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Capucine Anav, Illan Castronovo… Que sait-on des injonctions de la répression des fraudes aux influenceurs ?

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La DGCCRF a épinglé plusieurs influenceurs pour «pratiques commerciales trompeuses». Une démarche assortie d’une mesure de publicité sur les comptes sociaux des personnalités visées.
L'influenceuse Capucine Anav fait partie des personnalités épinglées par Bercy pour «pratiques commerciales trompeuses». (Edward Berthelot/GettyImages)
publié le 2 juin 2023 à 15h49

Des influenceurs rappelés à l’ordre. Ce vendredi 2 juin, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a rendu publique une série d’injonctions, adressées à plusieurs influenceurs. Les comptes de Capucine Anav, Anthony Matéo, Gaëtan Debled et Léa Monchicourt se retrouvent ainsi épinglés. Et sont sommés d’afficher sur leurs comptes sociaux un message de l’institution.

Capucine Anav, par exemple, et à travers elle sa société Oroa Productions, est pointée du doigt pour ne pas avoir indiqué, sur Snapchat, «le caractère publicitaire des publications (stories) pour lesquelles l’influenceuse reçoit une rémunération ou une contrepartie de la part d’un annonceur». La DGCCRF lui reproche également d’avoir utilisé «comme argument de promotion l’absence de bisphénol A dans des biberons et tétines pour enfants, alors que l’utilisation de cette substance est interdite par la loi». De la même manière, la répression des fraudes note qu’elle a «allégué sur une composition de produits, des qualités naturelles et biologiques ou de leur bienfait sur la circulation ou la santé alors que ces informations sont fausses ou non justifiées». Enfin, qu’elle a «assuré la promotion d’un dispositif dit de patchs mobiles anti-ondes en faisant état d’une absorption complète et efficace des ondes mobiles et de l’utilité du produit pour la santé du consommateur, propriétés et résultats non démontrés par des éléments scientifiques probants et vérifiables».

«Effet dissuasif»

Deux jours auparavant, l’influenceur très controversé Illan Castronovo, accusé de violences sexuelles, et Simon Castaldi, ont été visés, eux aussi, par un rappel de la DGCCRF concernant des pratiques de «publicité cachée». «Il n’indique pas l’intention commerciale de ses publications à visée publicitaire. Ce sont des pratiques commerciales trompeuses au sens du code de la consommation», assure ainsi la DGCCRF dans le message repris sur le compte d’Illan Castronovo.

Cette démarche de «name and shame» s’inscrit dans le cadre d’une volonté politique d’encadrer et de réguler le monde de l’influence. Début mai, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avait assuré rendre public «dans les prochains jours» les noms des influenceurs «qui n’ont pas respecté les règles» afin de consolider la lutte contre les dérives commerciales sur les réseaux sociaux. Sur son site, la DGCCRF indique que ces injonctions, «assorties de mesures de publicité», ont un «effet dissuasif» et sont un «outil de prévention». L’institution ajoute : «Les injonctions pourront s’accompagner à l’avenir d’astreintes financières pour les pratiques les plus graves pour les consommateurs, comme la promotion de produits ou services illicites. Par ailleurs, ces dernières sont également passibles de sanctions pénales, pouvant aller jusqu’à une peine d’emprisonnement.»

«Manque de professionnalisme»

Ce vendredi, en story Instagram, l’influenceuse Capucine Anav est revenue sur le rappel dont elle fait l’objet. Elle détaille avoir été contrôlée sur une durée d’un mois, entre novembre et décembre. «Puis j’ai été convoquée le 5 janvier dans les locaux de la DGCCRF.» Et de résumer : «Ce que me reproche la DGCCRF, c’est un manque de professionnalisme dans mon vocabulaire.» Elle présente ses excuses, plaidant la bonne foi, et ajoute : «Tout ce qu’on me reproche, je ne le fais plus depuis le mois de décembre.»

Pourtant, CheckNews a pu constater que dans une story mise en ligne jeudi, désormais disparue, Capucine Anav vante à nouveau les mérites du patch Fazup – ceux-là mêmes qui ont contribué à l’injonction de Bercy à son égard. Affichant cette fois-ci la mention «partenariat rémunéré», elle explique que «le téléphone mobile est responsable de 90 % de notre exposition quotidienne aux ondes», sans toutefois répéter précisément ce qui lui a été reproché par la DGCCRF, à savoir que le patch exerce une «absorption complète et efficace des ondes».

D’autres injonctions concernant d’autres influenceurs sont attendues dans les prochains jours.