Question posée par Nicolas le 27/05/2020
Bonjour,
Dans son dernier classement, publié le 14 mai 2020, la région Europe de l'Ilga (International Lesbian & Gay Association) classe la principauté de Monaco au 45e rang sur 49 pays européens en fonction des droits et libertés accordés aux personnes LGBTI. Monaco se retrouve ainsi coincée entre la Biélorussie (44e) et la Russie (46e) et figure parmi les cinq pays de fin du classement.
#RainbowEurope 2020 is live! @ILGAEurope ranks 49 European countries on their legal and policy situation for LGBTI people. Find out more on https://t.co/aTIBONQOI3 🏳️🌈 pic.twitter.com/K1jzUobAEu
— ILGA-Europe (@ILGAEurope) May 14, 2020
Dans votre question initiale, vous nous demandiez «Monaco est-il un des plus grands fiefs homophobes d'Europe ?». Joint par CheckNews, l'Ilga-Europe répond que «la carte ne mesure pas l'homophobie dans un pays donné mais les développements juridiques sur les droits LGBTI au cours de l'année précédente». Pour établir son classement, l'association de défense des droits des personnes LGBTI évalue la mise en place de 69 lois et politiques qui ont un impact direct sur les droits humains des personnes LGBTI, selon six catégories : égalité et non-discrimination ; famille ; crimes et discours de haine ; reconnaissance légale du genre et intégrité corporelle ; espace de la société civile ; et asile. A titre d'exemples, Ilga-Europe va vérifier si les pays prennent en compte l'orientation sexuelle parmi les critères d'interdiction de discrimination dans leur constitution ou dans leurs lois, si les droits au mariage sont les mêmes pour les couples hétérosexuels et homosexuels, s'il existe des procédures pour décider de son genre, si la transidentité n'est plus considérée comme une pathologie, etc.
Selon cette grille, Monaco ne remplit que 11% de ces indicateurs. A titre de comparaison, Malte, tout en haut du podium est à 89%, tandis que la France, treizième du classement, atteint les 56%. Interrogé par CheckNews, Ilga-Europe explique le faible score de la principauté ainsi : «Bien que Monaco dispose d'une législation garantissant un espace de la société civile pour les personnes LGBTI, qu'il n'y ait aucune limitation constitutionnelle au mariage, que la loi sur les discours de haine couvre l'orientation sexuelle et qu'à partir du mois prochain (27 juin 2020) les couples homosexuels pourront bénéficier de droits de cohabitation, il est nécessaire et souhaitable de prendre davantage de mesures juridiques pour garantir l'égalité et la non-discrimination des personnes LGBTI», et renvoie alors vers les critères signalés par l'association, et qui ne sont pas appliqués à Monaco, tels que garantir les mêmes droits aux couples homosexuels et leur permettre d'adopter des enfants ou avoir recours à l'insémination médicalement assistée, faire entrer dans la Constitution l'orientation sexuelle dans la liste des motifs de discrimination interdits, ou reconnaître l'orientation sexuelle et l'identité de genre parmi les critères de qualification pour obtenir l'asile.
L'apparition de Monaco à ce rang si bas peut paraître surprenante, puisque la principauté est rarement citée comme l'un des pays où les homosexuels sont le plus discriminés ou victimes de violence en Europe. Ilga-Europe rappelle que son classement a pour but de mesurer l'accès aux droits pour les personnes LGBTI, et pas forcément l'homophobie dans un pays : «Monaco est l'un des pays d'Europe où la protection juridique des droits LGBTI est la plus faible, mais cela ne signifie pas pour autant qu'il s'agit des pays les plus homophobes» En observant le reste du classement, on peut noter que son score est proche de celui d'autres petits pays, comme Saint-Marin (13%) ou le Liechtenstein (18%), qui ne disposent quasiment pas de lois propres aux personnes LGBTI.
Ecoutez le podcast hebdomadaire des coulisses de CheckNews. Cette semaine :
Un extrait d’une émission de LCI est devenu viral un mois après sa diffusion à l’antenne, car utilisé pour expliquer comment le «vaisseau média mensonge» aurait menti sur le Covid-19. En analysant l’évolution de certains discours depuis le début de l’épidémie, une journaliste évoque des chiffres de létalité divisés, apparemment, par sept en quelques semaines. La létalité du virus serait ainsi passée de 3,5% à 0,5%. Fabien Leboucq et Pauline Moullot expliquent pourquoi ces données ne sont pas comparables.