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Naval Group a-t-elle déguisé ses cadres en ouvriers lors de l'inauguration du sous-marin Suffren ?

Un tweet largement relayé accuse le groupe industriel français d'avoir mis en scène des cadres de l'entreprise afin de les faire passer pour des ouvriers, lors de la visite du président de la République sur le site cherbourgeois de Naval Group.
Des salariés de Naval Group posent devant le nouveau sous-marin nucléaire français «Suffren», sur la base navale de Cherbourg, le 12 juillet 2019. (LUDOVIC MARIN/Ludovic Marin . AFP)
publié le 16 juillet 2019 à 11h17

Question posée par Stefan le 14/07/2019

Bonjour,

Nous avons reformulé votre question, qui était : «Lors du lancement du Suffren à Cherbourg par Macron, les ouvriers posant devant le sous-marin en bleu de travail étaient-ils en fait des cadres de Naval Group ?»

Vous faites référence à ce tweet :

Le 12 juillet, Emmanuel Macron était à Cherbourg, sur le site industriel de Naval Group, pour l’inauguration du sous-marin d’attaque nucléaire français, le Suffren.

L'auteur du tweet, qui est par ailleurs élu d'opposition sans étiquette à la mairie de Cherbourg, affirme à CheckNews tenir ses informations «de plusieurs ouvriers de Naval Group et d'un cadre». Il ajoute que ces derniers ne souhaitent pas parler à la presse, de peur de subir des représailles de la part de la direction de l'entreprise.

Emmanuel Gaudez, porte-parole de Naval Group, accuse sur Twitter Hugo Poidevin de calomnie, et de diffuser une fausse information :

Contacté par CheckNews, Emmanuel Gaudez se défend de toute mise en scène : «Ce sont des ouvriers et des cadres que l'on peut voir sur cette photo. Ce sont des personnes des programmes Barracuda, donc des gens du programme TechnicAtome, des gens de PME extérieures, des représentants de Naval Group et des ouvriers. Le bleu est une tenue que tous ces gens portent au quotidien, qu'ils soient cadres ou ouvriers, car ils se trouvent sur un chantier industriel. Ils ne sont en aucun cas déguisés.»

Même son de cloche du côté du représentant syndical Force Ouvrière Naval Group Cherbourg, Pierre Crocquevieille : «Il y avait des cadres et des ouvriers qui ont bien participé à la construction du sous-marin», affirme-t-il.

Vincent Hurel, secrétaire général de la CGT Naval Group est, lui, un peu plus mesuré : «Je n'étais pas présent, je ne peux donc rien affirmer. Il y avait certainement des ouvriers parmi eux mais je n'en vois pas dans les premiers rangs sur les photos.»

«Parmi les cinq personnes du premier rang, vous trouvez le chef de projet plateforme de Naval Group ainsi que le chef de projet de TechnicAtome, le responsable du chantier de coordination, un ancien de l'entreprise qui participait à son cinquième lancement, une apprentie soudeuse en reconversion professionnelle et la responsable de la conception du sous-marin», affirme quant à lui Emmanuel Gaudez.

Par ailleurs, un écran a bien été installé sur un parking à l’intérieur de l’entreprise afin de permettre aux salariés qui le souhaitaient de suivre la cérémonie, comme l’a écrit Hugo Poidevin sur Twitter.

Mais selon Pierre Crocquevieille, «Il y avait aussi bien des ouvriers que des cadres sur le parking.»

Hugo Poidevin, d'après une «source interne à Naval Group», affirme que les salariés qui ont pu participer à la visite du président ont été choisis par l'Elysée, en fonction de leurs CV.

Emmanuel Gaudez, lui, réfute ces accusations : «Il n'en est rien, c'est totalement infondé. Au-delà des collaborateurs rassemblés à l'extérieur à côté du sous-marin pour le geste inaugural, il y avait également plus de 200 collaborateurs dans la Nef d'assemblage du chantier Laubeuf où se sont déroulés les discours. Une fois encore, les choix effectués par la Direction de programme Barracuda étaient de faire en sorte que toutes les fonctions soient représentées.» L'Elysée, de son côté, dément également avoir choisi les personnels de Naval Group présents lors de la visite du président.

En résumé, il y avait à la fois des cadres et des ouvriers lors de l'inauguration du sous-marin Suffren. Mais au premier rang, il s'agissait essentiellement de cadres, comme le reconnaît elle-même l'entreprise. Des cadres habillés en bleus de travail et casqués, comme tous ceux qui travaillent sur le chantier.