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Base aérienne, siège du Mossad, quartiers résidentiels… Quels sites ont été touchés par la riposte iranienne sur Israël ?

De nombreux bâtiments civils israéliens ont été touchés par les missiles iraniens depuis vendredi, sans proximité évidente avec des sites militaires ou stratégiques.
La frappe sur Ramat Gan, à l'est de Tel-Aviv a fait au moins 63 blessés, le 14 juin. (Yair Palti/REUTERS)
publié le 18 juin 2025 à 11h34

Au cinquième jour de l’escalade militaire historique entre l’Iran et Israël, les attaques aériennes croisées continuent. L’Etat hébreu a de nouveau annoncé avoir tué un haut gradé iranien, et ses frappes ont fait, d’après les autorités iraniennes, au moins 224 morts, en grande majorité des civils, et plus d’un millier de blessés. De son côté, Téhéran affirme avoir de nouveau visé des «cibles stratégiques», dont un centre du Mossad, et multiplie les salves de tirs balistiques visant à saturer la défense israélienne. 24 civils ont été tués depuis vendredi, selon les autorités israéliennes.

Recensement non exhaustif

Depuis vendredi 13 juin et les premières ripostes iraniennes, les responsables israéliens dénoncent également de multiples attaques contre les civils. «Israël vise le programme nucléaire iranien. Les Iraniens visent les civils israéliens. C’est toute la différence», affirmait ainsi le député israélien Yair Lapid sur son compte X le dimanche 15 juin. Un argument qui rejoint la communication de Tsahal, qui a publié dès le samedi 14 juin un visuel opposant les cibles des deux armées. A gauche de celui-ci, une carte des cibles de l’armée israélienne en Iran, toutes militaires ou liées au programme nucléaire. A droite, une carte d’Israël parsemée de points, correspondant aux alertes déclenchées partout à travers Israël pour prévenir les habitants et les inviter à se mettre en sécurité. Cette deuxième carte, accompagnée des mots «Maisons. Ecoles. Civils.», est censée représenter les cibles des missiles iraniens.

Sans que l’on puisse prétendre dresser la liste des cibles iraniennes (ne serait-ce que du fait des nombreuses interceptions) les sites dont on sait qu’ils ont été touchés par l’armée iranienne se divisent entre des bâtiments civils (en majorité), mais aussi des sites militaires et stratégiques israéliens, comme le montrent des images analysées, géolocalisées et vérifiées par CheckNews. Ce recensement, réalisé alors que l’armée iranienne continue ses frappes contre Israël, n’a pas vocation à être exhaustif.

La réplique iranienne a commencé dès vendredi 13 juin. Au cours de cette première nuit, à Tel-Aviv, le quartier d’HaKirya – siège du ministère de la Défense et des forces de défense israéliennes, parfois surnommé «le Pentagone israélien» – a été visé. Comme le relèvent nos confrères du Monde, un missile a «frôlé» la tour Marganit, qui domine le site, mais a explosé non loin, «éraflant la façade d’un immeuble dominant le complexe».

Laboratoires détruits

Au cours de cette nuit, plusieurs missiles iraniens ont également touché des bâtiments civils, visiblement éloignés de toute cible stratégique. Ainsi, une frappe a atteint très tôt samedi matin un quartier résidentiel du centre-est de la ville de Ramat Gan, à l’est de Tel-Aviv. Selon le décompte de la presse israélienne, neuf immeubles ont été touchés, et au moins 63 personnes blessées. Une femme de 74 ans a été tuée dans la frappe. Comme l’a relevé un observateur sur le réseau social X, le quartier touché se trouve précisément à la même latitude que le bâtiment du ministère de la Défense de Tel-Aviv, situé plus à l’est.

Au cours de la même matinée, une autre frappe iranienne a atteint des quartiers résidentiels à Kyriat Gat et à Rishon LeZion – comme en témoignent là encore diverses photos réalisées par drone). La presse rapporte deux victimes, civiles là encore, une sexagénaire et un septuagénaire.

Les frappes iraniennes se sont poursuivies la nuit du samedi 14 au dimanche 15. Dans la soirée, vers 23h15, un missile iranien a atteint une maison de deux étages dans la ville de Tamra, au nord du pays, à l’est de Haïfa, faisant quatre morts – quatre femmes d’une même famille, dont une enfant de 13 ans. Tôt dans la matinée du 15, dans la ville de Rehovot, des laboratoires situés dans les bâtiments de l’institut Weizmann des sciences, ont été détruits. Suite aux attaques, la presse iranienne rapportait ainsi que «l’institut est connu pour développer des outils défensifs et agressifs» et que «certains de ses diplômés jouent un rôle majeur dans la fabrication d’armes militaires».

Au cours de la même matinée, une frappe a également atteint un immeuble d’habitations de 10 étages dans la ville de Bat Yam, au sud de Tel-Aviv. La presse israélienne a fait état de six morts (quatre adultes dont un âgé de 18 ans, et deux enfants de 8 et 10 ans, certaines des victimes étant apparemment de nationalité ukrainienne). Là non plus, CheckNews n’a pas identifié de bâtiment stratégique ou militaire à proximité.

Centrale électrique endommagée

Au début de la nuit du dimanche 15, un site stratégique a été ciblé par l’Iran : la raffinerie de pétrole du groupe Bazan, à Haïfa. L’entreprise Bazan a confirmé que des pipelines et des lignes de transmission entre les installations avaient été touchés, sans faire état de victimes. Elle avait annoncé qu’elle continuerait de fournir du carburant aux avions israéliens.

Dans la nuit du dimanche 15 au lundi 16, huit autres personnes ont été tuées à la suite de frappes iraniennes. Dans la ville de Petah Tikva, à l’est de Tel-Aviv un projectile a atteint un immeuble résidentiel, faisant quatre morts (dont trois septuagénaires), deux d’entre eux abrités dans une chambre forte renforcée qui s’est effondrée. Egalement à l’est de Tel-Aviv, dans la ville de Bnei Brak, la presse rapporte qu’un octogénaire est mort dans une frappe «qui a également endommagé une école».

Vers 4 heures du matin, une nouvelle attaque – dont des images ont été diffusées par Al Jazeera – a eu lieu sur le site stratégique de Bazan, faisant trois morts. Les victimes auraient été «piégées dans l’effondrement d’une structure, probablement asphyxiées par la fumée d’un incendie déclaré près du site d’impact». A noter, comme le précise le quotidien Times of Israel, qu’il a fallu plus de douze heures aux médias israéliens pour obtenir l’autorisation de publier des détails sur l’événement. L’entreprise Bazan a, de son côté, annoncé que «les dégâts causés aux installations avaient gravement endommagé la centrale électrique, entraînant la fermeture de toutes les installations de la raffinerie et des filiales».

Le siège du Mossad visé

Mardi 17 juin au matin, des vidéos montrant des panaches de fumée à proximité du siège du Mossad, le service de renseignement extérieur israélien situé au nord de Tel-Aviv, ont commencé à circuler en ligne. D’après ces images, certains projectiles iraniens sont tombés à tout juste 600 mètres de ces bâtiments. D’autres vidéos documentent des frappes et incendies non loin de là, dans l’enceinte du camp Glilot, qui abrite aussi des unités du renseignement israélien. Dans la matinée, les gardiens de la révolution, armée idéologique de la République islamique d’Iran, ont affirmé avoir frappé le centre du Mossad. Aucune vidéo ne permettait de documenter des dégâts dans l’enceinte du principal bâtiment de l’organisation. De manière plus anecdotique, dans la nuit de lundi à mardi, un missile a atteint un dépôt de bus à Herzliya près de Tel-Aviv – sans faire de victime, selon les déclarations de la municipalité.

Les bases militaires de l’armée israélienne ont également été visées. Dès le samedi 14 juin, Ahmadi Vahidi, membre du commandement des Gardiens de la Révolution, affirmait que l’Iran avait touché les bases aériennes de Nevatim et Ovda, dans le cadre de l’opération «True Promise III». Des bases utilisées, d’après Téhéran, dans le cadre de l’offensive israélienne. Les preuves de telles frappes sont maigres, mais une vidéo apparue en ligne lundi 16 au matin et géolocalisée par CheckNews permettait de constater les défenses anti-aériennes de la base aérienne de Nevatim, dans le sud du pays, entrer en action avant de revenir frapper le sol, provoquant une large explosion. Le lieu exact de cette explosion est difficile à déterminer et ses dégâts sont inconnus, d’autant que l’armée israélienne a refusé de transmettre toute information sur le sujet. Elle n’a pas non plus indiqué si d’autres bases aériennes avaient été touchées, comme le prétend l’armée iranienne.