Question posée par Laurent le 28/01/2020
Bonjour,
Vous nous interrogez sur une annonce pour un stage relayée par la députée européenne Manon Aubry (LFI) le 26 janvier qui a suscité de nombreuses réactions. Celle-ci propose un «stage communication et soutien à l'activité parlementaire de Manon Aubry», d'une durée de trois à cinq mois pour une rémunération de 1 200 euros brut. Le temps de travail est estimé à «42 heures par semaine», peut-on lire dans le détail sur le site de l'Étudiant, où l'annonce est publiée.
🔔 ON CHERCHE UN•E STAGIAIRE 🔔
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) January 26, 2020
Tu cherches un stage de fin d'études ? Tu te débrouilles en com et t'intéresses à ce qu'il se passe dans les institutions européennes ?
Alors va faire un tour par là ➡️ https://t.co/FrvCifYh8r
Et envoie nous un CV + une lettre de motivation ! pic.twitter.com/opXUPt30h8
Ses détracteurs reprochent notamment à l’annonce un salaire trop faible par rapport à un temps de travail hebdomadaire supérieur aux 35 heures. D’autres s’interrogent aussi sur les missions (très variées) renseignées dans l’annonce.
A gauche le programme LAEC et le retour immédiat aux 35 h, de l’autre une offre de stage de Manon Aubry et ses 42h/1200€. Les stagiaires, le nouvel eldorado de la France Insoumise ? 🤡#FarceInsoumise pic.twitter.com/BYdkTqAUcj
— Roland Brouyeur (@tarzoondtc) January 27, 2020
Manon Aubry propose un stage étudiant dans son équipe parlementaire pour un temps de travail hebdomadaire de 42h. Sacrée libérale en fait cette insoumise qui en 2017 défendait 32h de travail hebdo pic.twitter.com/RQK95Cv5Qb
— Michaël Pilater (@mikapilater) January 26, 2020
Contactée, la députée insoumise renvoie, comme elle l'a déjà fait sur Twitter, au règlement du Parlement, que CheckNews a pu consulter. «Concernant la durée de travail : il est indiqué dans le document de l'intranet du Parlement européen, qui précise les règles en cours, que la prise d'un jour de congé équivaut à 8,5 heures pour une journée ordinaire, ce qui fixe une durée référente de temps de travail à 42,5 heures par semaine», explique-t-elle notamment. La seule possibilité de temps partiel étant le 50%.
La rémunération proposée correspond de son côté à «la fourchette haute du montant des stages au Parlement», assure-t-elle. La gratification des stagiaires doit être comprise, toujours d'après le même document, «entre 816 euros et 1 339 euros pour les contrats à temps plein». Avec 1 200 euros, la rémunération proposée par Manon Aubry se situe donc bien dans la fourchette haute. «La polémique est donc infondée car nous devons appliquer les règles du Parlement sur lesquelles nous n'avons aucune prise, sauf sur l'indemnité, où nous avons fait le choix d'une indemnité plus élevée», observe-t-elle.
«Une rémunération décente» pour les stagiaires chez EE-LV
Mais au-delà du règlement, quelles sont les rémunérations proposées par les autres eurodéputés français ? «Depuis l'élection, sur les 21 bureaux de députés, 7 bureaux ont accueilli ou accueillent des stagiaires. La fourchette des indemnités observées est de 900 à 1 200 euros», indique à CheckNews Antoine Guéry, le conseiller communication de la délégation Renaissance (LREM). Côté EELV, on décompte aussi «peu de stagiaires». En revanche, nous indique Patricia Gueguen, les stagiaires ont la garantie d'être rémunérés au-dessus du minimum requis par le règlement.
«A la suite d'une résolution du Parti vert européen, l'ensemble des partis verts européens, dont Europe Ecologie-les Verts, applique la Charte européenne pour la qualité des stages et des apprentissages», qui offre des garanties minimales de rémunération, nous précise-t-elle. A savoir «une rémunération décente qui ne descendra pas sous le seuil de pauvreté de l'UE, établi à 60% du revenu moyen ou du salaire national minimum s'il est plus favorable», peut-on lire.
L'équipe de la députée écolo Caroline Roose a par exemple répondu à CheckNews qu'un stagiaire dont l'arrivée est prévue en février «recevra l'indemnité maximale autorisée concernant les stagiaires, à savoir 1 339 euros par mois».
Au Rassemblement national, un collaborateur nous indique que les députés ont peu recours aux stagiaires, sans plus de détails.
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Parmi tous les députés français contactés par CheckNews, certains ont répondu ne pas avoir de stagiaires actuellement, comme Nathalie Loiseau (Renaissance), Raphaël Glucksmann, Laurence Farreng (Mouvement démocrate), Thierry Mariani (RN), Irène Tolleret (Renaissance) ou Bernard Guetta (Renaissance). Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne) indique de son côté qu'un stagiaire qui doit arriver le 10 février recevra 1 300 euros par mois. Le député LFI Younous Omarjee a reçu un stagiaire jusqu'en décembre qui était payé 1 339 euros par mois, d'après lui. En revanche, si le député LR Geoffroy Didier a confirmé avoir pris un stagiaire, il n'a pas souhaité communiquer sa rémunération. C'est l'unique élu LR à avoir répondu.
Contacté, pour obtenir des chiffres officiels, le Parlement européen n'a pas donné suite. A noter que la rémunération des stagiaires est obligatoire depuis juillet 2018. Une enquête réalisée en 2017 par l'intergroupe Jeunesse du Parlement montrait qu'avant cette nouvelle règle, 8% des collaborateurs stagiaires n'étaient pas rémunérés, 32% recevaient entre 300 et 600 euros, et 44% plus de 1 000 euros.
Cordialement