Question posée le 03/12/2019
Bonjour,
Vous nous interrogez sur la capture d’écran d’un mail signé Georges Haddad, le président de l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne diffusée sur Twitter. Sur un ton familier, l’universitaire évoque sa position vis-à-vis de la fermeture (critiquée) du centre Pierre-Mendès-France (dit Tolbiac), distinguant ses convictions de citoyen et sa responsabilité de président d’université.
Paris-I a décidé lundi soir de fermer le site «jusqu'à nouvel ordre». Jointe par CheckNews, l'université a expliqué que la fermeture ne vise pas à «empêcher les AG», mais à «écarter le risque d'une nouvelle occupation du centre».
Dans le message qui circule sur les réseaux, on lit les mots suivants : «Le citoyen Georges Haddad exprimera ses inquiétudes, sa colère et son mécontentement, librement et sans soumission comme j'ai toujours essayé de le faire. Sans posture, avec sincérité. Le président d'université a l'obligation de garantir la sécurité et de préserver le bien commun. C'est con, mais terriblement simple voire simpliste. Je pourrais démissionner mais ce serait lâche, contraire à la vie que j'ai menée et aux engagements que j'ai acceptés. Mais rien n'est écrit !»
Quand Haddadou ton président d'université craque complètement à seulement 2 jours su 5/12 🤣 pic.twitter.com/e46k02WcKP
— Grognon (@Grognous) December 3, 2019
A CheckNews, l'université confirme l'authenticité de ce message. «Le président a voulu dire qu'en tant que citoyen, il pourra s'exprimer sur le sujet plus tard, mais en tant que président, il était de sa responsabilité de fermer le centre», nous explique un responsable de la communication qui tient à rappeler le contexte dans lequel le message a été publié. «Le mail a été envoyé sur une liste diffusion et de discussion normalement interne à l'université, même si elle est accessible aussi à l'extérieur», nous explique-t-on.
D’après l’échange de mails que CheckNews a pu consulter, le président répond à un élu étudiant pour l’organisation le Poing levé qui l’interpelle au sujet de la fermeture de Tolbiac :
«Alors que nous préparons tous la grève de jeudi, visiblement l'administration de PMF préfère fermer l'université. Dans l'histoire du mouvement ouvrier et étudiant, cela a un nom : c'est un lock-out, où le but n'est autre que d'empêcher les mouvements collectifs en laissant les gens chez eux. Si George Haddad veut être le relai de la politique d'Emmanuel Macron, Christophe Castaner et Frédérique Vidal, libre à lui ! Vu qu'il est sur la liste, je lui rappellerai juste que cette même politique, le 3 mai 1968, sous la direction du recteur Jean Roche, n'avait pas eu les effets escomptés», peut-on lire.
Contacté par CheckNews, cet étudiant, surpris d’avoir reçu une réponse («il répond assez rarement sur la liste»), voit dans ce message «une forme de mépris envers les étudiants mais aussi envers les professeurs mobilisés». Dans le fil de la discussion, Georges Haddad répond dans un nouveau message à la critique d’une maîtresse de conférences.
«Les étudiant·es étaient justement sur le point de se réunir en AG pour amplifier une mobilisation destinée à sauver ce qu'il reste du bien commun, envers et contre toutes les politiques qui l'attaquent depuis de nombreuses années maintenant. Ce que fait le citoyen Georges Haddad ne nous regarde pas. Ce que fait le président de notre université, en revanche, nous concerne tous et a des implications politiques», écrit la professeure. Ce à quoi le président réplique : «Vous avez raison comme toujours ! Mais comme l'écrivait Pierre Vermoult, philosophe peu connu, "la critique est l'action de ceux qui refusent de prendre des responsabilités".»
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