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Après l'infection d'un tigre dans un zoo, sait-on si l'humain peut contaminer d'autres animaux ?

Les cas d’infections au Sars-CoV-2 rapportés chez des félins et des chiens se comptent à moins de vingt dans le monde et ne sont pas tous avérés.
Un tigre au Wild Animal Sanctuary de Keenesburg (Colorado), dimanche. (Photo Marc Piscotty. AFP)
publié le 6 avril 2020 à 18h02

Bonjour,

Vous nous posez cette question qu’alors que de nombreux articles évoquent le cas d’un tigre positif dans un zoo new-yorkais.

A l'échelle de la planète, plus d'un million d'humains ont été infectés par le coronavirus Sars-CoV2. Concernant les chiens et les chats – et désormais, donc, les tigres –, le nombre de cas positifs est inférieur à vingt. L'un d'eux est d'ailleurs controversé.

Ces deux derniers mois, quelques campagnes de tests ont été réalisées à Hongkong, en Corée du Sud, en Chine (à Wuhan) et aux États-Unis sur des chiens, des chats et des chevaux précédemment au contact prolongé avec des humains infectés par le Covid-19. Sur ces milliers de tests effectués, seuls deux chiens et un chat ont été testés positifs à Hongkong, et onze chats à Wuhan.

Chiens et chats, de Hongkong à la Belgique

Concernant les chiens : chez le premier, des tests sanguins ont confirmé la survenue d’une réaction immunitaire spécifique à l’infection. Il ne présentait toutefois aucun symptôme suspect, et aucune trace de virus n’a été identifiée dans sa salive ou dans ses selles. La chronologie de l’infection, ainsi que l’analyse génétique du virus (comparé avec les échantillons issus de sa propriétaire) suggèrent une contamination par l’homme. Dans le second cas canin, le coronavirus a été détecté dans des prélèvements nasaux. Il est à noter que l’animal, bien que placé en quarantaine avec un second chien, est resté le seul infecté.

Concernant les chats : le cas hongkongais a été rendu public le 31 mars. Selon les autorités sanitaires, si «les échantillons de cavité buccale, nasale et rectale ont été testés positifs», le chat lui-même ne présentait aucun symptôme infectieux. Les cas chinois ont été présentés dans un article en prépublication sur la plateforme bioRxiv (le document n'a pas encore été soumis à une relecture indépendante). Selon les données présentées, des anticorps trahissant une réaction à l'infection ont été identifiés chez onze félins, sur 102 testés. Les trois chats chez qui le taux d'anticorps était le plus élevé appartenaient à des patients Covid+.

A la date où nous écrivons, un treizième cas lié à un chat a été évoqué, en Belgique. Animal domestique d'une patiente Covid+, il a présenté des symptômes divers (toux, diarrhée, vomissements) qui ont justifié une analyse des excrétions. Des traces du virus y ont été identifiées. Toutefois, il n'est pas exclu que le chat ait souffert d'une pathologie distincte et que les prélèvements suspects aient été involontairement contaminés par la propriétaire.

Les résultats d'expériences en laboratoire, également prépubliés sur bioRxiv, suggèrent que le virus pourrait se transmettre entre chats, et qu'il pourrait infecter les furets. Ces observations restent toutefois à confirmer. Les auteurs estiment que le virus aurait beaucoup de difficulté à se répliquer chez les chiens, les canards, les poules et les cochons.

Le tigre du zoo de New York

Dimanche 5 avril, un parc zoologique new-yorkais – fermé au public depuis mi-mars – a donc annoncé qu'une tigresse de Malaisie, après avoir présenté des symptômes respiratoires, était porteuse du Sars-CoV2. Trois autres tigres et trois lions sont également suspectés d'avoir contracté le virus, mais n'ont pas été testés, «la collecte d'échantillons diagnostiques chez les grands félins nécessitant une anesthésie générale», a précisé le département de l'Agriculture des Etats-Unis (USDA). «Le vétérinaire traitant a estimé qu'il était dans le meilleur intérêt des animaux de limiter les risques potentiels d'anesthésie générale à un seul félin pour le diagnostic.»

Le parc postule que les félins «ont été infectés par une personne [asymptomatique] qui s'occupait d'eux», sans donner plus de précisions. Selon l'établissement, aucune autre espèce de félin (léopards, guépard, puma ou serval) sous leur responsabilité ne montrerait de signes de maladie. «Bien qu'ils aient connu une baisse de l'appétit», les félins suspectés d'infection et placés sous soins vétérinaires «se portent bien».

Des cas rarissimes

Dans tous les pays, le mot d'ordre des autorités sanitaires est unanime : il n'existe actuellement aucune preuve que les animaux de compagnie ou d'élevage puissent être un vecteur du Sars-CoV2 et contaminer l'homme. L'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) souligne en particulier que «la propagation actuelle du Covid-19 [étant] le résultat d'une transmission d'homme à homme, […] il n'est donc pas justifié de prendre des mesures à l'encontre des animaux de compagnie qui pourraient compromettre leur bien-être».

Les connaissances scientifiques sur ces sujets évoluent rapidement. Plusieurs associations de vétérinaires assurent une veille active et critique des informations sur les liens éventuels entre coronavirus et animaux domestiques, comme l'AFVAC, le Formavet ou le collectif Zétérinaires.

Ecoutez le podcast hebdo des coulisses de CheckNews.Cette semaine : Les Italiens et les Espagnols comptent-ils mieux leurs morts liés au Covid-19 que la France ?