Question posée le 01/11/2019
Bonjour,
Nous avons reformulé votre question, qui était à l'origine : «Convergence des luttes : est-ce à l'initiative de Michel Houellebecq, écrivain dépressif, décadentiste et maltraité par sa mère, que les réactionnaires de Valeurs actuelles ont été mis en contact avec l'ultralibéral Emmanuel Macron comme le suggère avec gourmandise M. Lejeune ?»
Vous faites référence à deux articles publiés la semaine dernière à propos des coulisses de l'interview accordée par Emmanuel Macron à l'hebdomadaire d'extrême droite Valeurs actuelles. Le premier est signé Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, le second d'Ariane Chemin et de François Krug, tous deux journalistes au Monde.
Les deux papiers, qui reviennent sur la relation tissée depuis deux ans et demi entre Valeurs actuelles et le pensionnaire de l'Elysée, évoquent la même scène : la remise à l'Elysée par Emmanuel Macron, le 18 avril 2019, de la légion d'honneur à Michel Houellebecq. Ce jour-là, l'écrivain avait convié Geoffroy Lejeune et Charlotte d'Ornellas, journalistes à Valeurs actuelles, hebdomadaire qu'apprécie beaucoup le prix Goncourt.
«Houellebecq m’a permis de rencontrer Macron»
Le Monde dépeint la scène : «Une fois la Légion d'honneur épinglée sur le revers de la veste de l'auteur, Brigitte Macron emmène un petit groupe de reporters de Valeurs actuelles, privilégié mais esseulé, visiter le palais. Le Président vient à son tour les trouver […]»
Voilà ce qu'en écrit, de son côté, Geoffroy Lejeune : «Quelques jours plus tôt, la présidence de la République nous ouvrait ses portes à l'invitation de Michel Houellebecq, qui y recevait la Légion d'honneur des mains d'Emmanuel Macron. Une fois les mondanités passées, sur la terrasse jouxtant les jardins inondés des premiers rayons estivaux, le chef de l'Etat nous avait accordé trente minutes d'un entretien informel qui scellerait cette relation.»
Il est donc exact de dire que la direction de Valeurs actuelles a été mise en relation directe avec Emmanuel Macron du fait de Michel Houellebecq : «Il m'a permis de rencontrer pour la première fois Emmanuel Macron, et de discuter avec lui», concède volontiers Lejeune. Pour autant, cette rencontre n'a rien à voir avec la publication, six mois plus tard de l'interview du Président dans Valeurs actuelles. Le sujet de l'entretien n'avait d'ailleurs pas été abordé ce jour-là.
Relations «normales» avec l’Elysée
Contacté par CheckNews, Geffroy Lejeune, en explique la genèse, se félicitant que le magazine entretienne des relations «normales» avec l'Elysée bien avant cet épisode : «Ça fait, en réalité, deux ans qu'on demande une prise de parole du Président. On a demandé à tous les conseillers en communication de Macron plusieurs fois. Soit on n'avait pas de réponse, soit ce n'était pas le bon moment. Nous avons des relations classiques avec l'Elysée, les mêmes relations qu'ont beaucoup de rédactions avec eux. On déjeune d'ailleurs régulièrement avec les conseillers de Macron, au milieu d'autres journalistes.»
Comme le rappelle Geoffroy Lejeune dans son billet sur les coulisses de l'entretien, plusieurs membres du gouvernement (Marlène Schiappa, Gérald Darmanin, Benjamin Griveaux, etc.) ont d'ailleurs été interviewés dans Valeurs actuelles ces derniers mois.
Toujours selon Lejeune, c'est l'Elysée qui a finalement proposé un tête-à-tête avec le Président, dans l'avion qui le ramenait de la Réunion. «C'était la seule condition : pour voir Macron, il fallait faire le déplacement», assure le directeur de la rédaction de Valeurs actuelles.
Cordialement