Question posée par Mathilde le 06/11/2019
Bonjour,
Alors que Patrick Balkany déposait une seconde demande de libération conditionnelle, mise en délibéré jusqu’au 13 novembre, Isabelle Balkany a annoncé mardi la création d’une association de soutien à son mari ayant pour but de récolter des fonds pour acquitter la caution de l’ex-maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
«Connaissant notre situation, des habitants de Levallois avaient spontanément lancé des cagnottes Leetchi dans tous les sens. Je leur ai donc demandé d'arrêter car j'ai eu peur qu'on ne sache pas où allaient les fonds, qu'ils se fassent gruger par des gens qu'on ne connaît pas», a indiqué Isabelle Balkany à BFM TV. Et d'expliquer qu'une association aura pour but de «permettre à Patrick Balkany de s'acquitter des frais auxquels il doit faire face dans le cadre des procédures judiciaires dont il est l'objet, et notamment des cautions qui permettront sa sortie de détention».
Pour leur part, les membres fondateurs de ladite association de soutien à Patrick Balkany (ASPB), qui ont indiqué à CheckNews avoir reçu le récépissé de la préfecture actant la création de leur association ce mercredi, assurent que les époux Balkany n'ont rien à voir dans le lancement de leur association. Interrogé par CheckNews, le président de l'association, Yvon Levecq, 70 ans et Levalloisien depuis 45 ans, explique : «On avait créé un comité de soutien sur Facebook il y a un moment [qui compte 950 membres, ndlr], et on a attendu d'avoir l'aval d'Isabelle Balkany pour lancer l'association.» «On essaie de la tenir au courant, mais c'est notre initiative, assure de son côté la trésorière, Simone Roques, Levalloisienne depuis «27 ou 28 ans». «Elle a dit d'accord mais il faut le faire dans les règles.» D'où le refus de cagnottes en ligne.
Les habitants «d’une ville extraordinaire» veulent «voir leur maire»
De fait, si l'existence de cagnottes Leetchi a été évoquée dans un premier temps, il semblerait surtout que des internautes aient soumis l'idée mais qu'aucune n'ait vraiment été créée. Ainsi, toutes celles que l'on trouve actuellement en ligne (et qui ne sont pas ironiques) affichent 0 euro collecté. «On a coupé l'herbe sous le pied aux gens qui voulaient faire ça en ligne», déclare Simone Roques.
Pourquoi ont-ils décidé de lancer cette collecte ? Yvon Levecq, dit «Titi», s'enthousiasme d'habiter dans «une ville extraordinaire» et veut «voir son maire, et pas le voir en prison». Retraité d'Alcatel, l'homme est bénévole dans la permanence de Patrick Balkany, «une des meilleures permanences des Hauts-de-Seine», notamment parce qu'elle est ouverte «tous les jours». Sur le compte Facebook de la permanence, il poste d'ailleurs de nombreux messages de soutien au maire déchu, affichés en vitrine. Son compte Twitter personnel ne s'éloigne pas trop de cette ligne, consistant essentiellement à retweeter des messages d'Isabelle Balkany.
Simone Roques, elle, assure que «l'idée a germé d'un peu tout le monde. Quand on va sur les marchés, on se dit que si on veut retrouver notre maire, il faut arrêter de pleurer et commencer à agir». Les habitants de Levallois semblent beaucoup tenir à leur marché, «où on rencontre les Balkany toutes les semaines». A propos du couple, Simone Roques, qui n'est plus adhérente à LR depuis que Sarkozy n'est plus à la tête du parti, explique qu'elle n'était pas particulièrement fan du duo d'édiles quand elle est arrivée à Levallois, mais «quand on apprend à les connaître, on change radicalement d'avis». Elle décrit ainsi une ville où Patrick Balkany est «le papa, l'ami, le grand-père» de tout le monde, et même chose pour Isabelle Balkany. Les enfants de la commune ? «Ce sont leurs lutins.» Une expression que l'on retrouve régulièrement sur Facebook, sur les photos montrant des enfants dans les bras du maire. Surtout, «ils sont généreux et attentifs. S'ils voient que quelqu'un a besoin d'aide, ils vont le savoir et en toute discrétion vont faire en sorte de les aider.» Si elle assure n'avoir jamais fait appel à eux, elle explique donc en toute sérénité que tous les Levalloisiens ont le numéro de portable de leur maire et qu'«ils sont à disposition de tout le monde». Elle poursuit, «par exemple, si on a une fuite dans un immeuble et que le syndic n'intervient pas, ils viennent aider, ils vont régler ça. C'est comme ça. Donc si jamais j'ai un problème, je sais que je peux les appeler pour que les choses se fassent comme elles doivent se faire».
«Les larmes aux yeux»
Elle estime donc normal de faire quelque chose pour les aider. D'autant que «Patrick Balkany est vraiment malade, c'est cruel de le laisser en prison», et d'insister sur le fait que les Levalloisiens qui se sont rendus à l'audience hier «avaient les larmes aux yeux» en le voyant.
Militants de base, les trois fondateurs de l'association apparaissent d'ailleurs tous sur la liste des délégués supplémentaires des Hauts-de-Seine, qui avaient été appelés à voter pour les sénatoriales en 2017. Comme Libération l'expliquait en 2014, les délégués supplémentaires sont «non élus, issus de la société civile, désignés par les partis. La loi précise que dans les villes de plus de 30 000 habitants, les conseils municipaux élisent des délégués supplémentaires». Dans l'article de Libé, un élu rappelait que ces délégués, qualifiés de «simples porteurs de bulletins», sont puisés parmi les «membres des familles des élus, militants, amis». Bref, des fidèles. Selon Yvon Levecq, les trois étaient sur la liste d'Ingrid Desmedt, ancienne collaboratrice de Patrick Balkany.
Mise à jour jeudi 7 novembre à 10h30: précision sur la liste sur laquelle figuraient les trois habitants de Levallois en tant que délégués supplémentaires.