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Non, la France n'est pas en «chute libre» d'un classement des pays les plus sûrs du monde

Un classement mesurant le degré de pacifisme des pays a été compris de manière erronée.
Cartographie du Global Peace Index 2019. (The Institute for Economics and Peace)
publié le 23 juillet 2019 à 7h27

Bonjour,

Vous nous avez interpellés sur Twitter en répondant à un tweet, dénonçant une «chute libre de la France dans le classement des pays le plus sûr du monde» et partagé près de 3 000 fois.

Ce tweet s'appuie sur la publication, le 12 juin dernier, du Global Peace Index 2019. La France est classée 60e sur 163 pays ; elle a en effet reculé de sept places en deux ans.

Créé en 2008, le Global Peace Index est publié chaque année par le think tank International Institute for Economics and Peace (IEP). Sur son site internet, l'IEP explique que son classement annuel vise à mesurer le pacifisme, qu'il définit comme l'«absence de violence», de chacun des 163 pays présents sur sa carte, disponible ici. Si un pays n'est pas référencé, c'est parce que l'IEP ne dispose pas de données le concernant. Il ne s'agit donc absolument pas d'une liste de «pays sûrs».

Pour ce faire, le think tank se base sur 23 indicateurs, qui sont les suivants :

- Nombre et durée des conflits internes
- Nombre de morts de conflits organisés (externe)
- Nombre de morts résultant d'un conflit organisé (interne)
- Nombre, durée et rôle dans les conflits externes
- Intensité du conflit interne organisé
- Relations avec les pays voisins
- Mesures de sécurité sociétale
- Criminalité perçue dans la société
- Nombre de personnes déplacées en pourcentage de la population
- Instabilité politique
- Echelle de la terreur politique
- Activité terroriste
- Nombre d'homicides pour 100 000 habitants
- Niveau de crime violent
- Probabilité de violentes manifestations
- Nombre de personnes emprisonnées pour 100 000 habitants
- Nombre d'agents de sécurité internes et de policiers pour 100 000 habitants
- Mesures des dépenses militaires en pourcentage du PIB
- Nombre de membres des forces armées pour 100 000 habitants
- Volume des transferts (importations) des principales armes classiques par 100 000 habitants
- Volume de transferts (exportations) des principales armes classiques par 100 000 habitants
- Financement des missions de maintien de la paix des Nations unies
- Capacité en armes nucléaires et lourdes
- Facilité d'accès aux armes légères et de petit calibre

Tous les indicateurs n'ont pas le même poids. Le dernier est calculé en fonction de l'impact réel de chacun sur le pacifisme. Par exemple, comme l'explique l'IEP sur son site internet, «l'incidence de la violence directe compte plus dans le classement que la perception de la criminalité par la société». Le think tank explique également mettre à jour régulièrement les indicateurs et leur poids : «Le choix des indicateurs et de leur pondération est contrôlé et revu en permanence par le panel international d'experts indépendants, en collaboration avec l'IEP et l'Economist Intelligence Unit, qui rassemble et calcule l'indice.»

Pour réaliser son classement, l’IEP s’appuie sur de nombreuses études internationales réalisées par des sources telles que la Banque mondiale, ou plusieurs institutions de l’ONU comme le Haut Commissariat pour les réfugiés.

En matière de classement, la France est l'avant-dernier pays de l'Union européenne, devant la Grèce. Cela peut s'expliquer notamment par le nombre d'armes nucléaires et lourdes détenues ou par l'exportation d'armes conventionnelles (missiles, navires, avions, etc.) : «Sept des dix plus gros exportateurs par habitant sont des pays occidentaux démocratiques. Cependant, en termes de valeur totale des exportations, cinq pays seulement représentent plus de 75 % du total des exportations d'armes : les Etats-Unis, la Russie, l'Allemagne, la France et la Chine.»

Sur la carte disponible en ligne, il est aussi possible de voir l’évolution de chaque pays depuis 2008 ainsi qu’en fonction de chacun des 23 indicateurs. Ceux-ci sont notés de 1 à 5, 1 étant la meilleure «note», et 5 étant la pire. Par exemple, la France est en jaune concernant la probabilité de manifestations violentes avec un score de 3 en 2019. En 2018, 2017 et 2016, la France était en vert, avec une note de 2.