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Est-il vrai que les Restos du cœur refusent les bénévoles voilées ?

Le CCIF a dénoncé hier l'exclusion d'une bénévole pour cause de port du voile. L'association assume, au nom d'une exigence de neutralité, politique, syndicale ou religieuse.
Photo Philippe LOPEZ (PHILIPPE LOPEZ/Photo Philippe Lopez. AFP)
publié le 26 novembre 2019 à 17h44

Bonjour,

Vous nous interrogez à la suite d'une publication du CCIF (Collectif contre l'islamophobie en France), faisant état lundi de l'exclusion d'une bénévole des Restos du cœur en raison de son voile. Selon le récit du CCIF, l'intéressée (prénommée Tanya dans l'article), bénévole depuis un an, a été exclue d'un centre des Restos du cœur de Toulon le 3 septembre, après avoir déjà été menacée d'exclusion l'an passé.

Sur Twitter, plusieurs commentateurs se sont étonnés de l’affaire, insistant sur le fait que l’association manque de bénévoles tout en refusant des femmes voilées.

Contactée par CheckNews, la direction de la communication de l'association confirme l'exclusion d'une bénévole, et indique avoir été saisie de l'affaire le 3 octobre par le CCIF. «Notre réponse est en cours.» Sur le fond, l'association assume sa position qu'elle justifie ainsi : «Notre charte d'engagement des bénévoles précise notre exigence de neutralité politique, syndicale ou religieuse. Nous n'acceptons pas de signes religieux ostentatoires parmi les bénévoles. Cela ne vaut évidemment pas pour les personnes que l'on accueille dans les centres, qui peuvent venir comme elles l'entendent.»

«Charte très claire»

Le point n°5 de la charte d'engagement des bénévoles exige «une indépendance totale vis-à-vis du politique et du religieux». Une explication de texte est fournie sur le site de l'association : «Les bénévoles viennent de façon volontaire et adhèrent donc tout aussi volontairement à nos règles. Par conséquent, pour les bénévoles, aucun signe ostensible d'appartenance à un mouvement religieux ou à une formation politique ne peut être affiché pendant l'activité de l'association et dans les locaux où se trouvent d'autres bénévoles ou des personnes accueillies.»

Comment expliquer alors que la bénévole ait pu officier pendant une année, comme l'indique le CCIF ? «Nous avons une charte très claire, explique l'association. Mais même si nous faisons régulièrement des rappels, nous ne pouvons contrôler ce qui se passe dans les plus de 2 000 centres. Il peut donc y avoir des cas isolés.» 

Une source interne explique à Checknews que «parfois, on trouve des compromis avec certaines bénévoles, avec des turbans discrets».

La polémique fait écho à plusieurs cas similaires ces dernières années. A chaque fois, comme dans cette affaire datant de 2013 et racontée par le Monde, l'association s'était justifiée de la même manière. En 2017, le site de la Vie avait également consacré un article au sujet, intitulé : «Les restos du cœur font-ils la fine bouche ?»

Cordialement