Menu
Libération
CheckNews
Vos questions, nos réponses
CheckNews

Amélie de Montchalin a-t-elle accusé son adversaire de la Nupes, Jerôme Guedj, d’antisémitisme?

Sur CNews, la ministre de la Transition écologique a accusé les candidats de la Nupes d’être des «anarchistes d’extrême gauche» soumis «à des idées antisémites», tout en visant son adversaire Jérôme Guedj, pourtant de confession juive.
Amélie de Montchalin, le 10 mai 2022. (Joel Saget/AFP)
publié le 13 juin 2022 à 18h54

Bonjour,

Arrivée seconde derrière le candidat soutenu par la Nupes, Jérôme Guedj, dans l’Essonne, la ministre de la Transition écologique, Amélie de Montchalin, a tapé fort sur l’alliance de la gauche lors d’une interview matinale sur CNews ce lundi matin. En cas de défaite, elle devra renoncer à son poste.

Sur Twitter, le journaliste de BFM TV Jules Pecnard a résumé l’intervention de la ministre en notant que «sur CNews, Amélie de Montchalin en remet une couche sur la Nupes, qualifiant ses candidats (parmi lesquels son adversaire de second tour, le socialiste Jérôme Guedj) d’“anarchistes d’extrême gauche”, soumis à des puissances étrangères, “à une forme d’antisémitisme”».

Cette accusation d’antisémitisme a été jugée déroutante par plusieurs commentateurs sur le réseau social, notamment des journalistes politiques, comme notre confrère de l’Express Olivier Pérou qui souligne que Jérôme Guedj «a fondé le prix Ilan Halimi et qu’il est lui-même issu d’un milieu [juif] séfarade…» Le candidat socialiste de la Nupes a réagi sur Twitter en conspuant les propos de la ministre : «Honte à vous Madame de Montchalin. Vous refusez depuis ce matin les débats avec moi proposés par les médias (BFMTV, France Inter) et vous insultez quand vous êtes seule en plateau. Quel avilissement, quelle panique, quel mépris pour le débat républicain…»

Siège éjectable

CheckNews a réécouté l’intervention d’Amélie de Montchalin sur CNews. La ministre s’en prend à «ceux qui, en se repeignant de vert et rose, sont des anarchistes d’extrême gauche. Et qui ont, pour quelques circonscriptions, laissé de côté leurs valeurs républicaines, laissé de côté leurs convictions». La candidate sur siège éjectable se lance alors dans un appel aux «républicains de notre pays» en leur promettant que «nous pouvons dimanche prochain faire un barrage très clair, au fond presque un référendum, pour l’Europe et contre la désobéissance. Un référendum pour l’ordre, contre le désordre dans la rue. Contre déjà le fameux quatrième tour. Contre la Nupes. Contre ces candidats, qui se sont alliés dans un accord électoral mais qui n’est pas un accord de fond. Et qui promet aux Français le désordre et la soumission. La soumission à la Russie. La soumission à des idées antisémites. Quand vous voyez que certains qui étaient au parti socialiste, responsables des enjeux de laïcité, des valeurs républicaines, aujourd’hui sont estampillés Nupes. Nupes où certains dans le même camp n’ont aucune difficulté à manifester avec l’antisémite Jeremy Corbyn».

Si elle ne prononce à aucun moment le nom de Jérôme Guedj lors de son intervention sur CNews, l’allusion au poste de responsable des questions de laïcité au sein du Parti socialiste vise directement l’homme politique puisqu’il est actuellement le secrétaire national en charge de la «laïcité et du pacte républicain», selon un organigramme disponible sur le site du PS.

Pour étayer cette accusation de soumission à l’antisémitisme ou de tolérance aux idées antisémites, la ministre reproche à Jerôme Guedj sa participation à une alliance avec LFI... dont certains membres se sont récemment affichés avec Jeremy Corbyn, lui-même accusé d’antisémitisme. La ministre relance ainsi une polémique initiée début juin par la socialiste Lamia El Aaraje, non soutenue par la Nupes et relayée par la majorité présidentielle, qui critiquait la venue de l’ancien chef du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn aux côtés de candidates de La France insoumise, en l’occurrence Danielle Simonnet et Danièle Obono.

«C’est de l’amalgame»

Comme CheckNews l’expliquait dans un autre article, l’ancien dirigeant du Labour a fait l’objet ces dernières années de vives accusations en raison de son inaction face à la prolifération de plaintes pour antisémitisme visant des militants et élus travaillistes, ainsi que pour des propos et faits controversés le concernant personnellement.

Joint par CheckNews, Jérôme Guedj estime que les propos tenus par Amélie de Montchalin n’entrent pas «dans le cadre du débat républicain» : «Invectiver ses adversaires. Dire que je suis sous influence étrangère. Dans la même phrase, elle m’habille en anarchiste d’extrême gauche, fait une allusion à moi, puis elle glisse le tacle sur l’antisémitisme. C’est de l’amalgame. Je lui reproche d’aller sur des plateaux toute seule pour ne pas avoir de contradicteur alors qu’on nous propose de débattre sur France Inter ou BFM. Elle ne dirait pas la même chose face à moi. Là, elle vient faire diversion avec ses éléments de langage, en mettant en cause l’honneur des gens. Si elle veut nommer des personnes, qu’elle le fasse. Mais c’est comme si je l’accusais elle des délires antivax qui ont été tenus par des élus LREM.»

L’invitation de Corbyn était « irresponsable » selon Guedj

Sur LCI ce lundi 13 juin, Jérôme Guedj a finalement qualifié l’invitation de Jérémy Corbyn par des candidates de la France Insoumise de « malvenue , irresponsable» et qui « frise la faute politique ». Il estime n’être « pas lié par la décision individuelle, que je trouve un peu irresponsable de ces candidates aux élections législatives, qui prennent la décision d’inviter quelqu’un qui ne. correspond pas à mon idéal, ni républicain ni de rapport. Mais je ne suis pas lié et pas plus qu’elles ne sont liées par des positions que moi je vais prendre».

Article mis à jour le 14 juin 2022, à 14h45: ajout de la déclaration de Jérôme Guedj sur LCI.