Question posée le 20/08/2019
Bonjour,
Nous avons reformulé votre demande initiale : «Gaspard Gantzer a violemment attaqué la ville de Paris dans Libération sur le dossier Airbnb en l'accusant, je cite, d'avoir «transformé des quartiers entiers de Paris en parc d'attractions, qui sont devenus des paradis pour les touristes et instagrameurs du monde entier mais invivables pour les Parisiens comme le Trocadéro, le Champ-de-Mars, Montmartre, Saint-Germain-des-Prés et le Marais». Est-il vrai que l'agence de com à laquelle il a appartenu a travaillé pour Airbnb ?»
La citation de Gaspard Gantzer que vous notez est bien tirée d'un article publié par Libération ce lundi consacré au sujet du tourisme et notamment à la question de la régulation de l'entreprise de location Airbnb, dans le contexte de la campagne pour la mairie de Paris. Gaspard Gantzer a tenu ces propos de nouveau ce 21 août sur RMC, en expliquant sa position sur la plateforme de location américaine : «Ça peut exister parce qu'il y a des gens qui peuvent avoir des recettes de poche, parce qu'ils en ont besoin. En revanche ce qui n'est pas normal c'est qu'Airbnb ait Paris comme deuxième marché mondial. C'est un problème parce que ça transforme certains quartiers en parc d'attractions.»
Il a reconnu que «Ian Brossat, Anne Hidalgo – et là, il faut leur rendre hommage – ont commencé à mener ce combat [contre les locations trop longues sur ces plateformes] et c'est un combat que je soutiens. Il n'est pas très efficace parce que pour l'instant, ça continue de se développer». Gaspard Gantzer estime qu'il faut «aller plus loin que ce que fait [la ville de Paris]» et propose de diviser «par quatre» le nombre maximal de 120 nuitées louables autorisées.
Des propos qualifiés de «foutage de gueule magistral» par Ian Brossat, adjoint au logement de la ville de Paris, qui relève que la société de conseil de Gaspard Gantzer a travaillé pour Airbnb.
Le foutage de gueule magistral de Gaspard Gantzer dans @Libe dont la boîte a bossé pour @Airbnb et... qui ose dire que la Ville de Paris n'a pas assez combattu la plateforme ! pic.twitter.com/D1f7u697tt
— Ian Brossat (@IanBrossat) August 20, 2019
Gaspard Gantzer, l'ancien conseiller de François Hollande, a été l'«associé et fondateur» de 2017, un cabinet de conseil en stratégie et communication pour lequel il a travaillé de juillet 2017 à juillet 2019, selon son profil LinkedIn. Il indique à CheckNews avoir «juridiquement quitté l'agence 2017 au 1er juillet 2019. J'ai vendu mes parts et démissionné de mes fonctions.»
L’agence 2017 a géré la communication d’Airbnb de mai à juillet 2018
Et comme le rappelle Ian Brossat, l'entreprise a eu comme client la firme américaine. Au mois de juillet 2018, le journal la Lettre A révélait que l'agence 2017 avait «discrètement signé un contrat au premier mai pour s'occuper de la communication d'Airbnb». L'information avait été confirmée au média par l'entreprise américaine ainsi que par l'agence cofondée par Gaspard Gantzer, qui faisait déjà part à l'époque de son intérêt pour la mairie de Paris. L'agence de com avait néanmoins précisé à la Lettre A que Gaspard Gantzer ne toucherait pas à la communication de crise d'Airbnb et que le dossier Airbnb était confié à Nathalie Iannetta, dernière associée arrivée dans le cabinet. L'ancienne journaliste de Canal+ avait détaillé au journal qu'elle était chargée du plan média d'Airbnb jusqu'à fin juillet 2018 «sur les volets de la création d'emplois de l'entreprise, de la fête des voisins et de la collecte de la taxe de séjour».
Contacté par CheckNews, Gaspard Gantzer confirme : «L'agence 2017 a travaillé avec Airbnb pendant trois mois en 2018. Mais ce n'est pas moi qui gérais ce contrat mais Nathalie Iannetta, une de mes associés. Dans mon souvenir, c'était du conseil en relations presse. Il n'y a eu aucun autre contrat entre 2017 et Airbnb.» Cette unique collaboration nous a également été confirmée par la plateforme de location américaine.
Interrogée par le journal Capital sur cette collaboration, Nathalie Iannetta assurait que le contrat de 2017 consistait à traiter les relations presse de la plateforme américaine avec la presse quotidienne régionale, non parisienne. Elle répétait que Gaspard Gantzer n'avait pas été chargé de gérer ce contrat, expliquant que «ça me faisait plutôt marrer de travailler sur ce dossier, mais évidemment je n'allais pas le faire de près ou de loin avec Gaspard», avant d'insister sur le fait que l'agence «ne va pas s'interdire de bosser sur des trucs qui vont toucher Paris».
Gaspard Gantzer et l’actuel responsable de la com d’Airbnb ont travaillé pour Delanoë à la mairie de Paris
Lors de la révélation du contrat, la Lettre A avait également rappelé que Gaspard Gantzer connaissait bien Aurélien Pérol, le responsable de la communication corporate d'Airbnb en France et en Belgique, notant ainsi que «le duo a été en charge des relations presse de l'ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë, entre 2010 et 2014. Ils se sont ensuite côtoyés au sein de différents cabinets ministériels sous le quinquennat de François Hollande». Interrogé sur ce point, Gantzer note qu'«Aurélien Pérol était au service de presse à la mairie pendant une partie du moment où j'y étais mais j'étais pour ma part au cabinet de Delanoë. J'étais son conseiller politique et porte-parole».
Sur le réseau social LinkedIn, Gaspard Gantzer indique avoir été «conseiller auprès du maire de Paris (communication et presse)» de décembre 2010 à mai 2012, puis conseiller politique et porte-parole du maire de Paris de mai 2012 à janvier 2013. Il a ensuite rejoint la communication gouvernementale du ministère des Affaires étrangères puis de François Hollande.
Aurélien Pérol indique, sur le même réseau, avoir été attaché de presse à la mairie de Paris, «en charge des relations presse sur les délégations au logement, à la propreté, à la solidarité, à la petite enfance, aux seniors, aux finances et à la mémoire», de mai 2010 à août 2014. De 2015 à 2017, il était conseiller en communication du secrétariat d'Etat en charge du numérique, avant d'être recruté par Airbnb en avril 2017.