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Le PCF a-t-il obtenu plus d'élus que LREM à l'issue du premier tour des municipales ?

Plus de 1 000 candidats ont été élus conseillers municipaux au premier tour sur des listes menées par des candidats PCF, contre moins de 300 pour les LREM.
Mairie des Lilas le 15 mars, 1er tour des municipales. (Marc CHAUMEIL/Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 31 mai 2020 à 11h31

Question posée par Victor le 21/05/2020

Bonjour,

Votre question porte sur plusieurs publications de sites ou pages Facebook communistes, affirmant qu'à l'issue du premier tour des élections municipales, le Parti communiste (PCF) «a remporté plus de mairies» que le Rassemblement national (RN), qu'Europe Ecologie-les Verts (EE-LV) et que La République en marche (LREM). On retrouve l'affirmation notamment sur un blog communiste du pays de Morlaix, qui cite un texte du blog Perspective communiste, lui-même tenu par un «militant communiste du Grand Lyon».

Sur Twitter, ce dernier publie un graphique et affirme également que «le PCF est le troisième parti en termes d'élu.e.s municipaux», toujours à la suite du premier tour des élections du 15 mars dernier, derrière Les Républicains (LR) et le Parti socialiste (PS). Avec 1 072 élus, le PCF se situerait largement devant le RN (498), LREM (268) et EE-LV (183).

La source est indiquée sur le graphique : le journaliste de la Croix Laurent de Boissieu et son site France politique où il analyse les résultats des élections depuis bientôt vingt ans.

Contacté par CheckNews, il confirme que les chiffres sont authentiques. S'il n'est pas l'auteur de l'infographie, Laurent de Boissieu explique qu'elle reprend bien ses tableaux qu'il a compilés en se basant sur les chiffres bruts publiés par le ministère de l'Intérieur. «Cette année, ils n'ont pas publié de récapitulatif, j'ai donc dû m'y coller», explique-t-il.

A noter qu'il s'agit du nombre de conseillers municipaux élus sur une liste en fonction de sa nuance politique fixée par le ministère de l'Intérieur : «Dit autrement, un membre du PS élu sur une liste PCF figure parmi les 1 072 PCF, tandis qu'un membre du PCF élu sur une liste conduite par un PS n'y figure pas. Comme il peut y avoir des élus communistes sur d'autres listes, notamment celles divers gauche, on est plutôt en dessous de la réalité qu'au-dessus.»

«Vérifier et corriger»

Pour compter le nombre de maires réélus au premier tour, le journaliste préfère ne pas utiliser ces données brutes fournies par Beauvau : «Les nuances politiques utilisées par le ministère de l'Intérieur sont trop imprécises – il y a des PCF en liste homogène ou tête de liste d'union de la gauche – voire erronées pour pouvoir être utilisées. C'est pourquoi le PCF travaille à partir des remontées de ses fédérations et de l'Association nationale des élus communistes et républicains (Anecr). A ma connaissance, les autres partis n'effectuent pas ou ne communiquent pas sur ce travail.»

Comme à chaque élection, Laurent de Boissieu demande donc à chaque parti de lui communiquer leur liste d'investiture pour «vérifier et corriger les nuances du ministère de l'Intérieur». Ainsi, si une liste est considérée comme «divers gauche» par le ministère de l'Intérieur, mais que la tête de liste a été investie par le PCF, il comptabilisera le maire comme communiste. «Les partis m'apportent pour cela une aide plus ou moins fine. Le PCF est l'un des plus précis car ses données vont de Montreuil [Seine-Saint-Denis, plus de 100 000 habitants, ndlr] à Bonneuil-en-Valois [Oise, à peine plus de 1 000 habitants]. Les autres partis sont généralement moins précis. C'est pourquoi, afin de réaliser mes cartes des maires élus au premier tour, j'ai été contraint d'utiliser des seuils différents en fonction des familles politiques (5 000 ou 10 000 électeurs). Pour pouvoir comparer le nombre de maires par parti politique, il faut donc retenir un même seuil.»

Si l'on garde le seuil le plus bas retenu par le journaliste de la Croix, soit les villes de plus de «5 000 électeurs inscrits», il est également exact de dire que le PCF a obtenu (bien) plus de maires élus au premier tour que LREM : «Je compte 45 PCF élus ou réélus au premier tour contre six LREM.» Côté RN, sept maires ont été élus ou réélus au premier tour, et quatre pour EE-LV.

Bastions locaux

Comment expliquer un tel écart en faveur du PCF, alors que le poids de LREM a été bien plus important lors des derniers scrutins nationaux ? «Il y a trois effets qui jouent en faveur du PCF et en défaveur de LREM. Le premier, c'est que le PCF, contrairement à LREM, a historiquement des bastions locaux, par exemple dans les Hauts-de-France, la Seine-Maritime, les héritages de la "ceinture rouge" en banlieue parisienne ou du "Midi rouge" dans les Bouches-du-Rhône. Le deuxième, c'est que le premier tour des élections municipales profite généralement aux maires sortants. Cela peut d'ailleurs être un peu corrigé au second. Enfin, le troisième tient au fait que LREM, nouveau parti avec peu de sortants, a privilégié des alliances locales. A l'issue du second tour, il faudra donc plutôt analyser par blocs d'alliance. Prenez l'exemple d'Edouard Philippe : s'il est réélu au Havre, on ne pourra pas le compter LREM, parti auquel il n'appartient pas, mais bien dans la majorité gouvernementale puisqu'il en est même le chef en tant que Premier ministre.»

Le second tour doit avoir lieu le 28 juin prochain, si la situation sanitaire le permet.

Cordialement

Ecoutez le podcast hebdomadaire des coulisses de CheckNews. Cette semaine :

Un extrait d’une émission de LCI est devenu viral un mois après sa diffusion à l’antenne, car utilisé pour expliquer comment le «vaisseau média mensonge» aurait menti sur le Covid-19. En analysant l’évolution de certains discours depuis le début de l’épidémie, une journaliste évoque des chiffres de létalité divisés, apparemment, par sept en quelques semaines. La létalité du virus serait ainsi passée de 3,5% à 0,5%. Fabien Leboucq et Pauline Moullot expliquent pourquoi ces données ne sont pas comparables.