Question posée par Fred Marchi le 16/01/2020
Bonjour,
Vendredi 10 janvier, le chanteur et humoriste Frédéric Fromet a interprété une chanson intitulée Jésus est pédé, à l'occasion de sa chronique hebdomadaire sur France Inter, dans l'émission Par Jupiter. Avant de se lancer, l'humoriste explique que sa chanson est inspirée du fait qu'«un juge brésilien [a] interdit la Première Tentation du Christ, une fiction où Jésus semble entretenir une relation homosexuelle. Heureusement qu'en France les cathos sont beaucoup plus ouverts !»
Il entonne alors une chanson sur l'air de Jésus revient en transformant les paroles en «Jésus est pédé» et fait des allusions à l'homosexualité du messie des chrétiens, en reprenant des clichés comme le fait qu'il soit fan de Mylène Farmer ou qu'il aurait pu être membre des Village People (groupe de disco américain et icônes gays). La chanson ne s'arrête pas aux stéréotypes et c'est le langage cru de certaines paroles («Jésus, Jésus, Jésus est pédé, membre de la LGBT, du haut de la croix pourquoi l'avoir cloué, pourquoi l'avoir pas enculé») qui va choquer de nombreux auditeurs de France Inter.
Les réactions indignées de nombreux internautes, ainsi que de diverses personnalités médiatiques ou politiques de droite et d'extrême droite, comme Jean Messiha ou Nicolas Dupont-Aignan, vont faire l'objet d'articles dans certains titres de presse comme les conservateurs Valeurs actuelles et Figaro Vox, qui pointent du doigt le fait que l'humoriste cherche souvent à heurter les chrétiens. Sur Twitter, d'autres internautes ont également dénoncé le caractère homophobe de la chanson, comme le comité Idaho France, une association de lutte contre les LGBTphobies, qui a annoncé le dépôt d'une plainte contre France Inter et contre Frédéric Fromet «pour la diffusion d'un texte homophobe chanté».
«Ma chronique est ratée»
Mercredi, la médiatrice de Radio France est revenue sur cette polémique, après avoir noté qu'elle avait reçu de «nombreux» messages de la part des auditeurs. Elle rapporte également les excuses du chanteur et de Laurence Bloch, la directrice de France Inter. Frédéric Fromet reconnaît ainsi : «Je constate que ma chronique est ratée. Elle n'avait pour but que de dénoncer l'homophobie. J'ai été si mal compris que j'ai même heurté une association LGBT. C'est ma faute, donc. Je le reconnais bien volontiers. Je présente mes excuses aux personnes que j'ai blessées, tout en revendiquant mon droit à l'erreur dans un exercice qui reste très périlleux.»
De son côté, la directrice de la station de radio publique présente également ses «regrets les plus sincères» aux auditeurs choqués par «la crudité de certaines expressions», dont elle indique qu'elles ne lui semblent «pas appropriées, quelles que soient les intentions de l'auteur». Laurence Bloch termine son message d'excuse en rappelant qu'«il est important que nous continuions toutes et tous à défendre le principe de la liberté d'expression, le droit à l'outrance, à la caricature, à la satire», rendant alors hommage aux victimes de Charlie Hebdo.
«Valeurs actuelles» rappelle le caractère insultant pour les chrétiens
Ces excuses ne semblent pas avoir convaincu l'hebdomadaire Valeurs actuelles, qui réagit dans un article publié mercredi, en titrant : «L'auteur de la chanson "Jésus est pédé" tente de s'excuser… et se prend les pieds dans le tapis». Le magazine développe en notant que «le chansonnier ne s'est pas excusé pour ce qu'on lui reproche réellement», c'est-à-dire qu'«alors que tout le monde lui reprochait de s'en prendre au catholicisme, Frédéric Fromet s'est excusé pour son homophobie liée à l'emploi du terme "pédé"». Selon Valeurs actuelles, l'humoriste n'a donc présenté ses excuses qu'aux personnes choquées par le caractère homophobe de son interprétation.
Joint par CheckNews, Frédéric Fromet assure que ses excuses s'adressaient également aux chrétiens : «Je regrette bien sûr d'avoir heurté des catholiques. Ce n'est jamais mon objectif de blesser quiconque, y compris les personnes avec qui je suis en désaccord.»
Cordialement