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Attaque du Hamas contre Israël : avec la mort de 20 employés agricoles, la Thaïlande paye un très lourd tribut

Guerre au Proche-Orientdossier
Employés dans des fermes qui longent la frontière avec la bande de Gaza, 20 Thaïlandais ont été tués par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre, selon un dernier décompte.
Dans une exploitation agricole près de Qatsrin, en Israël, en 2009. (Menahem Kahana/AFP)
publié le 11 octobre 2023 à 17h28

Vingt morts, treize blessés et quatorze otages. Ce mercredi 11 octobre, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères thaïlandais a dressé le nouveau bilan, à la hausse, des ressortissants victimes de l’attaque terroriste du Hamas contre Israël. Ce qui fait de la Thaïlande le pays étranger ayant payé le plus lourd tribut dans l’attaque qui a fait des centaines de morts, devant les Etats-Unis, qui dénombrent 14 morts (parmi lesquels plusieurs binationaux). Les victimes thaïlandaises étaient employées dans les fermes jouxtant la frontière avec Gaza.

Bangkok, qui a rehaussé son bilan (qui était jusqu’alors de 18 morts) ce mercredi matin, se veut prudent, rappelant qu’il émane des employeurs de ces travailleurs et que ces informations doivent encore être consolidées par les autorités israéliennes.

Cette forte représentation des Thaïlandais parmi les victimes étrangères s’explique par le rôle de la main-d’œuvre agricole peu chère dans les fermes situées à proximité des villes du sud-ouest d’Israël, attaquées par le Hamas. Selon les chiffres du ministère du Travail thaïlandais, la communauté thaïlandaise vivant en Israël est estimée à 25 000 ou 30 000 personnes, dont 5 000 vivant à proximité de la bande de Gaza.

Immigration de travail

Sur son site, l’ambassade de Thaïlande en Israël indique que les immigrés thaïs sont massivement employés dans le secteur agricole, notamment grâce à un programme de coopération signé entre les deux pays en 2012. Cette immigration de travail permet à Israël de jouir d’une main-d’œuvre prête à travailler dans ses fermes, tandis que les Thaïlandais bénéficient de salaires plus élevés que dans leur pays d’origine, servant notamment à aider leurs familles restées là-bas. Leurs contrats sont limités à une durée maximale de cinq ans et trois mois.

Après l’attaque du Hamas contre Israël, la presse thaïe et internationale a rencontré les familles de plusieurs victimes, tuées ou prises en otages par les terroristes. Une femme raconte au Guardian avoir appris la mort de son fils, Somkuan Pansa-ard, âgé de 39 ans. Il était employé d’une plantation de bananes à proximité du kibboutz de Nahal Oz, situé à 800 mètres de la bande de Gaza. Selon des publications partagées sur Facebook par les Thaïlandais vivant en Israël, cinq ouvriers thaïs auraient été tués à Nahal Oz.

Le récit d’Anucha Nu, un survivant ayant échappé à l’attaque du 7 octobre, évoque aussi six compatriotes tués dans une ferme bovine et avicole dans le kibboutz de Kissoufim, situé à 2 kilomètres de la frontière. Ce même chiffre apparaît dans un autre article décrivant le meurtre de travailleurs dans un dortoir, sans que la localité ne soit précisée. Dans un kibboutz voisin, à Ein Hashlosha, une bonne nouvelle a été rapportée mardi 10 octobre, puisque 14 Thaïs et 16 Israéliens ont été découverts en vie dans un bunker.

Dans un article du Guardian, une Israélo-Britannique originaire du kibboutz d’Alunim avance le nombre de 17 ouvriers thaïs tués dans cette localité. Il est probable qu’il y ait confusion avec le sort de 10 étudiants en agriculture népalais (parmi une classe de 17 élèves entraînés dans ce kibboutz), dont la mort a été annoncée par l’ambassade du Népal. Le nom du kibboutz situé à proximité des localités de Nahal Oz et de Kfar Aza, où ont eu lieu des massacres, n’apparaît dans aucun article thaï.

Des otages identifiés

Le journal britannique a également obtenu des vidéos montrant les ouvriers agricoles thaïs au travail dans les serres de légumes durant l’assaut du Hamas, puis en train de se réfugier dans l’attente de leur libération par l’armée israélienne. Un homme apparaît blessé à la jambe par un tir. Un article du Pattaya Mail rapporte qu’un ouvrier a été blessé d’une balle dans la jambe dans le moshav Mivtahim, situé à 7 kilomètres de la bande de Gaza, dans le sud d’Israël. Nous ignorons s’il s’agit de la même victime.

Plusieurs articles parus dans la presse thaïe évoquent le sort des familles des quatorze otages, auxquelles les autorités sont venues rendre visite. Des images diffusées par le Hamas ont permis à ces familles de reconnaître leurs proches, qui ont quasiment tous été nommément identifiés. On y lit la détresse des mères ou des épouses, qui implorent les autorités de leur venir en aide et évoquent la pauvreté et la dépendance financière qu’elles entretiennent avec leurs proches désormais aux mains du Hamas.

En réponse aux attaques du Hamas contre Israël, l’ambassade de Thaïlande a déployé un formulaire pour rapatrier les travailleurs qui souhaitent quitter le pays. D’après les chiffres communiqués par le ministère des Affaires étrangères thaï, 5 205 travailleurs ont demandé à rentrer en Thaïlande. Un premier vol avec 15 Thaïlandais à son bord doit partir jeudi 12 octobre. Parmi ceux qui ont fait le choix de rester, certains ont émis le souhait d’être relocalisés dans des territoires plus sûrs.