Question posée par Benoit le 08/09/2020
Bonjour,
Vous nous demandez si la crise du coronavirus a eu un impact sur l’immobilier parisien, et plus particulièrement si elle a entraîné une baisse des loyers. Depuis la fin du confinement, ce questionnement survient de manière assez récurrente et fait l’objet de plusieurs réponses parfois contradictoires.
Vous nous interrogez notamment à partir d'un article du site Atlantico, publié mardi, qui assure que la crise du Covid-19 est «plus efficace que la mairie de Paris pour faire baisser les loyers…». L'article explique que «l'offre locative explose» dans les grandes villes et que, par conséquent, les loyers sont entraînés à la baisse : «Le Covid est passé par là. Il a asphyxié les formules Airbnb et éteint les locations saisonnières. Les propriétaires ont donc retiré du marché Airbnb leurs biens pour les offrir à la location de longue durée.» A Paris, selon l'article, les loyers auraient enregistré une baisse de 0,4%. La période de crise sanitaire n'étant pas terminée et celle du confinement encore proche, le manque de recul rend difficile l'obtention de données exhaustives et fermes.
Une augmentation de l'offre locative
Ian Brossat, adjoint au logement à la mairie de Paris, confirme auprès de CheckNews l'augmentation de l'offre : «Ce dont on est sûr, c'est qu'il y a une augmentation de l'offre locative assez nette. On observe une hausse du nombre de logements mis sur le marché. Cela correspond à une intuition qu'on avait dès le départ, ce chiffre s'expliquant notamment par le transfert de logements Airbnb vers la location longue. La baisse de fréquentation des logements touristiques pendant le confinement a provoqué un retour vers le marché locatif classique.»
Cette augmentation de l'offre locative est confirmée par une étude SeLoger, qui parle même d'une «explosion». En un an, SeLoger a ainsi constaté une augmentation de l'offre locative à Paris de l'ordre de 64%. Cette donnée est d'ailleurs reprise dans l'article d'Atlantico, sans toutefois que la source ne figure dans le papier.
Dans le domaine de l'immobilier à Paris, un autre fait est documenté. Il concerne cette fois la demande de logements en location. D'une manière générale, dans les grandes villes, SeLoger a constaté une augmentation de près de 15% de demandes locatives en un an. Sauf à Paris, où une baisse de 23% des recherches a été enregistrée ces trois derniers mois, par rapport à 2019 sur la même période. Une offre qui augmente et une demande qui baisse : les indicateurs semblent effectivement au vert pour aboutir directement à une baisse des loyers. Mais ce n'est pas aussi simple.
Pas de preuve d’une baisse des loyers parisiens
Là encore, le phénomène est très récent et la plupart des instituts contactés par CheckNews (l'Observatoire des loyers de l'agglomération parisienne – Olap – ou Price Hubble, qui travaille sur la data immobilière) n'ont pas encore fait émerger de données sur ce point précis.
A la mairie de Paris non plus, on n'a pas encore d'éléments tangibles prouvant une baisse des loyers. Juste des espoirs : «Y a-t-il un lien entre l'augmentation de l'offre et la baisse des loyers ? J'aimerais que ce soit le cas. Je n'ai pas de preuve pour l'instant, reprend Ian Brossat, qui s'en remet à la logique. A moyen terme, on peut imaginer que cela ait un impact, oui. S'il y a augmentation de l'offre et baisse de la demande, la logique voudrait que les prix finissent par baisser.»
En attendant, l'article d'Atlantico mentionne une baisse des loyers de 0,4% à Paris. L'auteur de l'article, le chroniqueur éco Jean-Marc Sylvestre, sollicité par CheckNews afin de préciser l'étude dont il tire ce pourcentage, n'a pas donné suite à nos demandes. Une recherche autour de ce chiffre nous mène, possible piste, à une étude de Price Hubble. Relayée dans le Parisien, le 13 août, elle conclut en effet à une baisse inédite des prix dans la capitale. Mais cette diminution de 0,4% concerne les prix de vente affichés sur les sept derniers mois. Et non les loyers.
Autre élément, cette fois relayé par les Echos : une étude de Lodgis, intéressante mais partielle, puisque celle-ci ne concerne que les loyers des meublés parisiens. Leur prix aurait, selon cette étude, diminué de 5% au deuxième trimestre 2020. Une baisse «contextuelle et sans doute temporaire», commente de lui-même le directeur général adjoint de Lodgis.
La baisse des loyers parisiens, tous biens confondus, n'est donc pas actée. Selon le baromètre des loyers de SeLoger, aucune évolution n'est même à signaler. Sollicitée par CheckNews, la porte-parole du groupe, Séverine Amate, a fait procéder à une analyse des loyers des biens enregistrés sur l'application, entre le 11 mai et le 31 août 2020. En comparaison avec l'année 2019, sur la même période, les prix ont évolué… de 0%.
Cordialement