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Le compte Twitter d'Alexandre Benalla est-il vraiment le sien ?

Un compte Twitter se présentant comme celui d'Alexandre Benalla, ancien collaborateur d'Emmanuel Macron accusé d'avoir frappé un manifestant en marge d'une manifestation le 1er mai 2018, a été créé en juillet 2019.
Benalla au Sénat en septembre 2018 (AFP)
publié le 21 août 2019 à 17h59

Question posée par Papapou le 21/08/2019

Bonjour,

Vous faites référence au compte Twitter @ABenalla_, qui se présente comme celui de l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron. Depuis sa création en juillet 2019, ce compte, suivi aujourd'hui par plus de 13 500 personnes, a posté 134 messages, et a fait l'objet de plusieurs articles de presse. Pour autant, il n'est pas certifié, le badge bleu à côté du nom de l'utilisateur permettant normalement de s'assurer de son authenticité.

Ce compte est-il bien tenu par Alexandre Benalla ? «Oui, c'est bien mon compte», a confirmé ce dernier par texto à CheckNews, ajoutant qu'il n'avait pas pu faire certifier car cette option est actuellement suspendue par Twitter.

Que tweete donc Alexandre Benalla, mis en examen dans plusieurs affaires, notamment pour des violences commises en marge du défilé du 1er mai 2018 à Paris ? Beaucoup de choses.

Des photos de lui, plus jeune, lors d'une activité de spéléologie, ou lors de son passage chez Martine Aubry, comme dans le message ci-dessous posté ce 21 août, où il compare les deux photos et écrit : «Depuis, petit, jamais sans mon casque…» avec plusieurs smileys qui pleurent de rire. Et, semble-t-il, une allusion au casque qu'il portait sur la vidéo révélée par le Monde où on le voit frapper un manifestant place de la Contrescarpe. La première d'une longue série (d'allusions), comme nous le verrons par la suite.

L'ex-proche de Macron utilise aussi son compte Twitter pour commenter l'actualité : il a par exemple félicité le dernier vainqueur du Tour de France, Egan Bernal, eut «une pensée pour les militaires de la base de Gao, victimes d'une attaque terroriste». Et également retweeté un article de BBC News sur le discours de Macron, son ancien patron, lors du 75e anniversaire du débarquement de Provence, ainsi que la vidéo de BFM TV où Macron répond à Poutine sur les violences policières lors des manifestations de gilets jaunes.

Il retweete également des articles de presse parlant de lui, comme cet article du média marocain Telquel sur sa nouvelle société de conseil et de sécurité Comya, créée au Maroc. Ou cet entretien avec le Nouvel économiste titré : «Les Européens manquent à l'appel en Afrique.»

Mais Benalla utilise aussi son compte Twitter pour régler des comptes avec des journalistes ou des politiques. Très rapidement, il s'en est ainsi pris à Nadine Morano, qui avait critiqué les «tenues de cirque» de Sibeth Ndiaye.

Il a ensuite eu un échange musclé avec le journaliste de Mediapart, Fabrice Arfi, qui a notamment révélé que Benalla voyageait avec un passeport diplomatique, alors que l'Elysée avait auparavant assuré qu'il n'était pas un «émissaire officiel ou officieux» de la République (ce qui a valu une nouvelle mise en examen à l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron). Dans Valeurs actuelles, Benalla accusait en effet Mediapart d'«effacer des articles négatifs concernant une personne qui accepterait de leur raconter des choses pour un article sur quelqu'un d'autre». Mais selon Fabrice Arfi, il ne s'agissait que d'un billet de blog, qui avait par ailleurs été dépublié car il était diffamatoire.

Ces derniers jours, Benalla s’en est aussi pris au cofondateur du site, Edwy Plenel, en moquant son hommage à Léon Trotski, mort il y a soixante-dix-neuf ans.

Des likes sur les affaires le concernant

Une fois de plus, la référence au pistolet à eau n'est compréhensible que pour les initiés aux différentes affaires le concernant : interrogé par les juges sur un selfie où il brandit une arme, également révélée par Mediapart, l'ex-responsable de la sécurité du candidat Macron avait répondu qu'il s'agissait d'un pistolet à eau.

Enfin, sur Twitter, Alexandre Benalla n'hésite pas à «aimer» des tweets qui font directement référence aux affaires judiciaires le concernant.

Ce mercredi, il a par exemple liké le message suivant : «Pourquoi il irait en prison pour une clé de bras sur un manifestant alors que les racailles qui ont traîné ma mère par le bras à leur bagnole pour lui prendre sa sacoche ont pris que du sursis ?»

Même chose lorsqu'un internaute commente ainsi la photo où Benalla faisait de la spéléologie : «Le gars faisait de la spéléo à 8 ans et demi et vous espérez trouver le coffre. On est cons hein ?» avec un smiley qui pleure des larmes de rire. Référence évidente à l'un des principaux angles mort de l'affaire Benalla : un coffre-fort, soustrait de son domicile avant sa perquisition.

Bien cordialement

Mise à jour du 16 décembre à 10h : la version intiale du papier indiquait que le coffre-fort avait été soustrait du domicile d'Alexandre Benalla par Chokri Wakrim, en se basant sur un article de Libération, mis à jour après publication. Wakrim démentant formellement être à l'origine du déplacement de ce coffre, nous avons retiré son nom de notre article, qui ne portait par ailleurs pas spécifiquement sur ce sujet.