Question posée par Pierre le 10/04/2019
Bonjour,
Mercredi 10 avril, des représentants des principaux partis participant aux élections européennes débattaient sur CNews et Europe 1. Vous nous interrogez sur une déclaration d'Adrien Quatennens, député La France insoumise du Nord, s'exprimant au nom de la tête de liste LFI, Manon Aubry.
S'adressant à Stanislas Guerini, député LREM de Paris qui représente la tête de liste Nathalie Loiseau, Quatennens attaque (un peu après 2 h 26 de débat) : «J'ai lu l'intervention récente de Mme Loiseau, qui […] nous dit "Je veux un smic européen." Et d'ailleurs elle le chiffre, elle dit : "Le smic européen pourrait être un revenu décent." Elle met ce revenu décent à 886 euros, c'est-à-dire que l'Europe des solutions de Mme Loiseau, c'est amputer le smic français de 317 euros.»
Qui l'Europe protège-t'elle ? Les multinationales, les pollueurs, les détenteurs de capitaux pas les travailleurs. Nathalie Loiseau propose un "SMIC européen" qui s'élèverait en France à 886 euros...317 euros de moins que le SMIC actuel. Voilà "l'Europe qui protège" de LREM #QFQE pic.twitter.com/v05yrNECDd
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) April 10, 2019
Quatennens fait référence à un entretien accordé la veille par Nathalie Loiseau au Parisien, où elle déclare :«Il faut au minimum un smic dans tous les pays de l'UE. Et, partout, un smic qui permette un revenu décent. C'est-à-dire, par pays, au moins la moitié du salaire médian.»
Ces propos de l'ancienne ministre en charge des Affaires européennes avaient déjà fait réagir la tête de liste communiste, Ian Brossat. Dans un tweet, l'élu au Conseil de Paris s'indignait : «Mme Loiseau propose un smic européen fixé à 50 % du salaire médian. En France, ce serait donc 900 euros. […] Certes, elle précise "au moins". Mais vu la propension de l'Union européenne à tout aligner par le bas, on a de quoi être inquiets…»
Dans @le_Parisien, Mme Loiseau propose un SMIC européen fixé à 50% du salaire médian.
— Ian Brossat (@IanBrossat) April 10, 2019
En France, ce serait donc 900 euros.
Oui, 900 euros...
Certes, elle précise "au moins". Mais vu la propension de l'Union européenne à tout aligner par le bas, on a de quoi être inquiets...
«Pour que les smic européens puissent monter»
Le smic français est aujourd'hui à 1 521,22 euros bruts mensuels, selon l'Institut national des statistiques et des études économiques. L'Insee exprime toutefois le salaire médian – qui divise la population en deux effectifs égaux – en net : 1 797 euros mensuels en 2015.
En divisant le salaire médian par deux, on retombe à peu près sur les 900 euros évoqués par Ian Brossat. Pas très loin des 886 euros d'Adrien Quatennens. Mais Nathalie Loiseau propose-t-elle vraiment de baisser le salaire minimum français à ce niveau ? Non. Même si sa proposition a été mal comprise.
Stanislas Guerini s'en est d'ailleurs expliqué pendant le débat du 10 avril, en réponse aux critiques de l'insoumis (qu'appuie le socialiste Olivier Faure, remarquant que la moitié du salaire médian correspond au seuil de pauvreté). Le député LREM précise que la proposition de Nathalie Loiseau vise surtout les «six pays qui n'ont pas de smic» dans l'Union européenne. Et que ce salaire minimum serait, le cas échéant «à plus de 50 % du salaire médian». Guérini décrit une «convergence, pour que les smic européens puissent monter». Il ne s'agirait donc pas d'un nivellement par le bas, puisque la proposition vise à fixer un minimum pour les pays qui n'en ont pas.
Edit à 13h04 : correction du titre, Adrien Quatennens parlait de 317 euros de diminution, et non de 371. Correction aussi de l'année : l'Insee calcule dans sa dernière publication le salaire médian de l'année 2015, et non 2018.