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L'auteur de la fusillade de Dayton aux Etats-Unis était-il suprémaciste blanc ou proche de l'extrême gauche ?

Contrairement à ce qui a été écrit dans au moins un média, rien indique que le tueur soit proche des idées d'extrême droite.
A Dayton (Ohio), le 7 août. (Photo Scott Olson. AFP)
publié le 14 août 2019 à 15h34

Question posée par Jean Gérard le 08/08/2019

Bonjour,

Vous nous avez posé la question suivante : «Un article de l'Obs prétend que les deux auteurs des fusillades aux Etats-Unis étaient des suprémacistes blancs. Pourtant, sur Twitter, une personne a pointé que les motivations du tueur de Dayton restaient inconnues et que ce dernier aurait eu des sympathies antifascistes. Pour cela, il se base sur un article de CNN. Qui dit vrai ?»

A treize heures d'intervalle, les Etats-Unis ont connu les 3 et 4 août deux fusillades de masse. La première, dans un centre commercial d'El Paso au Texas, a fait 22 morts et 24 blessés. La seconde, perpétrée à Dayton en Ohio, a fait 10 morts, dont le tireur, et 24 blessés.

Dans l'édito de l'Obs que vous mentionnez, la journaliste Natacha Tatu écrit : «Dans les deux cas, il s'agit bien, selon le FBI, d'actes de haine contre des individus d'une autre race.» C'est faux. Si on peut l'affirmer pour la fusillade d'El Paso, rien ne permet pour l'instant d'en faire de même en ce qui concerne la fusillade de Dayton.

Le communiqué du FBI, publié le 8 août à propos des deux fusillades, parle bien de crimes de haine, mais ne dit pas que la fusillade de Dayton en est un : «L'attaque à El Paso, au Texas, met en évidence la menace persistante posée par des extrémistes violents et des auteurs de crimes motivés par la haine.»

Dans le cas de la fusillade d'El Paso, les motivations du tireur, Patrick Wood Crusius, sont connues. Un manifeste raciste est attribué par les autorités au tireur présumé et publié sur internet quarante-cinq minutes avant son attentat. Il y écrit «soutenir le tireur de Christchurch» (attentat terroriste d'extrême droite dans deux mosquées en Nouvelle-Zélande) et parle de son attaque comme d'une «réponse à l'invasion hispanique du Texas». Le tireur a en outre déclaré à la police cibler spécifiquement des Mexicains.

En revanche, les motivations du tireur présumé de Dayton, Connor Betts, sont à ce jour inconnues. Le FBI et la police de Dayton mènent une enquête mais n'ont encore tiré aucune conclusion. Le 6 août, lors d'une conférence de presse commune, le FBI et la police de Dayton ont déclaré que le «mobile de l'assaillant n'est pas clair. Nous avons découvert au cours de l'enquête que le tireur explorait des idéologies violentes.» Si rien n'est précisé sur les idéologies violentes en question, le FBI et la police ont néanmoins précisé : «Nous n'avons trouvé pour le moment aucune indication qui pointerait en direction d'un mobile raciste.» Son ex-petite amie a par ailleurs déclaré à NBC News«Ce n'est pas une question de race, ce n'est pas une question de religion, aucune de ces choses. C'est un homme qui souffrait et qui n'a pas eu l'aide dont il avait besoin.»

Cependant, un compte Twitter qui aurait appartenu à Connor Betts a été retrouvéLe Washington Post, qui a eu accès au compte avant qu'il ne soit suspendu par le réseau social dimanche, explique que ce compte Twitter «comporte plusieurs selfies de Betts et de sa famille, fait référence au fait de grandir dans la région de Dayton, suggère des croyances politiques d'extrême gauche, une préoccupation pour le changement climatique et un penchant pour les blagues violentes». Il ajoute également : «En plus des selfies occasionnels et des images d'un chien de la famille Betts, l'utilisateur a souvent tweeté pour soutenir les politiques et programmes associés à la politique américaine d'extrême gauche.»

Associated Press écrit à propos de ce compte Twitter : «Le compte retweetait fréquemment des mèmes d'extrême gauche et anti-Trump, notamment des expressions telles que "Refaire peur aux racistes" et "Tuez tous les fascistes".» Pour le New York Post, quotidien américain conservateur, «Connor Betts pourrait être le premier tueur de masse antifasciste». Dans son article, le journal évoque le même compte Twitter qu'Associated Press et le Washington Post et écrit que le tireur y exprimait son soutien à des comptes antifascistes. C'est également à ce compte Twitter que fait référence l'article de CNN que vous évoquez dans votre question.

Contacté par CheckNews, Twitter refuse de confirmer, ou d'infirmer, qu'il s'agit bien du compte de Connor Betts.

Cordialement