement national pour les élections européennes, d'après l'AFP. «Au Parlement, je m'emmerde. C'est devenu mortifère», a-t-il notamment déclaré. «Les députés LREM sont nuls, mais nuls ! Il n'y a plus de vie, plus de débats, c'est le vide sidéral… Une assemblée de Tartuffe pleine de faux culs», a-t-il estimé.

À la suite de cette déclaration, vous nous demandez s'il est vrai que le député «est quasiment toujours absent à l'Assemblée Nationale». Cette mise en perspective renvoie à un article du magazine Capital publié le 3 avril sur le sujet : «Gilbert Collard dit «s'emmerder» à l'Assemblée Nationale… Où il est pourtant peu présent». Qu'en est-il ? L'activité des députés est difficile à quantifier, comme nous l'avions expliqué sur CheckNews dans une réponse précédente sur les «députés fantômes». Et elle ne peut pas se résumer à la simple présence à l'intérieur du palais Bourbon rappelait encore récemment un rapport sur «l'activité réelle des députés».

29 semaines d’activité au compteur

Mais pour vous répondre, le site NosDeputés.fr collecte et publie des informations sur les élus afin de donner un aperçu de leur activité parlementaire (hors travail en circonscription). On y retrouve notamment le nombre de présences de chacun en hémicycle, et en commission. La première est estimée à partir des prises de paroles et de la participation physique au scrutin. La deuxième est donnée de façon plus certaine grâce aux feuilles de présence qui doivent être paraphées (même si certains députés signeraient la feuille sans participer réellement à la commission, selon les témoignages recueillis dans le rapport sur l'activité des députés). Si l'on s'en tient à ces statistiques, on peut voir que Gilbert Collard a été globalement peu présent au cours des douze derniers mois. Avec 29 semaines «d'activité» comptabilisées (contre plus de 40 pour les meilleurs élèves), il fait partie des 150 députés les moins actifs.

Il est particulièrement peu intervenu en commissions (7 fois) où il n'a été présent que 23 fois. Attention toutefois, les commissions ne se réunissent pas toute au même rythme. La commission de la défense nationale et des forces armées dont Gilbert Collard est membre est la deuxième commission qui s'est le moins réunie depuis le début de la législature. Ainsi, même si le député peut participer aux réunions d'autres commissions, il est moins contraint que les membres de celles se réunissant plus souvent. Il est donc plus pertinent de comparer le nombre de ses présences avec les autres membres de la commission de défense (hors président, vice-présidents, secrétaires et députés présents depuis moins de dix mois). Ces derniers ont participé à 46 réunions de commission en moyenne sur les douze derniers mois, soit deux fois plus que Gilbert Collard.

À noter toutefois que le député a connu deux «pics» d'activité. Le premier au printemps 2018, lors de la discussion sur le projet de loi Asile et Immigration au cours de laquelle il est intervenu 33 fois. Le deuxième à l'automne pour le projet de réforme de la justice. Il est intervenu 29 fois au cours des débats, d'après les données collectées par NosDéputés.fr.

Par ailleurs, il a adressé vingt-neuf questions écrites à différents ministres (un nombre dans la moyenne), mais ce critère ne peut pas être pris en compte pour évaluer sa présence à l'Assemblée, car ces questions sont directement envoyées par internet. «La rédaction ne prend que quelques instants et cela donne l'illusion qu'un député qui pose beaucoup de questions écrites est un député très impliqué, très travailleur. La réalité est que les questions peuvent tout aussi bien être rédigées et postées par les collaborateurs parlementaires. Les questions écrites sont loin d'être un indicateur d'activité ou d'implication fiable», observait à ce sujet les auteurs du rapport sur l'activité des députés.

Cordialement