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Covid-19 : comment s’est déroulée la réouverture des écoles chez nos voisins européens ?

Au Danemark comme en Norvège, les écoles primaires et maternelles ont rouvert au mois d'avril, avec des classes divisées en petits groupes, des cours à l'extérieur et un lavage régulier des mains. L'Allemagne a fait le choix de rouvrir les classes terminales en priorité.
Des élèves allemands en cours de chimie, le 4 mai à Ludwigsbourg. (THOMAS KIENZLE/Photo Thomas Kienzle. AFP)
publié le 9 mai 2020 à 6h16

Question posée par le 08/05/2020

Bonjour,

Alors que la réouverture progressive des écoles est prévue à partir du 11 mai en France, en commençant par les classes de maternelles et de primaires, vous nous interrogez sur la situation dans d'autres pays d'Europe. Le 15 avril, CheckNews indiquait que le Danemark, la Norvège, l'Allemagne et l'Islande (où les écoles primaires étaient restées ouvertes) avaient annoncé le retour progressif à l'école à partir de fin avril ou début mai. En s'aidant des recommandations des ministères de l'éducation, des articles de presse et des réactions des représentants de professeurs et de parents d'élèves, CheckNews revient sur les modalités du retour en classe des écoliers danois, norvégiens et allemands.

Petites classes, mains propres et cours à l’extérieur au Danemark et en Norvège

Le 15 avril, le Danemark est devenu le premier pays d'Europe à rouvrir certains de ses établissements – crèches, écoles maternelles et primaires –, après avoir entamé un confinement prudent dès le 11 mars. La réouverture des collèges et lycées, d'abord prévue pour le 11 mai, n'a pas été confirmée par le gouvernement: les élèves concernés doivent donc continuer de suivre les cours à distance, à l'exception des élèves qui terminent leurs études cet été et les classes spéciales pour les élèves souffrant de handicaps spécifiques.

Concrètement, la reprise des cours par les écoliers danois ne s'est faite ni masquée ni dans des cubes de plexiglas. Le ministère de l'Education nationale a demandé principalement de respecter les mesures d'hygiène, en se lavant les mains toutes les deux heures, et de nettoyer régulièrement les établissements. Pour limiter les contacts physiques, les classes ont été divisées en groupes d'une douzaine d'élèves, tenus de suivre les cours dans des salles différentes. Les tables des élèves ont également été écartées d'au moins deux mètres. Les repas doivent être préparés à la maison et les élèves mangent dans leur salle attribuée. Par ailleurs, le gouvernement danois invite les enseignants à faire cours, autant que possible, à l'extérieur. Résultat: quand le mauvais temps ne l'empêche pas, les profs font cours dans les parcs en petits groupes.

En Norvège, où les écoles maternelles ont rouvert le 20 avril et les primaires le 27 avril, les règles sont similaires: lavage de mains fréquent, classes divisées en petits groupes de maximum 15 personnes, et enfants malades ou proches de malades confinés à la maison. Les professeurs sont aussi incités à faire cours à l'extérieur.

Pour s'adapter à ces règles de distanciation sociale, des villes comme Copenhague ont mis à disposition les musées et les terrains de jeux, pour que les enseignants puissent y faire cours. Dans les parcs, des panneaux demandent aux citoyens de se tenir à distance quand les élèves sont présents. De manière plus amusante, ce reportage de la chaîne américaine NBC News montre comment les enseignants réinventent les règles de certains jeux pour les cours de sport: n'ayant plus le droit de se toucher, les élèves doivent piétiner l'ombre de leurs camarades quand ils jouent à «chat!». Et en ce qui concerne la récréation, «des groupes de jeux de cinq élèves ont été fixés pour qu'ils ne jouent qu'entre eux», explique à CheckNews Rasmus Edelberg, le président de la fédération de parents d'élèves «Skole og Forældre».

Aussi bien au Danemark qu'en Norvège, des groupes Facebook nommés «Mon enfant ne sera pas un cobaye» ont réunis des milliers de parents opposés au retour en classe. Interrogé sur cette réticence des parents d'élèves, Rasmus Edelberg tempère : «beaucoup étaient nerveux à l'idée d'envoyer leurs enfants à l'école. Mais en fin de compte, la plupart l'ont fait. Cela est dû principalement à trois facteurs: les directives centrales en matière de contrôle sanitaire sont bonnes, c'est-à-dire que seuls les enfants en bonne santé vont à l'école (et si leurs parents sont malades, les enfants restent à la maison), les écoles ont fait un vrai travail de préparation avant l'ouverture et, enfin, la communication avec tous les parents a été bonne».

Côté enseignants, Tomas Kepler, le président du GL, principal syndicat danois d'enseignants du secondaire (qui n'ont pas encore repris les cours en présence physique), indique à CheckNews que «les enseignants danois, en général, ont répondu avec enthousiasme» au retour au cours présentiel. Mais aussi avec «nervosité, car ils craignent de s'exposer à un risque plus grand que s'ils restaient à la maison. C'est notamment le cas des enseignants qui font eux-mêmes partie d'un groupe à risque, ou qui ont des membres de leur famille qui sont à risque, et qu'ils craignent de mettre en danger en allant travailler. Heureusement, de nombreuses écoles ont pu trouver des solutions individuelles pour les enseignants particulièrement nerveux.»

Priorité aux classes de fin d’études et fédéralisme allemand

En Allemagne, l'éducation est une compétence des Länder et non du gouvernement fédéral. Résultat: chaque Land décide des modalités de la reprise des cours. Cependant, le 28 avril, alors que les examens et les cours avaient repris dans certaines régions, les ministres de l'éducation de chaque Land ont présenté à la chancelière Angela Merkel un «concept cadre pour la reprise de l'enseignement dans les écoles». Les différentes régions sont tombées d'accord pour que tous les élèves allemands retournent à l'école avant les vacances d'été, mais la reprise ne se fera pas aux horaires habituels. Les quelque onze millions d'enfants et de jeunes concernés alterneront entre cours à domicile ou à l'école en fonction des jours ou des semaines, afin que les exigences en matière d'hygiène, la taille réduite des groupes d'étude et la nécessité de garder une certaine distance soient respectées.

Chaque école doit disposer d'un plan d'hygiène prévoyant que les élèves se lavent régulièrement les mains et respectent les mesures de distanciation physique, que les classes soient aérées régulièrement et que les toilettes et les espaces utilisés soient fréquemment nettoyés. Ce «concept» décidé conjointement ne requiert pas que les élèves portent des masques de protection en cours, mais considère qu'il s'agit d'une «protection complémentaire» qui peut être portée volontairement. Les écoles décideront donc s'ils doivent être imposés.

Si la réouverture de certains établissements avait été décidée par certains Länder, comme Berlin, pour que les lycéens passent leur baccalauréat au mois d'avril, la réouverture des classes annoncée pour le 4 mai concerne d'abord les élèves des classes de fin d'études, ou ceux qui s'apprêtent à changer de cycle éducatif. En ce qui concerne les crèches et les écoles maternelles, pour l'instant réservées aux enfants de parents exerçant certaines professions (comme les soignants, les policiers ou les pompiers), chaque Land décide des modalités de réouverture. Un détail des ouvertures des classes par Land est disponible dans cet article de la radio publique allemande.