Question posée par Eric Flavou, le 16/11/2019.
Bonjour,
Votre question renvoie à un échange virulent entre Karim Benzema, ex-joueur de l'équipe de France de football, et Noël le Graët, président de la Fédération française de football. «L'aventure en bleu est terminée», a affirmé samedi Noël Le Graët, après que Zinédine Zidane, entraîneur de Benzema au Real de Madrid, avait déclaré le 8 novembre que l'attaquant avait «toute sa place en équipe de France».
Karim Benzema n'a plus enfilé le maillot national depuis octobre 2015 et l'affaire du chantage à la sextape à l'encontre de son ex-coéquipier en bleu Mathieu Valbuena. Une affaire dans laquelle Benzema a été mis en examen. «Noël je croyais que vous n'interfériez pas dans les décisions du sélectionneur ! Sachez que c'est moi et moi seul qui mettrait un terme à ma carrière internationale», a rétorqué Karim Benzema sur Twitter, ajoutant : «Si vous pensez que je suis terminé, laissez-moi jouer pour un des pays pour lequel je suis éligible et nous verrons.»
Noël je croyais que vous n’interfériez pas dans les décisions du sélectionneur!Sachez que c’est moi et moi seul qui mettrait un terme à ma carrière internationale.
— Karim Benzema (@Benzema) November 16, 2019
Si vous pensez que je suis terminé, laissez moi jouer pour un des pays pour lequel je suis éligible et nous verrons.
Cette dernière phrase a suscité des interrogations sur les possibilités offertes au joueur, qui a compilé 81 sélections en équipe de France, d’officier dans une autre équipe nationale, et notamment l’équipe algérienne, pour laquelle il a déjà dit son attachement, posant notamment il y a quelques mois avec le maillot des Fennecs.
Aucun espoir
Les textes laissent pourtant peu d’espoir, (voire aucun) et contrairement à ce que suggère le joueur, Noël le Graët n’a nullement le pouvoir de lui donner la liberté d’aller défendre les couleurs d’un autre pays. Le cadre réglementaire de la Fédération internationale de football (Fifa) prévoit qu’un footballeur ayant pris part à un match international d’une compétition officielle A (ce qui est le cas de Karim Benzema) ne peut plus jouer pour un autre pays.
Voici ce qu'on lit à l'article 5 du règlement : «Tout joueur qui a déjà pris part, pour une association, à un match international (en tout ou partie) d'une compétition officielle de quelque catégorie que ce soit ou de toute discipline de football que ce soit ne peut plus être aligné en match international par une autre association.»
Le fait d’avoir joué dans une sélection jeune pour un pays, ou même en match amical n’est en revanche pas un obstacle à un changement de tunique.
Une seule exception : la perte de la nationalité
Pour un joueur ayant, comme Benzema, disputé un match dans une compétition officielle A, il existe une seule exception. L'article 8 prévoit ainsi le cas d'une perte de la nationalité, imposé au joueur par son gouvernement : «Si un joueur aligné par son association dans un match international conformément à l'art. 5, al. 2 perd définitivement la nationalité de ce pays sans son consentement ou contre sa volonté en raison d'une décision gouvernementale, il peut demander le droit de jouer pour une autre association dont il a ou a acquis la nationalité.» La requête serait alors soumise à une commission de la Fifa, habilitée à donner son feu vert ou non.
Dans le cas de Benzema, le joueur étant français d'origine, le seul «moyen» serait la perte de nationalité. Cette dernière est régie par l'article 23-7 du code civil, lequel prévoit que celui qui se comporte en fait comme le national d'un pays étranger peut, s'il a la nationalité de ce pays, être déclaré avoir perdu la nationalité française par décret (pris sur avis conforme du Conseil d'Etat). Cette mesure qui n'est plus appliquée (elle l'a été trois fois depuis 1958).
Dans tous les cas, cette hypothèse – qui relève évidemment de la pure fiction –, n’a rien à voir avec une quelconque décision de la FFF.