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Non, des centaines de personnes n'ont pas été arrêtées en Australie pour avoir allumé les feux qui dévastent le pays

L'Australie en feudossier
Le compte du nombre d'incendiaires arrêtés donné par un média australien ne correspond pas uniquement aux feux de ces dernières semaines.
publié le 9 janvier 2020 à 16h02

«Des pyromanes arrêtés pour avoir allumé des feux de brousse en Australie, alors que les médias parlent de changement climatique», assure un article relayé sur Facebook (1).

D'après le site No Signal Found qui publie l'information, «des centaines de personnes» ont été arrêtées «pour avoir délibérément allumé les feux de brousse qui ont dévasté le pays». Quelques lignes plus loin, on apprend qu'au total 183 personnes ont été arrêtées «dans le Queensland, la Nouvelle-Galles du Sud, le Victoria, l'Australie du Sud et la Tasmanie».

Le site s'appuie notamment sur un article du média ultraconservateur américain Breitbart qui lui-même cite comme source le journal australien, The Australian. En consultant ce dernier, on apprend dès les premières lignes que ce chiffre correspond au nombre total d'arrestation pour l'année 2019, et non uniquement aux incendies de ces dernières semaines.

Par ailleurs, comme le souligne le site de fact-checking américain Snopes, les personnes accusées n'ont pas forcément provoqué des feux de brousse ravageurs. Par exemple, un homme de 27 ans a reçu une amende de 2 200 dollars australiens pour avoir allumé un feu afin de préparer du thé. «Les pompiers et la police se sont immédiatement rendus sur place et ont éteint les flammes», précise le Newcastle Herald qui rapporte l'affaire. Dans un autre article ce média local relaye aussi plusieurs cas de personnes convoquées pour avoir allumé des feux (pour cuisiner notamment) malgré l'interdiction.

Le site No Signal Found assure aussi qu'«environ 85 % des feux de brousse sont causés par l'homme, soit délibérément soit accidentellement». Il reprend pour affirmer cela les propos de Paul Read, co-directeur du centre national de recherche sur les feux de brousse et les incendies criminels, notamment recueillis par la télévision publique australienne. «Environ 85 % sont liés à l'activité humaine, 13 % à un incendie criminel confirmé et 37 % à un incendie criminel présumé», a-t-il déclaré. Des chiffres que l'on retrouve dans une étude de 2008 disponible sur le site de l'Institut australien de criminologie.

A noter que là encore, ces proportions ne donnent pas d'indication sur l'étendue des feux en question. «La principale influence sur l'ampleur et la saisonnalité de ces feux est le changement climatique», a d'ailleurs précisé Paul Read à Mashable.

(1) Pour lutter contre les «fake news», Facebook a mis au point un partenariat avec cinq fact-checkers français (dont Libération). Des articles très partagés sur les réseaux sociaux et signalés par des utilisateurs sont vérifiés par les médias français.