Question posée par Mohino le 18 mai 2022.
Bonjour,
Après que le burkini, ce maillot couvrant intégral, pourra être porté dans les piscines de Grenoble, selon la délibération du conseil municipal, vous nous interrogez sur une vidéo diffusée le lendemain par le compte Twitter «RECONQUÊTE ! Actualité», soutien du parti d’Eric Zemmour. «Réaction à Grenoble après l’adoption du nouveau règlement intérieur des piscines municipales qui autorise le burkini», indique le tweet. On y voit des femmes, voilées ou pas, applaudir et crier de joie.
Réaction à #Grenoble après l'adoption du nouveau règlement intérieur des piscines municipales qui autorise le #burkini. pic.twitter.com/xpt678nJ8X
— RECONQUÊTE ! Actualité (@Reconquete_Actu) May 17, 2022
La même séquence a été partagée par d’autres figures politiques d’extrême droite, notamment les ex-Rassemblement national (venus grossir les rangs de «Reconquête !» cet hiver) Gilbert Collard et Stéphane Ravier. «Ces cris de joie saluent la victoire de l’islamisme. Il ne s’agit pas du droit d’aller à la piscine en burkini, mais bien d’une conquête territoriale», écrit le second.
Ces tweets ne mentionnent pas le contexte dans lequel ces images ont été tournées. Comme en témoignent les tee-shirts qu’elles portent, les personnes filmées sont des membres d’«Alliance citoyenne», une association grenobloise de lutte contre le racisme. Le groupe s’est fait connaître en organisant, depuis 2019, plusieurs opérations coup de poing dans les piscines grenobloises pour revendiquer le droit de porter un burkini. Et milite également pour que les joueuses voilées soient acceptées dans les compétitions de football.
Accusée de promouvoir la charia
Les revendications de l’association sont d’ailleurs à l’origine de la délibération organisée lundi à Grenoble, visant à modifier le règlement intérieur des piscines de la ville dirigée par le maire écologiste Eric Piolle, pour y assouplir les restrictions vestimentaires. Il n’est donc pas étonnant que la décision municipale leur donnant satisfaction ait été accompagnée d’expressions de joie. Lundi soir, l’association avait même loué une salle afin de suivre en direct le vote du conseil municipal, soirée notamment immortalisée par les caméras de l’émission Quotidien (TMC). Immédiatement après la validation par les élus grenoblois (à une courte majorité) de cette modification du règlement intérieur, qui se traduit par l’autorisation du port du burkini, mais aussi des monokinis ou maillots anti-UV, les membres d’«Alliance citoyenne» ont sauté de joie. Une vidéo filmée à cet instant a alors été postée sur le compte Twitter de l’association, puis récupérée par l’extrême droite.
Immense joie a l’annonce du résultat du vote 🎉#MonCorpsMonChoixMonMaillot#PiscinesPourToustes pic.twitter.com/BBvnSJcAsh
— AllianceCitoyenne (@alliancecitoyen) May 16, 2022
Si «Alliance citoyenne» affirme défendre le droit des femmes à disposer de leurs corps, les opposants du groupe l’accusent de communautarisme, et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin l’accuse de promouvoir la charia. Par ailleurs, le Parisien a publié une enquête le 10 mai, au sujet de fichiers que tiendrait l’association à propos des opinions d’habitants des quartiers populaires grenoblois. Pendant ses activités, elle aurait ainsi collecté des données incluant origine ethnique, mais aussi convictions politiques et religieuses, des habitants. Après un signalement venu de la préfecture de l’Isère, le procureur de Grenoble a annoncé mardi avoir ouvert une enquête concernant ces faits.