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Nantes : comment se sont déroulées les recherches du corps de Steve Caniço ?

Affaire Steve Caniçodossier
Depuis l'ouverture d'une enquête sur la disparition et jusqu'à la récente découverte du corps, plusieurs sources assurent que les recherches menées par les autorités n'ont pas cessé. Tout en rappelant la complexité de ce type d'opération dans un fleuve comme la Loire.
Recherche du corps de Steve Caniço par les pompiers sur l'Ile de Nantes, quai du Président-Wilson. (Remy ARTIGES/Photo Rémy Artiges pour Libération)
publié le 1er août 2019 à 14h36

Question posée le 30/07/2019

Bonjour,

Votre question que nous avons modifiée était la suivante : «Le gouvernement a-t-il ralenti les recherches du corps de Steve à Nantes afin d'éviter une autopsie approfondie ?» C'est ce que suggère selon vous un post de la page de Nordpresse – qui se présente comme satirique mais qui joue sur l'ambiguïté, alternant la publication d'articles vrais et faux. Le jour où il était confirmé que le corps trouvé dans la Loire, lundi 29 juillet, était bien celui de Steve Caniço, le site écrivait : «Ce qui est bien avec un cadavre qui a passé un mois dans l'eau c'est qu'il a suffisamment pourri pour empêcher toute autopsie précise.»

Plus mesurée, une amie de l'animateur périscolaire disparu dans la nuit du 21 au 22 juin déclarait à Libération : «C'est sûr qu'ils ne pourront pas déterminer, par exemple, s'il y a eu des traces de coups. Je ne dis pas qu'il y en a eu, mais c'est sûr qu'on ne le saura jamais.» Au nom des proches du jeune homme, dont le corps a été retrouvé dans le fleuve à un peu plus d'un kilomètre de l'endroit où il a été vu pour la dernière fois, sur le quai Wilson au sud de l'île de Nantes, elle ajoute : «On a tous l'impression que les recherches n'ont pas été correctement effectuées. On veut bien croire que les recherches soient difficiles en Loire, mais là on a le sentiment que tous les moyens n'ont pas été déployés aussi vite qu'ils auraient pu l'être.»

Ce discours est récurrent dans l'entourage de Steve Caniço. Certains espéraient, peu de temps après la disparition, quand ils se réunissaient quai Wilson, à l'endroit où le jeune homme a disparu, pouvoir le retrouver en arpentant à pied les bords de la Loire. On a aussi vu fleurir sur Facebook un message d'une amie à la recherche d'un bateau, pour pousser les recherches sur l'eau. Enfin, des personnes extérieures au cercle proche de Steve Caniço prévoyaient d'organiser des recherches le 27 juillet, avant d'annuler à la demande la famille du disparu.

Premières recherches dès la nuit de la disparition

Voilà pour les recherches citoyennes. Qu'en est-il du côté des autorités ? Dès l'intervention policière du 22 juin au matin, certains soupçonnent un disparu et des recherches sont lancées. Informé d'une importante agitation sur le quai Wilson un peu après 4h30, un canot pneumatique de la Sécurité nautique Atlantique (SNA), association mandatée depuis plusieurs années par la mairie pour être présente sur la Loire, afin de sécuriser la Fête de la musique notamment, arrive sur place. «Notre priorité, à cet instant, est de récupérer ceux qu'on voyait à la surface, explique à Libération l'un des sauveteurs du SNA. On a averti les pompiers sur la crainte d'une personne disparue, mais de nuit, avec cinq ou six mètres de fond et sans point de départ précis pour les recherches, c'était pratiquement impossible de le retrouver.»

Dans son rapport décrié sur l'intervention policière du quai Wilson, l'Inspection générale de la police nationale note que «le chef scaphandrier» des pompiers est effectivement averti que trois personnes pourraient être toujours dans l'eau. «Des reconnaissances en amont et en aval étaient engagées», précise la police des polices. Deux personnes sont finalement retrouvées. Ces premières recherches s'achèvent sur un doute à 8 heures du matin, selon le témoignage d'un sauveteur recueilli par l'IGPN.

«Le fleuve rend ce qu’il veut, où il veut, quand il veut»

La justice est alertée de la disparition de Steve Caniço, le 23 juin, au lendemain de l'intervention, et ouvre l'enquête pour disparition inquiétante le 24. De nouvelles recherches débutent. «Il y a eu un très gros travail qui a été fait depuis le jour où sa disparition a été signalée, explique Pierre Sennès, le procureur de la République de Nantes. Plusieurs patrouilles fluviales ont travaillé tous les jours, il y a eu des reconnaissances aériennes avec des hélicoptères de la gendarmerie et un avion de la police aux frontières, entre Nantes et l'embouchure de la Loire, ainsi que des patrouilles pédestres sur les bords du fleuve.»

Un navire équipé d’un sonar a aussi été demandé après un mois de recherches infructueuses, et après l’annonce par des bénévoles de leur intention de procéder à des recherches par leurs propres moyens. Pour les proches de Steve Caniço, cette demande aurait dû intervenir plus tôt. Le corps a finalement été retrouvé fortuitement par le pilote d’une navette fluviale.

Après plusieurs semaines de recherches, un policier prenant part aux opérations nous assurait que celles-ci ne s'étaient jamais arrêtées, et avaient lieu quotidiennement. «Nous avons tous fait au mieux dans la mobilisation des moyens en surface, aériens, et subaquatiques, corrobore un pompier également proche du dossier. Mais le lit de la Loire reste un milieu complexe et dangereux qui dépasse l'homme. Le fleuve rend ce qu'il veut, où il veut, quand il veut.»

Des recherches «tous les jours»

Un autre témoignage recueilli par Libération vient confirmer le récit que font les autorités : celui du pilote de la navette fluviale qui a découvert le corps en train de dériver dans le fleuve, le 29 juillet au soir. «En ce moment avec les collègues on était plus vigilant qu'à l'accoutumée», décrit Nicolas Le Bodo, qui arpente la Loire depuis près d'une dizaine d'années. Il assure avoir vu «tous les jours» des embarcations des autorités dédiées à la recherche du corps, autour de l'île de Nantes où il travaille.

Au sujet des régulières disparitions dans la Loire, Presse Océan écrit : «Certains corps [sont] retrouvés là même où des recherches avaient été menées […] les personnes qui disparaissent dans ce fleuve insaisissable peuvent être retrouvées peu après, des mois plus tard et parfois même jamais.»