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A69 : Greta Thunberg s’est-elle rendue à Toulouse en avion directement de Washington ?

Un élu Renaissance de Haute-Garonne a affirmé que la militante suédoise est arrivée dans le Sud-Ouest de la France en Boeing 747, en provenance des Etats-Unis. Rien ne vient pourtant étayer cette thèse.
L'activiste suédoise Greta Thunberg à la manifestation contre le projet d'A69 entre Toulouse et Castres, samedi 10 février. (Marion Vacca/Libération)
publié le 12 février 2024 à 16h09

C’était l’invitée vedette de la journée de mobilisation contre l’A69. La militante contre le réchauffement climatique, la Suédoise Greta Thunberg, 21 ans, était samedi dans le Tarn aux côtés des opposants à l’autoroute Toulouse-Castres, comme l’a rapporté Libération. Avant de se rendre dimanche à Bordeaux, à une manifestation contre un projet portant sur huit nouveaux puits de pétrole dans la forêt de la Teste-de-Buch (Gironde).

De quoi irriter certains élus locaux, dont le 1er vice-président (Renaissance) de la métropole toulousaine, maire de Balma et responsable du parti présidentiel en Haute-Garonne, Vincent Terrail-Novès. Sur X, l’élu a publié samedi en début d’après-midi le message suivant :

«Belle prouesse de @GretaThunberg venue s’opposer à l’autoroute A69 pour des raisons environnementales. Dans le même temps, si je ne me trompe pas, venue directement de Washington, elle a pris : - 1 Boeing 747 - 2 navettes aéroportuaires - 2 taxis - 1 trajet en voiture pour Toulouse. Un bon bilan carbone bien conséquent ! Et pendant ce temps là, les écolos applaudissent… on marche sur la tête. #Tarn #A69»

Un message vu près de 800 000 de fois sur le réseau social et repris par de nombreux internautes. Avant d’être supprimé par l’élu lundi matin, sans aucune explication.

Greta Thunberg, directement arrivée à Toulouse via un avion venu des Etats-Unis ? Rien, pour l’heure, ne vient appuyer cette thèse. Le 2 février, la jeune femme comparaissait à Londres, pour avoir défié les forces de l’ordre lors de manifestations contre l’industrie pétrolière, en octobre 2023, comme l’a rapporté l’AFP. Le 10 février, elle se trouve donc dans le Tarn, à manifester contre l’autoroute A69. Entre ces deux dates, soit pendant une semaine, sa présence est signalée nulle part sur les réseaux sociaux ou dans la presse.

Tweet inspiré de l’extrême droite ?

Contacté, Amine Messal, étudiant à l’ENS Saclay et militant au sein du collectif La Voie est libre, qui s’oppose à l’A69, assure que la militante écologiste était dans la capitale. «Les jours précédents sa venue dans le sud-ouest, elle était à Paris, où elle a participé, mardi soir, à un mini rassemblement près de la passerelle Sédar Senghor, la veille de l’ouverture de la commission d’enquête parlementaire sur l’A69, explique-t-il. Elle revenait alors de Londres, et elle s’est ensuite rendue à Toulouse vendredi soir, où je suis allé moi-même la chercher à la gare».

Sur X, le mouvement des Soulèvements de la Terre affirme également, de son côté, que la jeune activiste est venue en train. Et de dénoncer : «Techniques ancrées à l’extrême droite, le mensonge et le complot sont pratiques, quand ils n’ont pas de conséquences : ils obligent l’accusée à se démener pour prouver sa bonne foi et à se justifier.»

Le message de l’élu Renaissance Vincent Terrail-Novès sur X semble en effet s’inspirer d’un tweet publié sur un compte proche de l’extrême droite. Quelques heures plus tôt, le compte @France61224153, qui relaye des posts Reconquête, avait publié le texte suivant :

A noter que lorsqu’elle s’était rendue aux Etats-Unis en septembre 2019, notamment au siège de l’Onu pour un sommet sur l’urgence climatique, la jeune Suédoise avait fait le voyage aller en voilier, et le retour catamaran.