A ce jour, et depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, les autorités françaises déplorent officiellement le décès de deux ressortissants français dans la bande de Gaza. Il s’agit de deux enfants de 7 et 10 ans, Obaida et Jannah, tués par un bombardement israélien fin octobre. Leur mère avait été blessée, ainsi que son troisième enfant, Omar Abudaher, âgé de 3 ans. Le Quai d’Orsay s’était déjà exprimé fin octobre sur ces deux morts.
La mère de famille avait été rapidement identifiée par la presse comme étant Yasmine Znaïdi, une ressortissante française de 43 ans, vivant à Gaza depuis 2016, et qui avait été condamnée en 2019 par contumace pour «financement d’une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroriste». Elle était accusée d’avoir utilisé les fonds récoltés par son association caritative, Perle d’espoir, au profit du Jihad islamique et du Hamas. A ce jour, la mère de famille et son enfant sont toujours à Gaza.
Plainte pour non-assistance à personne en danger en préparation
Fin décembre, le tribunal administratif de Paris avait enjoint le consulat de France en Israël de lui délivrer un laissez-passer, estimant que «la carence de l’Etat français porte une atteinte grave et manifestement illégale à la dignité de la personne humaine et aux droits de son enfant». Mais le ministère des Affaires étrangères français, après avoir dans un premier temps affirmé ne pas ménager ses efforts pour lui porter assistance, avait fait appel.
Mi-janvier, le Conseil d’Etat avait donné raison au Quai d’Orsay, annulant la décision du tribunal administratif au motif que la juridiction française n’était pas compétente : l’inscription sur la liste des noms des personnes à évacuer devant être remise aux autorités israéliennes et égyptiennes et validée par elles, de telles démarches relèvent non pas de la seule compétence de l’Etat français mais «nécessitent l’engagement de négociations avec des gouvernements étrangers ou sont indissociables d’elles».
Contacté par CheckNews, l’avocat de Yasmine Znaïdi, maître Nabil Boudi, indique qu’une plainte pour non-assistance à personne en danger est en préparation.
Au-delà de ce cas, une source diplomatique assure que la France a «réussi à faire sortir de Gaza l’immense majorité» de ses ressortissants. Le ministère des Affaires étrangères rappelle qu’il a fait de la sécurité des ressortissants français, mais aussi de ses agents, une priorité. Ainsi, «la France se mobilise depuis plusieurs semaines pour organiser leur sortie de la bande de Gaza», et «continue à œuvrer à l’évacuation de ses ressortissants, des employés de l’Institut français, ainsi que des professeurs vacataires de l’Institut français, et de leurs ayants droit».
Aucune «distinction entre les binationaux et ceux uniquement français»
A la connaissance des autorités françaises, au moment des premières répliques israéliennes à l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre, «une cinquantaine» de Français avaient été identifiés. Fin octobre, plusieurs médias avaient, plus précisément, fait état de 56 ressortissants piégés dans la bande de Gaza, citant le consulat de France à Jérusalem.
Le Quai d’Orsay précise qu’il n’est établi dans ce décompte aucune «distinction entre les binationaux et ceux uniquement français». Il faut ajouter à cette cinquantaine de ressortissants toutes les personnes dont la France souhaite «assurer la protection». Il s’agit des ayants droit, ou des personnes travaillant pour l’Institut français. Si seuls «quelques Français sont encore à Gaza» à l’heure actuelle, «l’essentiel des personnes restant à évacuer sont des employés palestiniens de l’Institut français et leurs proches». Là encore, aucun nombre précis ne nous a été transmis.
Lundi 12 février, le Quai d’Orsay avait communiqué sur le total de 200 évacuations opérées sur demande de la France, et fruit de démarches «menées au plus haut niveau». Rien que sur la journée de lundi, 42 personnes qui avaient quitté la bande de Gaza par le point de passage de Rafah, ont ensuite été prises en charge côté égyptien par l’ambassade de France et le Consulat général au Caire, précise le ministère. Les personnes évacuées sont à la fois des «ressortissants français, résidents français ou collaborateurs de l’Institut français, avec les membres de leurs familles». Et cette «sortie de 42 personnes a pu être obtenue grâce aux efforts de la France et à l’intervention directe du ministre en Israël lors de sa visite récente», confie notre source diplomatique.
Mort de trois agents employés par la diplomatie française
A noter qu’en plus du décès de deux enfants français, le ministère des Affaires étrangères déplore la mort de trois agents employés par la diplomatie française dans la bande de Gaza. Le premier décès, annoncé mi-décembre, concernait un agent «mort des suites de ses blessures lors d’un bombardement israélien à Rafah», dans le sud de l’enclave (Libération a rencontré sa famille, exilée en France). La France est toujours en attente d’explications de la part d’Israël «sur les circonstances de ce bombardement». De plus, «deux professeurs vacataires de l’Institut français sont également morts à Gaza ces derniers mois, dont l’un du fait d’une maladie qui n’a pas pu être adéquatement soignée en raison des conditions humanitaires catastrophiques qui prévalent dans la bande de Gaza». Les syndicats du Quai d’Orsay prévoient, selon les informations de la Lettre A, de rendre le 27 février un hommage officieux à ces deux agents, faute de réponse du cabinet du ministre à leurs demandes d’hommage officiel.
Quarante-deux Français, ou Franco-Israéliens, avaient été tués lors de l’attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre. Et trois Français figurent toujours parmi les otages qui sont toujours retenus dans la bande de Gaza.