Question posée le 22/06/2020
Bonjour,
Votre question fait référence à des propos tenus par la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye dimanche 21 juin 2020 dans l'émission «Dimanche en Politique» sur France 3. Une phrase, «Je ne saurais pas expliquer à mes enfants s'il est normal ou pas de jeter des pierres sur les forces de l'ordre», prononcée lors de l'entretien a fait l'objet d'une polémique suite à son partage sur les réseaux sociaux par plusieurs syndicats de police, repris ensuite par des personnalités politiques souvent de droite et d'extrême droite.
Jeter des pierres contre les policiers, est-ce normal ? La porte-parole du gouvernement n’est pas sûre...
— UNITÉ SGP POLICE (@UNITESGPPOLICE) June 21, 2020
Encore une incongruité de plus et un manque de soutien ferme vis à vis des forces de l’ordre. pic.twitter.com/RTbBeI85Gg
En remontant le fil des messages indignés sur Twitter, on peut voir que dans la soirée de dimanche, les syndicats de police (Unité SGP Police, le Syndicat des commissaires de la police nationale, le Syndicat indépendant des commissaires de police, l'UNSA Police, Alliance, Alternative police) ont été à l'origine du partage massif d'un extrait vidéo de l'interview de Sibeth Ndiaye et de la phrase retenue. Les syndicats estiment que ces propos sont «inadmissibles», «scandaleux», «indignes» de la part de la porte-parole du gouvernement. Dans un tract, le syndicat Alliance va même jusqu'à exiger la démission de la porte-parole du gouvernement.
Les propos indignes prononcés hier soir par Sibeth N’diaye sont inadmissibles de la part d’un membre du gouvernement. @CCastaner @EmmanuelMacron pic.twitter.com/bQpJy1WKyA
— ALLIANCE PN (@alliancepolice) June 22, 2020
Des propos tronqués
Or comme l'ont remarqué plusieurs journalistes, et comme l'a rappelé Sibeth Ndiaye, ces propos sont tronqués. Un visionnage complet de l'interview permet de comprendre que la porte-parole du gouvernement ne justifie pas la violence contre les forces de l'ordre.
Écoutez l’intégralité de ma réponse dans #DIMPOL sur @France3TV et vous verrez que je dis le contraire de ce que l’on veut me faire dire. https://t.co/8RJWFM2E9W
— Sibeth Ndiaye (@SibethNdiaye) June 22, 2020
🏥 Pour @SibethNdiaye, "la justice doit s'exercer de façon normale" donc sans clémence particulière à l'encontre de #Farida, l'infirmière interpellée mardi 16 juin, à Paris, lors de la #manifestation des #soignants. ⤵️
— DimancheEnPolitique (@DimPolitique) June 21, 2020
📺 @France3tv @letellier_ftv #DIMPOL pic.twitter.com/2w5waWD5d9
Voici une retranscription de l'échange complet avec le journaliste Francis Letellier, à propos de Farida C., l'infirmière violemment interpellée lors de la manifestation du 16 juin, dont des images montrent qu'elle avait jeté des projectiles sur les forces de l'ordre.
- Francis Letellier : «Cette infirmière interpellée de façon musclée par plusieurs CRS après avoir lancé des pierres vers les forces de l'ordre. Elle sera jugée en septembre. Elle dit avoir craqué. Est-ce que la justice doit être sans pitié ?
- Sibeth Ndiaye : Moi, je crois que la justice doit s'exercer de manière normale comme pour n'importe quel citoyen. Quand je ne sais pas expliquer qu'on jette des pierres sur les forces de l'ordre, je ne vois pas en quoi il faudrait l'absoudre.- F.L. : Pas de clémence particulière, sous-entendez-vous…
- S.N. : Non, mais je crois simplement que la justice qui est parfaitement indépendante dans notre pays doit juger, en droit sur ce qui s'est passé.
- F.L. : Elle risque la prison…
- S.N. : Elle risque, moi je n'ai pas la qualification.
- F.L. : Elle risque la prison, ça je peux vous le dire.
- S.N. : D'accord, bah écoutez, je pense que ce n'est pas à la porte-parole du gouvernement de déterminer quelle doit être la décision de justice qui doit être prise. Moi je comprends évidemment l'émotion qu'a suscité l'image qu'on a vue de son arrestation. Mais en même, je ne saurais pas expliquer aujourd'hui, à mes enfants, par exemple, est-ce qu'il est normal ou pas de jeter des pierres sur les forces de l'ordre.
- F.L. : Là c'était une adulte.
- S.N. : Bien sûr, mais un moment donné il faut qu'on soit capable aussi de considérer que la justice, elle est la même pour tous. Il peut y avoir des circonstances atténuantes, ça ne m'appartient pas de le dire et c'est au juge de le faire.
- F.L. : Là vous n'en trouvez pas pour elle? Elle dit qu'elle a craqué.
- S.N. : On peut tous être amené dans des circonstances particulières à être à bout de nerfs. Est-ce que pour autant ça justifie qu'on jette des pierres sur les forces de l'ordre. Que dirions-nous au fils ou à la fille du CRS, qui reçoit cette pierre dans le visage ? Qu'est-ce qu'on lui dirait ? "C'est pas grave" ? Non, on peut pas le dire. Donc il faut que la justice se fasse en toute indépendance et nous verrons ce que les juges auront à dire de cela.»
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Samedi 13 juin, des milliers de personnes se réunissent place de la République à Paris à l’appel du Comité Adama pour protester contre les violences policières. Censée cheminer jusqu’à la place de l’Opéra, la manifestation s’est muée en un rassemblement statique. Alors que les organisateurs et la préfecture donnent des chiffres de participation très différents, Luc Peillon tente d’éclaircir la situation.