Menu
Libération
CheckNews
Vos questions, nos réponses
CheckNews

Après la mort de Hassan Nasrallah, des scènes de liesse filmées dans le nord-ouest de la Syrie

L’élimination du dirigeant du Hezbollah, tué par une frappe israélienne à Beyrouth, a été célébrée par de nombreux Syriens, qui n’ont pas oublié l’implication du mouvement chiite dans plusieurs massacres, à partir de 2012, pour museler la révolution.
Capture d'écran issue du compte X @Levant_24_ (compte X @Levant_24_)
publié le 30 septembre 2024 à 17h02

La mort du dirigeant du mouvement chiite Hezbollah, Hassan Nasrallah, tué par une frappe massive de l’armée israélienne le 27 septembre dans la banlieue sud de Beyrouth, a été reçue avec gravité par ses soutiens. Le Hamas, le Hezbollah, l’Iran, la Russie, l’Irak et la Syrie et plusieurs acteurs de la vie politique libanaise ont condamné cette attaque, tandis que les pays sunnites de la région sont restés majoritairement discrets, comme le rapporte l’agence Reuters.

La Syrie a déclaré un deuil de trois jours «pour le martyre de Sayyed Hassan Nasrallah». Mais hors des canaux officiels, des scènes de liesse ont accompagné l’annonce de la mort du dirigeant du Hezbollah principalement dans la région d’Idlib, située dans le nord-ouest du pays, et sous contrôle du groupe jihadiste et rebelle sunnite Hayat Tahrir al-Cham.

A partir de 2011, le Hezbollah s’est fortement impliqué aux côtés de l’armée syrienne dans son combat contre l’opposition armée, qualifiant la révolution contre le régime de «conspiration pour détruire l’alliance avec Assad contre Israël». Les combattants du Hezbollah ont participé à de nombreux massacres. D’où les scènes de réjouissances des derniers jours, à l’annonce de la mort d’Hassan Nasrallah.

CheckNews a pu géolocaliser certaines de ces images de fête, dont il n’existe aucune occurrence antérieure au 27 septembre, ce qui suggère qu’elles sont bien en lien avec la mort du chef du mouvement.

Dans deux vidéos, on voit un homme distribuer des sucreries devant un rond-point de la ville de Azaz, située dans le nord-ouest de la Syrie, à proximité de la frontière turque, et un homme agiter le drapeau vert blanc noir avec trois étoiles rouges, qui est le symbole de la révolution syrienne. On entend un homme crier «Félicitations».

Le média indépendant syrien Levant 24, hostile à Bachar Al-Assad et au Hezbollah, a également relayé des scènes de joie à Idlib, toujours dans le nord-ouest du pays. CheckNews a pu confirmer que ces images ont lieu dans cette ville grâce aux noms de certains commerces présents sur ces images. On y retrouve des hommes distribuant des pâtisseries, des drapeaux de la révolution syrienne ou tirant en l’air pour fêter la mort de Hassan Nasrallah.

Un reporter de Levant 24 s’est également filmé sur la place de l’Horloge, dans le centre-ville d’Idlib, au milieu de la foule venue célébrer la mort du leader du Hezbollah. «Ces gens ont le droit d’être heureux, ils ont le droit d’exprimer leur joie après les rumeurs circulant sur la mort du leader du Hezbollah, le criminel Hassan Nasrallah. Ce sont les gens qui ont été déplacés, qui ont perdu leurs enfants à cause du parti de ce criminel», rapporte le journaliste qui assure que la scène se déroule à 2 heures du matin après la frappe du 27 septembre.

Avant la mort de Nasrallah, et en réaction aux attaques aux bipeurs menées par Israël qui avait occasionné des dizaines de morts et des centaines de blessés dans les rangs du Hezbollah, Levant 24 avait déjà diffusé un visuel rappelant l’implication du Hezbollah auprès du régime baasiste pour écraser la révolution syrienne.

S’appuyant sur le travail effectué par la BBC et l’agence Anadolu, ainsi que par l’association Syrian British Consortium et le groupe humanitaire Reliefweb, la carte fait figurer des massacres commis par le Hezbollah dans huit localités de Syrie.

La joie de voir Hassan Nasrallah finalement éliminé a dépassé le cadre de la communauté syrienne vivant dans le nord-ouest du pays, sous contrôle rebelle. En Allemagne, le youtubeur et réfugié Firas Alshater, un des visages de la diaspora syrienne, a également partagé avec ses abonnés une liste de huit massacres impliquant le mouvement chiite. Il dénonce alors «le rôle criminel du Hezbollah dans l’intervention militaire en Syrie depuis 2011» et notamment «dans des opérations militaires qui visaient spécifiquement les femmes, les enfants et les civils et qui ont conduit à des massacres atroces, en violation de tous les principes d’humanité et du droit international humanitaire. Le Hezbollah a mené des exécutions sommaires, des agressions sexuelles et des mauvais traitements sur les cadavres, sans tenir compte de l’âge ou du sexe. La plupart de leurs crimes ont été documentés par leurs propres membres et diffusés sur Internet afin de se vanter de leurs compétences».

L’implication du groupe chiite Hezbollah dans la guerre en Syrie, contre les groupes rebelles syriens, a été établi par plusieurs groupes de recherche tels que la Fondation pour la recherche stratégique ou l’Institute for the Study of War, des ONG comme Human Rights Watch, et reconnu dès 2013 par Hassan Nasrallah lui-même.