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Cette liste montre-t-elle vraiment les dix criminels français les plus recherchés par Interpol ?

Plusieurs médias et internautes ont diffusé une liste de personnes les plus recherchées par l’organisation internationale. Qui évoque auprès de «CheckNews» une mauvaise interprétation.
Le siège de l'Organisation internationale de police criminelle (Interpol) à Lyon, le 30 septembre 2023. (Gonzalo Fuentes/Reuters)
publié le 23 mai 2024 à 11h55

Depuis plusieurs jours, circule sur les réseaux sociaux et certains médias d’extrême droite une liste de dix noms de personnes recherchées par Interpol. Certaines publications, dont l’une a été vue plus de 10 millions de fois, expliquent qu’il s’agirait des «10 français les plus recherchés par Interpol». Parmi eux, on retrouve notamment le nom de Mohamed Amra, criminel dont la spectaculaire évasion le 14 mai 2024 au péage d’Incarville (Eure) a largement participé à la médiatisation de ce dernier. A ses côtés, on retrouve également Mamadou Sakho et Mohamed Bajjou, fichés par Interpol pour leurs implications dans le grand banditisme.

Contacté par CheckNews, Interpol explique que leur organisation «ne publie pas une telle liste», même si les noms cités font bien partie des personnes recherchées par l’organisation internationale. Pour constituer ce supposé classement, les internautes se sont vraisemblablement rendus sur le site internet d’Interpol où il est possible de retrouver une base de données de personnes faisant l’objet d’une «notice rouge» émise par Interpol. Une fois la base de données filtrée par nationalité (ici, par nationalité française), s’affichent 46 noms, dont les dix premiers sont effectivement ceux qu’on trouve dans le post X ci-dessus, rangés dans le même ordre.

Pour autant, et contrairement à l’interprétation faite, cet ordre ne traduit aucune priorité dans les recherches. Contrairement aux listes des fugitifs les plus recherchés publiées par le FBI ou Europol, Interpol explique à CheckNews qu’il «n’y a pas de rang attribué aux personnes qui font l’objet d’une notice rouge». La liste partagée sur les réseaux sociaux ne correspond pas aux personnes les plus recherchées par Interpol : il s’agit simplement des 10 premiers noms qui apparaissent, parmi 46, une fois le tri par nationalité française effectué.

A noter qu’on ne peut pas non plus affirmer qu’Interpol recherche 46 personnes de nationalité française (ou binationale), car l’organisation prévient que les notices rouges consultables sur le site web de l’organisation ne représentent «qu’une partie des notices rouges en circulation, la plupart étant visible uniquement aux forces de l’ordre». Le site recense 6 791 notices rouges publiques en circulation, dont 46 sont de nationalité française.

Les notices rouges émises par Interpol sont au cœur du système d’alertes de l’organisation. Ces notices sont «basées sur un mandat d’arrêt national, qui notifie les 196 pays membres d’Interpol que l’individu est recherché par le pays ayant demandé la notice».