Mardi 20 août, la Cour fédérale de justice allemande a confirmé la condamnation d’une Allemande de 99 ans à deux ans de prison avec sursis pour complicité de meurtre. Les faits reprochés remontent aux années 1944 et 1945, lorsque Irmgard Furchner travaillait comme secrétaire au sein du camp de concentration de Stutthof, établi en Pologne par le IIIe Reich. Rejetant une demande d’appel, la justice allemande a estimé que «son activité en tant qu’unique sténotypiste était d’une importance capitale pour le fonctionnement du camp, organisé de manière entièrement bureaucratique» et qu’elle «avait une connaissance positive des actes criminels des auteurs principaux qu’elle soutenait et qu’elle s’est en quelque sorte solidarisée avec eux en leur rendant malgré tout service».
Procès tardifs
Ces procès tardifs sont suivis avec une attention particulière en Allemagne, où leur légitimité est défendue dans les articles de presse en raison de la responsabilité historique du pays face aux crimes perpétrés par les nazis et leurs complices. Au cours des dernières années, d’autres procès similaires ont fait l’objet d’une même attention. En juin 2022, Le dernier en date visait Josef Schütz, un ancien gardien du camp de concentration de Sachsenhausen, âgé de 101 ans, qui a été condamné en juin 2022 à 5 ans de prison, devenant ainsi la personne la plus vieille à être jugéet et condamnée pour des crimes de guerre nazis en Allemagne.
Le jugement d’Irmgard Furchner a souvent été présenté dans la presse allemande comme «peut-être le dernier procès» de crimes nazis. Contacté par CheckNews, le directeur de l’Office central pour l’élucidation des crimes du national-socialisme de Ludwigsbourg, Thomas Will indique qu’actuellement, «en théorie, trois procédures pourraient encore donner lieu à des jugements». Elles concernent des cas de complicité de meurtre et les personnes accusées ont entre 99 et 101 ans.
Dans le détail, il indique que «le parquet de Neuruppin mène une enquête contre une ancienne employée du camp de concentration de Ravensbrück, pour laquelle l’Office central a mené l’enquête préliminaire, tout comme pour les autres procédures mentionnées». Il s’agit d’une femme, désormais âgée de 101 ans, dont la presse allemande indique qu’elle occupait la fonction de surveillante. Selon le journal berlinois Tagesspiegel, «elle aurait aidé à l’assassinat de détenus du camp entre le 23 octobre 1944 et le 5 avril 1945, notamment par des conditions de vie insuffisantes, des gazages et des exécutions».
«Recherches laborieuses et difficiles»
Les deux autres cas cités par Thomas Will concernent deux anciens gardiens du camp de concentration de Sachsenhausen (situé à une trentaine de kilomètres au nord de Berlin) et du camp de prisonniers de guerre Stalag 365 Vladimir-Volynsk, situé en Ukraine. Les parquets de Gießen et de Berlin avaient déposé plainte contre ces deux hommes, mais dans chaque cas les tribunaux régionaux compétents ont rejeté l’ouverture d’une procédure en raison de l’incapacité des deux hommes à pouvoir comparaître au regard de leur état de santé. Le directeur de l’Office central de Ludwigsbourg précise que les procureurs ont déposé des recours devant les cours d’appel de Berlin et Francfort, qui n’ont pas encore statué.
Outre ces trois affaires, qu’il estime comme toujours en cours, le directeur de l’Office central de Ludwigsbourg ajoute : «nous continuons à enquêter sur les anciens membres de différents camps de concentration et de prisonniers de guerre dans lesquels des phases d’assassinats systématiques ont eu lieu. Les recherches sur ces dizaines de personnes qui n’ont pas pu être identifiées jusqu’à présent, et ce parfois sans date de naissance, sont certes laborieuses et difficiles. Il est cependant de notre devoir et de nos efforts de trouver des accusés potentiels et de transmettre les procédures aux ministères publics».