Menu
Libération
CheckNews
Vos questions, nos réponses
CheckNews

Emmanuel Macron veut-il supprimer l'Ecole nationale de la magistrature, en plus de l'ENA ?

Emmanuel Macron devait annoncer lundi soir la suppression de l'ENA «et plusieurs autres structures». Un député LREM avait déjà évoqué la semaine dernière la suppression et fusion de l'ENA, notamment, avec l'Ecole nationale de la magistrature.
L'Ecole nationale de la magistrature, à Bordeaux, le 22 septembre 2015. (Marc CHAUMEIL/Photo Marc Chaumeil)
publié le 17 avril 2019 à 16h06

Question posée par Louis le 16/04/2019

Bonjour,

Nous avons reformulé votre question, la voici en intégralité : «Est-ce que, comme semblent l'affirmer les Echos, la suppression de l'ENM est bien au programme des annonces d'Emmanuel Macron ?»

Comme vous l'indiquez dans votre question, ce sont les Echos qui ont laissé entendre qu'Emmanuel Macron, dans son allocution prévue lundi soir et finalement annulée, s'apprêtait à annoncer la suppression de l'Ecole nationale de la magistrature (ENM).

Dans leur article du 16 avril, les Echos, reviennent sur les principales annonces qui auraient dû être faites la veille et écrivent :

«Il s’attelle aussi à la réforme de la haute fonction publique, puisque l’ENA et l’ENM (Ecole nationale de la magistrature) sont supprimées

Une annonce qui n’était visiblement pas remontée jusqu’à Youssef Badr, porte-parole du ministère de la Justice, qui a tweeté sa surprise.

La chancellerie refuse de commenter ce qu’elle considère être une rumeur. Selon plusieurs sources, elle n’était pas au courant de cette proposition.

Un peu plus tard, c’est l’ancien directeur de l’ENM, Xavier Ronsin qui a démenti l’information.

Dans le texte de projet d'allocution de Macron qui a fuité, la suppression de l'ENM n'est pas évoquée. Voilà ce qu'on lit : «Je crois dans l'excellence républicaine, et nous avons besoin d'une élite, de décideurs. Simplement, cette élite doit être à l'image de la société et être sélectionnée sur des bases exclusivement méritocratiques. C'est pourquoi nous en changerons la formation, la sélection, les carrières en supprimant l'ENA et plusieurs autres structures pour en rebâtir l'organisation profonde.»

Contacté par CheckNews, le journaliste des Echos assure que sa source, fiable, est un parlementaire. Sans en dire plus.

Cette information avait déjà été publiée, sous la forme d'une brève dans le Point. L'hebdomadaire, dans son dernier numéro, citait aussi un parlementaire (nommément, cette fois), sur une réforme de l'administration. «L'exécutif réfléchit à une réorganisation de la haute fonction publique qui passerait par… la suppression de l'ENA. "L'idée serait de fusionner les grandes écoles comme l'ENA, l'Ecole nationale de la magistrature, les Mines, les Ponts ou d'autres dans une grande école du service public dont les élèves diplômés commenceraient leur carrière sur le terrain", précise le député LREM Sacha Houlié», écrit l'hebdomadaire. Sacha Houlié n'a pas encore répondu à nos questions.

Le projet d’allocution d’Emmanuel Macron n’abordant pas ce point précis, la seule piste d’une réforme de l’ENM n’a donc été clairement formulée que par Sacha Houlié, parlant d’une fusion avec d’autres écoles.

L'idée de supprimer cette école n'est pas nouvelle. Au programme de Marine Le Pen pour l'élection présidentielle de 2017, cette suppression avait déjà été proposée par François Fillon en 2015 et Henri Guaino en 2014. L'année dernière, c'est directement le monde de la justice qui s'est écharpé sur le sujet : le ténor du barreau Eric Dupond-Moretti a, à plusieurs reprises, réclamé la suppression de l'ENM, la jugeant trop «corporatiste» et dénonçant dans un livre une institution «incapable de former les futurs magistrats tant sur le plan professionnel que sur le plan humain». Après un échange de lettres ouvertes, Eric Dupond-Moretti avait finalement tempéré ses propos devant les étudiants de l'ENM.