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Cibles, missiles interceptés, dégâts : ce que révèlent les images de l’attaque de l’Iran contre Israël

Conflit israélo-palestiniendossier
Les deux pays se contredisent sur les résultats de l’offensive du 1er octobre. «CheckNews» a compilé et authentifié de nombreuses vidéos permettant d’en faire un premier bilan, et d’infirmer des contre-vérités qui circulent.
L'un des missiles iraniens vu dans le ciel de Tel-Aviv, en Israël, lors de l'attaque qui visait le pays le 1er octobre 2024. (Ammar Awad/REUTERS)
publié le 3 octobre 2024 à 19h13

Annoncée mardi 1er octobre dans l’après-midi, la réponse de l’Iran aux assassinats des dirigeants de ses alliés, le Hezbollah et le Hamas, est intervenue quelques heures plus tard, à 19 h 30 heure locale (18 h 30 heure française), sous la forme de deux salves de missiles (entre 180 et 220 au total, selon les sources). Les sirènes d’alerte ont retenti dans tout le pays et les forces de défense israéliennes ont exhorté la population «à chercher un abri sûr». L’offensive massive, plus conséquente que celle d’avril en raison de la nature des projectiles employés par Téhéran, a toutefois été qualifiée d’inopérante par les autorités israéliennes et leur allié américain – Israël affirmant avoir intercepté, avec l’aide «d’une coalition défensive dirigée par les Etats-Unis», la majorité des projectiles avant qu’ils ne touchent son territoire.

Téhéran, à l’inverse, s’est sans surprise félicité du succès de l’opération, les Gardiens de la révolution assurant que «90 % des missiles avaient touché leur cible». Selon les autorités israéliennes, aucune victime n’était à déplorer sur leur territoire. Un Palestinien a été tué à Jéricho, ville palestinienne en Cisjordanie occupée, victime de la chute d’un fragment de missile. CheckNews a rassemblé et authentifié de nombreuses images de l’attaque, qui permettent de faire la lumière sur les cibles visées, les dégâts occasionnés, mais aussi sur les fausses informations qui n’ont pas manqué de circuler.

Combien et quels types de missiles ont été tirés ? D’où sont-ils partis ? Combien de temps a duré l’attaque ?

L’attaque, selon Tsahal, s’est traduite par le lancement, en plusieurs temps, de 180 missiles balistiques, alors que des sources officielles américaines parlent auprès d’ABC de 220 missiles. Filmée par le régime des mollahs, elle a débuté à 18 h 30 heure française.

Plusieurs sites de lancement ont été évoqués dans les médias. L’un a été formellement identifié, à partir d’une séquence filmée à travers le cockpit d’un avion. La vidéo permet d’attester que les missiles ont été lancés depuis le site de la ville de Chiraz, dans le sud-ouest de l’Iran.

Des officiels iraniens, interrogés par le New York Times, affirment que les missiles auraient aussi été tirés depuis les bases des Gardiens de la révolution dans le Karaj, le Kermanchah, et la province iranienne de l’Azerbaïdjan. La BBC Persian (antenne en farsi du média britannique), citant des sources locales, a également évoqué un site proche de la ville de Tabriz, dans le nord-ouest du pays. CheckNews n’a pas été en mesure de géolocaliser d’autres sites de lancement.

La vision la plus complète de l’attaque a été donnée par une vidéo partagée le 2 octobre par un photographe amateur jordanien. Elle montre deux salves, espacées d’une dizaine de minutes. Sur l’image, on peut décompter entre 100 et 200 points lumineux survolant le ciel jordanien, à destination d’Israël. Comme le notent différents spécialistes, il reste difficile d’établir avec précision ce que l’on observe sur les images, s’il s’agit de propulseurs (aussi appelés boosters) se séparant de la tête des missiles, l’ogive contenant la charge explosive.

Quel type de missiles ?

Certaines images diffusées depuis le 1er octobre apportent aussi des éléments sur la nature des missiles envoyés. Des vidéos, relayées par l’agence de presse gérée par les Gardiens de la révolution, montrent le décollage de deux missiles balistiques Ghadr en direction d’Israël. Une autre, repérée par le chercheur spécialiste de l’arsenal iranien Fabian Hinz, montrerait le décollage de Kheibarshekan ou de missiles Fattah. Ces derniers sont les missiles balistiques iraniens les plus avancés de leur arsenal, et n’avaient pas encore été tirés vers le sol.

A partir des photos de débris, des experts, dont Fabian Hinz, ont également confirmé l’arsenal utilisé par Téhéran. Ont été identifiés des missiles balistiques Emad ou Ghadr, qui possèdent des propulseurs similaires, de cylindres de plus de 8 mètres de métal, photographiés ici dans le désert du Néguev. Mais aussi des Kheibarshekan ou des missiles Fattah, comme ici.

L’emploi de ces derniers projectiles, les Fattah, décrits (de manière abusive, selon les spécialistes) comme hypersoniques, a été revendiqué par les Gardiens de la révolution. Il s’agirait de leur première utilisation depuis leur mise en service en 2023, bien que cette dernière n’ait pas encore été confirmée (les Kheibarshekan et les Fattah employant des composants très similaires).

Cette salve de missiles balistiques diffère de celle que le régime iranien avait lancée en avril. Téhéran avait alors mélangé des drones suicides Shahed avec 120 missiles balistiques et 30 missiles de croisière, toujours d’après l’armée israélienne.

La différence entre les missiles balistiques (qui ont été utilisés plus massivement lors de l’attaque du 1er octobre) et les missiles de croisière tient dans leur trajectoire et leur confection. Là où les missiles de croisière volent à plus basse altitude avec des charges plus petites et plus de manœuvrabilité, les missiles balistiques, tirés mardi soir, sont des projectiles plus lourds, pouvant porter de grosses charges explosives. Ces derniers sont également très rapides en phase descendante, grâce à leur trajectoire parabolique qui peut les emmener en dehors de l’atmosphère avant de redescendre sur leur cible.

Quelles étaient les cibles ? Quels sites ont effectivement été touchés ?

Dans un communiqué publié dans la demi-heure suivant l’attaque, les Gardiens de la révolution islamique ont déclaré avoir visé «d’importantes cibles militaro-sécuritaires» israéliens. Le chef d’état-major des Forces armées iraniennes, Mohammed Hussein Baqeri, a ultérieurement précisé sur la chaîne d’information nationale Irna24 que les bases ciblées étaient «le quartier général du Mossad», dans la banlieue de Tel-Aviv (déjà visé le 25 septembre par un tir, qui avait été intercepté), «la base aérienne de Nevatim contenant des avions de chasse F-35», ainsi que «la base aérienne de Hatzerim».

Autant de cibles qui étaient mentionnées dans un article du New York Times publié une quarantaine de minutes avant les attaques. Article basé sur les informations du renseignement israélien, visiblement très au fait de l’attaque qui se préparait. Baqeri mentionne également, au nombre des cibles, «des radars stratégiques» du bouclier antimissile israélien, ainsi que «des centres de rassemblement des chars et des véhicules de transport de troupes» autour de Gaza. Il a assuré qu’aucune infrastructure économique ou industrielle, ni les populations civiles, n’avaient été ciblées. La base de Tel Nof, à 20 kilomètres au sud de Tel-Aviv, est également citée au nombre des cibles par la presse iranienne.

Le Corps des gardiens de la révolution islamique affirme être parvenu à toucher nombre de ces cibles : «Certaines bases de l’armée de l’air», «des radars» du bouclier antimissile, et des sites présentés comme ayant servi à «planifier l’assassinat» de dirigeants du Hezbollah. De son côté, le porte-parole Tsahal, Daniel Hagari, affirme que seul «un petit nombre de missiles ont touché le centre d’Israël et d’autres le sud du pays».

Des frappes impressionnantes contre deux bases aériennes

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent que de nombreux missiles iraniens ont atteint l’aéroport militaire de Nevatim, ciblé car il accueille en temps normal des avions de chasse F-35. Les tirs ont été filmés depuis au moins quatre points de vue : ces images spectaculaires montrent jusqu’à une trentaine de points lumineux se diriger vers la base aérienne israélienne. Des journalistes et enquêteurs spécialisés en recherche en source ouverte ont géolocalisé ces vidéos à proximité de cette base (située dans le désert du Néguev, au sud d’Israël). Sur certaines vidéos, on distingue l’impact de plusieurs missiles, ainsi que de nombreuses explosions.

Une autre vidéo a également été partagée comme montrant des frappes sur la base aérienne de Tel Nof, située dans le centre du pays. Filmée par une personne s’abritant au loin sous un pont, le long d’une route, on distingue trois missiles qui touchent le sol.

Si ces vidéos, filmées de loin, montrent des explosions, elles ne permettent pas de connaître les dégâts causés par ces frappes sur ces deux bases aériennes. Mercredi 2 octobre au soir, l’agence de presse américaine AP a divulgué des images prises par les satellites de l’entreprise Planet Labs, montrant un grand trou sur le toit d’un hangar de la base aérienne de Nevatim. Le journaliste à l’origine de l’article estime qu’il est toutefois impossible d’affirmer avec certitude qu’il s’agit de la conséquence de l’attaque, même si l’avarie était invisible sur les images lundi.

On distingue au moins deux autres impacts sur l’image satellite, qui n’englobe pas la totalité de la base.

Jeudi 3 octobre dans la soirée, des spécialistes, se basant sur d’autres images, couvrant cette fois la totalité de la base, évoquent 32 impacts identifiés, sans préciser s’il s’agit des tirs directs et d’impact de débris de missiles interceptés.

Mercredi 2 octobre, l’armée israélienne avait reconnu que plusieurs de ses bases aériennes avaient été endommagées. Selon cette déclaration, rapportée par le Haaretz et le Times of Israel, aucun soldat, aucun avion et aucune arme n’ont en revanche été touchés. «Il n’y a eu aucun dommage qui ait pu interrompre les opérations de l’armée de l’air à un quelconque moment», a ainsi déclaré l’armée, selon le Haaretz. Tsahal nie toute avarie sur des avions et n’a pas commenté les images satellites obtenues par AP.

CheckNews n’a pas retrouvé de documents visuels faisant état de frappes sur la base aérienne de Hatzerim, évoquée comme cible par Téhéran dans ses déclarations.

Deux missiles tombés près du QG du Mossad

Alors que le quartier général du Mossad, situé au nord de Tel-Aviv, a été revendiqué comme cible, une vidéo filmée depuis un balcon, ainsi que des images prises par les agences de presse AFP et Anadolu, attestent d’un impact de missile à quelques centaines de mètres au nord des locaux du service de renseignement israélien. Les images des agences de presse montrent un cratère et plusieurs véhicules endommagés. Aucune d’entre elles ne permet d’affirmer que le siège en lui-même a été touché, contrairement à ce que des internautes pro-iraniens ont affirmé sur les réseaux sociaux.

Présent sur place, le correspondant des affaires étrangères et de la défense de la chaîne américaine PBS, Nick Schifrin, a publié une vidéo filmée à immédiate proximité de la zone d’impact du missile. Evoquant «un cratère d’environ 9 mètres de profondeur et peut-être 15 mètres de large», il le situe à environ «1 500 pieds [soit un peu moins 500 mètres, ndlr] du QG de l’agence d’espionnage Mossad».

Un autre missile, filmé par un homme à bord d’une voiture et dont la géolocalisation a été confirmée par le collectif GeoConfirmed, est tombé sur une route à environ 600 mètres au sud des bâtiments du Mossad.

Des photographies de l’AFP et des vidéos filmées dans la nuit ont également montré les vitres brisées du restaurant Seatara, se trouvant en bord de mer dans le nord de Tel-Aviv, à environ un kilomètre des locaux du Mossad.

D’autres images montrent des dégâts causés par les frappes, parfois à plusieurs kilomètres des cibles revendiquées par Téhéran.

Des photographes de l’Agence-France Presse ont ainsi documenté les dégâts d’une frappe sur une école de Gedera, au sud de Tel-Aviv. Les images montrent un large cratère et les fenêtres brisées de la façade d’un bâtiment. La ville de Gedera se trouve à moins de cinq kilomètres de la base aérienne de Tel Nof.

Une vidéo partagée sur les réseaux sociaux montre ce qui semble être une frappe directe à proximité de l’Ayalon Mall, un centre commercial du nord de Tel-Aviv. Comme le souligne le think tank américain Institute for the study of war, ce mall se trouve «directement à [l’est] du parc Yarkon, où se trouve le siège du Shin Bet», le service de renseignement intérieur israélien.

Des photographies prises par l’AFP montrent des bâtiments effondrés et des toits de maison endommagés à Hod Hasharon, dans la banlieue nord de Tel-Aviv. La municipalité a indiqué à la presse qu’une centaine de maisons ont été abîmées, notamment par des éclats de missiles et par le choc lié à la chute de fragments de missiles. La ville se trouve à environ 7 kilomètres à l’est du QG du Mossad. Auprès du New York Times, son maire a précisé qu’un missile a provoqué un incendie qui a endommagé des maisons.

Plusieurs vidéos montrent enfin des fragments ou débris, qui sont dans certains cas les propulseurs, ces cylindres de plusieurs mètres de long qui se détachent durant la course du missile. Dans le désert du Néguev, l’AFP indique avoir photographié des civils se tenant debout sur les débris d’un missile iranien, ainsi qu’un morceau de missile tombé sur l’habitation d’une famille de Bédouins. CheckNews n’est pas en mesure de déterminer le lieu précis de ces images.

Un Palestinien a été tué par un propulseur de missile à Jéricho, à proximité de la frontière jordanienne. Une vidéo de surveillance montre l’homme de 37 ans se promener dans la rue, lorsque le fragment de missile lui tombe dessus, le laissant inanimé. Selon le New York Times, cet homme se nommait Sameh al-Asali. Il serait l’unique victime de l’attaque iranienne.

Quelle proportion de missiles a été interceptée ?

C’est le point sur lequel l’Iran et Israël s’affrontent. Dans un communiqué, les Gardiens de la révolution affirment que «malgré le fait que [la zone visée] était protégée par les systèmes de défense les plus avancés et à grande échelle […], 90 % des missiles ont atteint les cibles avec succès». A l’inverse, le porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, affirme que seul «un petit nombre de missiles a touché le centre d’Israël, et d’autres, le sud du pays. La majorité des missiles ont été interceptés par Israël et par une coalition défensive dirigée par les Etats-Unis».

L’armée israélienne a précisé à Haaretz qu’elle ne communiquerait pas le taux d’interception de l’attaque du 1er octobre, arguant que cette discrétion visait à éviter «de donner à l’Iran et au Hezbollah des informations qui les aideraient à tirer des leçons». Précisant néanmoins que la défense aérienne du pays avait «opéré de façon impressionnante, avec de hauts taux d’interception».

Le nombre d’intercepteurs tirés est également inconnu. On sait juste, selon une déclaration du Pentagone, qu’un destroyer américain présent dans la zone a effectué une douzaine de tirs d’interception d’après Reuters, sans que le nombre de missiles iraniens abattus ne soit communiqué. La marine américaine a d’ailleurs diffusé une vidéo d’un des lancements depuis l’USS Bulkeley.

Israël dispose d’un système de défense aérienne parmi les plus perfectionnés au monde. Le dôme de fer, sa composante la plus connue et parfois utilisée à tort pour décrire l’ensemble des systèmes, n’est utilisé que pour les interceptions à courte portée, principalement les roquettes du Hamas et du Hezbollah, jusqu’à 70 kilomètres de distance, et 10 kilomètres d’altitude. L’échelon du dessus est la Fronde de David, un système dont les intercepteurs peuvent atteindre les roquettes de gros calibre, les missiles de croisière et les missiles balistiques de 40 à 300 kilomètres de distance, et jusqu’à 15 kilomètres d’altitude. Vient enfin le système Arrow, des missiles antibalisitique, pouvant atteindre les missiles balistiques, y compris hors de l’atmosphère terrestre. De telles interceptions «extra-atmosphériques» par ce système Arrow auraient d’ailleurs été captées dans des vidéos.

Les images disponibles ne permettent pas de se faire une idée précise du nombre d’interceptions, que ce soit à basse altitude ou plus en amont. Alors qu’elles ont donné lieu à une foultitude d’interprétations variées, et souvent contradictoires, les experts mettent en garde sur le fait que la compréhension des images est complexe.

«Les impacts ne sont pas tous des frappes réussies. Il est difficile de faire la différence, à partir d’une vidéo, entre une ogive qui touche sa cible et des débris de missile qui tombent après une interception réussie», note ainsi Fabian Hoffmann, chercheur à l’université d’Oslo spécialisé dans les technologies liées aux missiles. Tout en évoquant, à propos d’une des vidéos de l’attaque sur la base aérienne de Nevatim (le site qui semble avoir été de loin le plus touché, d’après les images que nous avons consultées), un nombre important d’impacts. Sur une séquence d’environ trente secondes, le spécialiste décompte quatre interceptions et dix impacts.

Si CheckNews a recensé d’autres impacts dans d’autres séquences authentifiées, ainsi que ce qui s’apparente à des interceptions, les images ne permettent pas de mesurer un taux d’interception global. En revanche, il n’y a pas de doute sur le fait que le nombre d’impacts constatés dans les vidéos authentifiées, qui se compte en dizaines, est bien plus élevé que lors de l’offensive d’avril (où il avait été notoirement faible).

Lors de cette offensive d’avril, qui avait vu le lancement de 170 drones, 120 missiles balistiques et 30 missiles de croisière, l’écrasante majorité de ces projectiles avaient été interceptée par la défense antiaérienne israélienne. Tsahal avait ainsi communiqué sur 99 % de missiles arrêtés. Une source américaine avait elle affirmé à NBC que seulement neuf missiles avaient atteint deux bases israéliennes.

Fabian Hoffmann émet plusieurs hypothèses pour expliquer cette « réussite» accrue, du point de vue de Téhéran. Dans son article, le spécialiste s’interroge sur le fait que les Iraniens ont peut-être concentré plus de missiles sur moins d’objectifs, ou que les missiles utilisés, les plus aboutis de l’arsenal iranien, ont pu compliquer les interceptions. Mais le chercheur émet aussi l’hypothèse que le stock antimissile israélien a pu être amenuisé par la dernière attaque iranienne, bien que de nombreuses interceptions réussies aient été filmées, comme dans cette vidéo. Enfin, l’expert rappelle que «les impacts enregistrés sur les vidéos ne sont pas tous des frappes réussies. Plusieurs missiles iraniens qui ont atterri semblent avoir échoué à atteindre leurs cibles avec précision. Israël a peut-être également choisi de ne pas intercepter toutes les ogives entrantes, concentrant son arsenal d’intercepteurs sur la défense de sites de plus grande valeur. Néanmoins, les Iraniens considéreront probablement cette attaque comme plus réussie que leur barrage d’avril».

Avalanche inévitable de fausses informations

L’attaque, sans surprise, a été l’objet de nombreuses fausses informations. Plusieurs comptes iraniens ou pro-iraniens ont, par exemple, affirmé qu’elle avait entièrement détruit le siège du Mossad. Les images de la chaîne américaine PBS démontrent toutefois que le bâtiment n‘a pas été touché.

L’une des rumeurs les plus notables s’est propagée durant la journée qui a suivi les attaques. Beaucoup de comptes ont dénoncé l’impossibilité d’observer les dégâts au sol sur les images satellites. En cause : de supposés « faux nuages ajoutés numériquement » sur les clichés. A l’appui de leur récit, des captures d’écran montrant que, sur les « zones d’intérêt » sélectionnées dans les logiciels de consultation d’images satellite, la zone était recouverte de nuages. L’interprétation résulte ici d’une mauvaise compréhension du fonctionnement de la capture d’images par les satellites, et du fonctionnement des sites commerciaux. Comme le confirment tous les relevés météorologiques, de larges pans du territoire israélien concerné par les attaques iraniennes étaient bien sous les nuages le 2 octobre. Nuages qui ont, nécessairement, été photographiés par divers satellites d’observation lors de leurs premiers passages au dessus de la zone. Toute personne qui souhaitait consulter la photographie la plus récente d’une zone concernée pouvait voir une photographie de couverture nuageuse. La consultation d’images étant coûteuse, certains logiciels permettent d’en consulter une portion limitée (« zones d’intérêt », dessinée avec un outil de tracé).

Dans les deux cas, l’image la plus récente est placée en surimpression d’images plus anciennes, ce qui explique les captures d’écran où les zones qui intéressent les usagers semblent « censurées » par des nuages. Toutefois, après quelques heures de météo défavorable, et au gré du survol de ces zones par les satellites, de nouvelles images ont rapidement été mises à disposition du public. Supports qui ont, notamment, permis de débuter un bilan des dégâts causés par les frappes.

Dans les heures suivant les tirs, plusieurs internautes ont également fait passer des vidéos anciennes et hors contexte pour des images de l’attaque. Parmi les exemples les plus partagés, on peut ainsi mentionner cette vidéo d’un violent incendie, présentée comme filmée en Israël après l’impact d’un missile iranien. La séquence date en réalité du mois d’août. Filmée au Yémen, elle montre l’incendie d’une station-service.

Une autre vidéo, supposée montrer qu’un missile iranien avait touché le cœur de Tel-Aviv, s’avère avoir été filmée à Moscou en 2023.

Une autre, qui prétend montrer l’explosion du quartier général du Mossad à Tel-Aviv, a été tournée à Tianjin, en Chine, en août 2015.

Une autre séquence, partagée plusieurs millions de fois, montrant une ville sous les fusées éclairantes s’avère, selon le média arabe Misbar (qui avait déjà analysé la scène en août), un montage de plusieurs séquences anciennes, filmées en Algérie à l’occasion de célébrations sportives.

Des images de cercueils israéliens, présentées comme celles de victimes des attaques, ont également été diffusées. Les clichés sont ceux d’une manifestation de début septembre, mettant en scène des cercueils vides pour interpeller les autorités israéliennes sur le sort des otages à Gaza.