Un article intitulé «Une scientifique est sur le point de guérir la sclérose en plaques pour 2,3 millions de personnes» circule sur Facebook (1) depuis janvier. L'article a fait l'objet d'un correctif le 26 juin (2).
Il reprend les informations d'un autre article de juin 2017, publié par le Cambridgeshire News. Il s'agit d'une présentation des travaux de la chercheuse Su Metcalfe, qui explore une nouvelle voie thérapeutique contre la sclérose en plaques, basée sur les nanotechnologies.
Chercheuse à l'université de Cambridge, Su Metcalfe a fondé la société LifNano Therapeutics dans le but de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques pour les maladies neurodégénératives.
Comme précisé dans l'article anglais, l'objectif est de commencer les essais cliniques en 2020. Contactée par CheckNews, la World Nano Foundation (dont Su Metcalfe est membre) précise que les essais cliniques sont planifiés pour 2020-2021. S'ils s'avèrent concluants, la mise sur le marché sera alors prévue pour 2023-2024. Dans quatre à cinq ans, donc. Dès lors, il est trop tôt pour titrer que l'on est «sur le point» de guérir la sclérose en plaques.
Interrogée sur ce point, la World Nano Foundation répond d'ailleurs qu'«il est d'une importance vitale de ménager les attentes quand on parle de guérison ou de nouveau traitement». En effet, il est critiquable de faire miroiter l'arrivée prochaine d'une thérapie efficace quand le chemin est encore long et incertain.
Un essai clinique n'est que le début d'un long parcours avant la mise sur le marché. Ils se déroulent en quatre phases. La première pour évaluer la toxicité du médicament (30% de projets s'arrêtent à cette phase, selon les autorités américaines). La deuxième pour tester la dose minimale efficace et identifier les effets indésirables (deux tiers d'abandons). La troisième pour tester l'efficacité du médicament (Entre 70% et 75% d'arrêts). La quatrième phase, enfin, constitue le suivi du médicament après sa mise sur le marché.
La sclérose en plaques est une maladie auto-immune qui touche une personne sur 1 000 en France, selon l'Inserm. «Une dysfonction du système immunitaire entraîne des lésions qui provoquent des perturbations motrices, sensitives et cognitives. A plus ou moins long terme, ces troubles peuvent progresser vers un handicap irréversible», explique l'institut. Les thérapies existantes permettent de ralentir la progression et d'améliorer la qualité de vie des patients, mais pas de les guérir. Un traitement curatif est donc très attendu.
Edit du 26 juin : ajout du correctif de Santé+Magazine.
(1) Pour lutter contre les fake news, Facebook a mis au point un partenariat avec cinq fact-checkers français (dont Libération). Des articles très partagés sur les réseaux sociaux et signalés par des utilisateurs sont vérifiés par les médias français.
(2) Le titre a été modifié ainsi «Une scientifique britannique prévoit des essais cliniques sur la sclérose en plaques à partir de 2020» et le corecctif indique que «La recherche contre la sclérose en plaques a encore un long chemin à parcourir avant d'établir un traitement efficace pour lutter contre la maladie. Inspirés de médias britanniques, nous avons publié à tort que le traitement serait sur le point de voir le jour; nous publions ce correctif pour expliquer que les essais cliniques ne sont prévus que pour l'an prochain. L'équipe Santé+ présente ses excuses à tous ses lecteurs pour cette mauvaise interprétation de l'information».