Que faire face au manque d’attractivité du métier d’enseignant en baisse depuis vingt ans, selon un collectif ? «En septembre, chaque enseignant, sans conditions gagnera entre 125 et 250 euros net de plus par mois que la rentrée précédente», a répondu Gabriel Attal, interrogé sur ce sujet, dimanche soir sur TF1. Au Point, le 23 août, Emmanuel Macron se félicite d’avoir engagé une «revalorisation historique des enseignants». Sans donner d’échéance, le président de la République a évoqué «plusieurs centaines d’euros d’augmentation chaque mois». Les données diffusées par le ministère de l’Education nationale sont plus timides pour l’instant.
Dans le détail, la hausse de la rémunération passera par l’augmentation d’indemnités versées à l’ensemble du personnel enseignant, dans le premier et le second degré (notamment l’indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves dans le primaire, et la part fixe de l’indemnité de suivi et d’orientation des élèves dans le secondaire). Sur son site internet, le ministère de l’Education nationale précise que cette mesure entraînera «une hausse de rémunération de près de 100 euros net par mois pour tous les professeurs». Une revalorisation supplémentaire est prévue pour les professeurs en début de carrière, comme voulu par le président de la République. La prime d’attractivité sera étendue aux professeurs stagiaires et revalorisée «pendant les quinze premières années de carrière», jusqu’à l’échelon 7 inclus. Objectif : garantir une rémunération minimale nette à 2 000 euros par mois pour les nouveaux titulaires.
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Un néotitulaire touchera 151 euros net supplémentaires par mois les deux premières années, en septembre 2023 par rapport à septembre 2022. L’augmentation pour un agent avec deux à quatre ans d’ancienneté sera de 189 euros. C’est entre 4 et 11,5 ans que l’augmentation sera la plus importante et dépassera les 200 euros mensuels nets. Au maximum, un enseignant touchera 222 euros supplémentaires grâce à l’augmentation de la rémunération «socle», d’après un document mis en ligne sur le site du ministère, détaillant par grade et par échelon l’effet de ces mesures. Au-delà de l’échelon 7 (14,5 ans d’ancienneté), la hausse de la rémunération socle plafonne à 95 euros net mensuels supplémentaires, selon ces données. Autrement dit, le personnel qui ne bénéficie pas de la revalorisation de la prime d’attractivité en début de carrière touchera moins de 100 euros supplémentaires.
Pourquoi Gabriel Attal évoque une hausse comprise entre 125 et 250 euros ? Contacté, le ministère de l’Education nationale explique avoir intégré au calcul la revalorisation de 1,5 % du point d’indice des fonctionnaires en juillet qui ne figure pas dans la version actuelle du tableau sur les rémunérations. En prenant en compte cette mesure qui porte sur l’ensemble de la fonction publique, le ministère obtient des données plus alléchantes. «A titre d’exemple, ce sont 243 euros net pour un professeur des écoles à cinq ans d’ancienneté», nous indique-t-on. Un calcul qui a tout du tour de passe-passe pour les syndicats. «Le ministre mélange les mesures propres à l’éducation nationale et celles de toute la fonction publique», déplore Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes (principal syndicat du secondaire), contactée par CheckNews. «C’est bel et bien une hausse de rémunération sans condition», défend, de son côté, le ministère au sujet de la revalorisation du point d’indice.
Par ailleurs, un document interne et non officiel de l’éducation nationale dévoilé par l’AFP, en avril, a révélé que seule une minorité d’enseignants bénéficiera des plus fortes augmentations (hors dégel du point d’indice). Le tableau détaille le nombre d’équivalents temps pleins pour chaque échelon. Si le nombre d’ETP ne correspond pas exactement au nombre d’enseignants, les statistiques permettent toutefois d’avoir une idée de l’impact de la revalorisation prévue en septembre. Selon ces données, seuls 10 % des ETP sont concernés par les hausses supérieures à 200 euros mensuels net. La majorité – 67 % des ETP – ne toucherait que 95 euros net en plus par mois. Contacté, le ministère de l’Education nationale répond que ces données ne sont pas tirées «d’une communication officielle».
Mise-à-jour du 29/08/23 : ajout d’un argument du ministère sur l’intégration de l’augmentation du point d’indice dans le calcul. Précision sur le document révélé par l’AFP qui concerne les augmentations hors dégel du point d’indice et sur les infographies.