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Agnès Pannier-Runacher avait-elle raison de corriger une journaliste sur les objectifs de réduction de CO2 pour 2030 ?

Invité sur France 5, la ministre de la Transition énergétique corrigeait la journaliste Anne-Elisabeth Lemoine qui évoquait l’objectif d’une baisse de 40 % des émissions de gaz à effet de serre pour 2030, répondant que ce chiffre doit être atteint en 2050. La ministre explique aujourd’hui qu’elle parlait de la consommation d’énergie.
Lors de l'émission "C à vous" sur la sobriété énergétique avec Agnès Pannier-Runacher interrogée par Anne-Elisabeth Lemoine. (Capture d'écran Youtube C à vous)
publié le 9 janvier 2023 à 19h30

Mardi 3 janvier, Agnès Pannier-Runacher est invitée sur le plateau de l’émission d’actualité C à vous sur France 5. La ministre de la Transition énergétique est interrogée par Anne-Elisabeth Lemoine sur les objectifs de la France en termes de réduction de ses émissions de CO2 : «La France est complètement hors des clous en ce qui concerne l’objectif et ses engagements de neutralité carbone…» Agnès Pannier-Runacher répond en évoquant le plan sobriété et la baisse de la consommation de gaz depuis l’été. «Ça, c’est le résultat du plan sobriété qui commence à porter ses fruits, et qui a un impact important aussi sur nos émissions de gaz à effet de serre». La journaliste enchaîne dans la foulée: «...qu’il faudrait réduire d’au moins 40 % d’ici à 2030.» La ministre corrige, en parlant, à deux reprises, de «2050». Et ajoute: «Ça nous laisser un peu de temps pour diminuer notre consommation» .

La séquence a été directement partagée sur le compte twitter de la ministre, qui ne fait pas mention d’un quelconque quiproquo. Pourtant, la déclaration a fait réagir certains chercheurs, s’étonnant de ce qu’ils interprètent comme une erreur, quand d’autres internautes spéculent carrément sur un changement officiel d’objectif. Car cette différence de vingt ans (entre 2030 et 2050) est pour le moins étonnante. Pour la comprendre, il faut s’intéresser à l’objectif français de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), détaillé dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), une feuille de route introduite en 2015 durant le mandat de François Hollande, et révisée durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron.

Le texte de la SNBC et le site du ministère de l’Ecologie (dont dépend Agnès Pannier-Runacher) sont très clairs sur les deux échéances : la France vise une réduction de 40 % (par rapport à 1990) de ses émissions de gaz à effet de serre en 2030, et une neutralité carbone en 2050. Soit, d’après les derniers modèles mentionnés par le site du ministère de l’Ecologie, une division par six des émissions de gaz à effet de serre, représentant une baisse d’environ 83 %. C’est donc bien Anne-Elisabeth Lemoine qui disposait du bon référentiel, énoncé dans sa question.

Contacté par CheckNews, le cabinet de la ministre parle d’un malentendu : «La confusion vient de la discussion qui se concentrait sur le plan de sobriété et la baisse de la consommation d’énergie, dont l’objectif est d’atteindre -40 % d’ici à 2050. C’est à cela que la ministre fait référence, sans entendre qu’Anne-Elisabeth Lemoine l’interroge sur un autre sujet. Il suffit d’ailleurs d’écouter la suite de la séquence pour le constater puisque la ministre poursuit ses explications sur le plan de sobriété et la manière dont il a été construit.» Et d’appuyer que l’objectif de la France est bien une réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030.