Question posée par François le 03/06/2020
Bonjour,
Le second tour des municipales ayant finalement lieu le 28 juin, les candidats avaient jusqu’à mardi 2 juin pour déposer leurs listes. On sait donc désormais qui a fait alliance avec qui pour ce second volet du scrutin. Pour rappel, au-delà de 10%, une liste peut se maintenir seule pour le second tour. Entre 5% et 10%, elle peut fusionner avec une autre une liste ayant réalisé plus de 10%.
Après le ralliement du macroniste Gérard Collomb (maire PS de Lyon de 2001 à 2017, puis LREM à partir de 2018) à LR pour le second tour, vous nous demandez combien d’alliances ont été conclues par LREM avec la droite d’une part, et la gauche d’autre part.
Au total, selon les informations transmises par LREM, le parti dénombre, avant le second tour, 76 alliances avec la droite et 33 avec la gauche. Notons que ces chiffres concernent les candidats «investis ou soutenus par LREM».
Pour rappel, en fin de semaine dernière, la commission nationale d'investiture (CNI) de LREM a décidé de retirer son investiture à Gérard Collomb et son adjoint Yann Cucherat, après cette alliance avec Laurent Wauquiez, Etienne Blanc et François-Noël Buffet. Globalement, LREM a retiré son soutien à huit listes alliées, nous fait savoir le parti présidentiel. En plus de Lyon, les candidats de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), Châtillon et Colombes (Haut-de-Seine) ont été désinvestis par LREM pour le second tour.
76 alliances à droite
D'autres alliances – 76 au total – ont toutefois été conclues avec la droite. C'est le cas à Strasbourg (Bas-Rhin), où Alain Fontanel, lui aussi transfuge socialiste, a annoncé en dernière minute mardi soir une coalition avec le LR Jean-Philippe Vetter, arrivé quatrième le 15 mars, ou encore à Aurillac (Cantal), à Tours (Indre-et-Loire) et à Bordeaux (Gironde), pour contrer l'alliance de la gauche décidée avant le premier tour.
Dans le Ve arrondissement de Paris, l'ex-LR Florence Berthout a finalement déposé une liste «d'ouverture» divers droite explique LREM. Un accord condamné par le député LREM de Paris Hugues Renson.
33 alliances à gauche
Sur le flanc gauche, on dénombre 33 alliances avec des candidats LREM, «investis ou soutenus» par le parti présidentiel. A Dreux (Eure-et-Loire), un accord a été scellé entre le candidat LREM, la candidate PS et une divers droite contre le candidat divers droite. A Cholet (Maine-et-Loire), PS et LREM se sont unis contre le maire sortant divers droite Gilles Bourdouleix. A Auxerre, le maire sortant Guy Ferez était soutenu avant le premier tour par LREM et le PS. Pour le second, il s'est allié à la liste EE-LV, contre le candidat divers droite. A Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), les candidats LREM, EE-LV et PS se sont alliés (les fédérations départementales socialistes et écologistes ont toutefois indiqué ne pas soutenir cette liste).
A Nîmes (Gard), la tête de liste de la gauche au premier tour, Daniel Richard, a annoncé son soutien au candidat LREM. Un ralliement vécu comme une «trahison» par les partis (PS, EE-LV et LFI) le soutenant avant le premier tour et ses colistiers.
Enfin, comme le faisaient remarquer nos collègues de Chez Pol mercredi matin, la candidate LREM ayant fusionné à Annecy (Haute-Savoie) avec le PS et EE-LV est en fait… une dissidente. Dans cette ville, le parti présidentiel soutient le maire sortant Jean-Luc Rigaut (UDI, aussi soutenu par LR).
Des candidats soutenus par LFI ont par ailleurs rejoint des listes LREM pour le second tour, au grand dam du parti de Jean-Luc Mélenchon. C'est le cas à Arcueil (Val-de-Marne) et Colomiers (Haute-Garonne), où le candidat a rejoint un dissident LREM. A propos de ces ralliements, LFI a indiqué dans un communiqué : «Des têtes de liste ont pris la décision de rallier une liste LREM ou conduite par des dissidents LREM contre l'avis des insoumis·es locaux. Ces décisions individuelles, contraires à notre texte d'orientation, n'engagent donc pas la France insoumise.»
54 désistements
Notons, enfin, que des candidats LREM se sont désistés, sans conclure d'alliance. C'est le cas dans 54 communes, selon le parti. A Perpignan (Pyrénées-Orientales), Cavaillon (Vaucluse) et Frontignan (Hérault), cette décision a pour but de faire barrage au Rassemblement national. A Montauban (Tarn-et-Garonne), le candidat LREM s'est désisté, sans donner de consigne de vote, ouvrant la voie à un duel LR-Divers gauche (DG). A Albi (Tarn), la candidate LREM, arrivée quatrième, s'est désistée sans donner de consigne de vote. Mais en expliquant, à propos de la fusion entre un collectif de gauche rassemblant déjà le PS et les Insoumis avec la liste EE-LV, qu'«il est hors de question pour nous que cette liste d'extrême gauche accède à la tête de la mairie d'Albi». A Rouen (Seine-Maritime), le candidat LREM s'est aussi désisté après avoir échoué à concrétiser une union.
Quant aux trois dernières villes citées dans cette liste dénonçant les alliances avec la droite pour le second tour, Angers (Maine-et-Loire), Nice (Alpes-Maritimes) et Toulouse (Haute-Garonne), les accords y ont en fait été passés avant le premier tour.
En résumé, le parti indique que «sur les 296 candidats investis ou soutenus par LaREM présents au second tour des élections municipales dans les villes de plus de 9 000 habitants (hors arrondissements Paris-Lyon -Marseille)», 125 listes sont autonomes ou alliées avec le centre, 76 ont conclu des alliances à droite, 33 à gauche, 54 se sont retirées, et le soutien du parti a été retiré à huit candidatures.
Edit: Vendredi 5 juin à 15H. Correction d'une imprécision sur Florence Berthout dans le Ve arrondissement de Paris.
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