Question posée par Annie le 10 décembre,
Réformer l’espace Schengen et les règles budgétaires, inclure le nucléaire parmi les énergies vertueuses pour le climat ou encore pousser la directive «relative à des salaires minimaux». Face aux journalistes, qu’il avait convoqués à l’Elysée ce jeudi, Emmanuel Macron a présenté les principales propositions qu’il souhaite engager durant la présidence française du conseil de l’Union européenne, qui se tiendra du 1er janvier au 30 juin 2022, une période marquée en France par l’élection présidentielle.
Les journalistes présents dans la salle, tout comme les adversaires politiques du président n’ont pas manqué de souligner la double casquette de «président de l’Europe» et de candidat à sa réélection que portera Emmanuel Macron. Durant des mois, le président participera à des conférences et autres sommets partout en France, pour le compte de l’Europe, tandis que ses rivaux se contenteront de meetings.
Analyse
La présidence en pleine campagne, une situation évitable
Historiquement, l’ordre des présidences des pays s’est fait de manière alphabétique de 1956 à 1993, puis a été fixé par divers traités (Maastricht, Amsterdam, Nice) ou décisions du conseil en intégrant à chaque fois les nouveaux Etats membres. En 2009, suite au traité de Lisbonne, une décision «établit l’ordre initial des présidences», qui fonctionne alors sous forme de trios, gérant des périodes de dix-huit mois indique le Conseil de l’UE. Mais «en 2016 suite au Brexit, l’ordre des présidences a été modifié, avec une décision du Conseil du 26 juillet 2016, souligne un porte-parole. C’est donc en 2016 que le Conseil a décidé de l’ordre des présidences fixant le trio, France : janvier à juin 2022, République tchèque : juillet à décembre 2022 et Suède : janvier à juin 2023. Cette décision n’a pas entraîné de discussion à l’époque à notre connaissance». La France était alors présidée par François Hollande.
La présidence française du conseil de l’UE en pleine campagne présidentielle de 2022 aurait-elle pu être évitée ? En théorie, oui puisque «l’article 2 de la décision de 2009 prévoit la possibilité aux membres d’un trio de convenir d’autres arrangements» rappelle le service de presse du conseil de l’UE, qui note cependant que «seul le Royaume-Uni a “profité” d’un aménagement du calendrier». En théorie, la France aurait donc pu troquer sa présidence avec la République tchèque durant le second semestre de 2022 ou avec la Suède pour la première moitié de 2023.
Le service de presse du conseil de l’Union européenne ajoute que «ce n’est pas la première fois qu’une telle situation se produit pour la France» puisqu’elle avait déjà occupé la présidence «du 1er janvier 1995 au 30 juin 1995 en pleine campagne présidentielle et à cette époque non plus la France n’avait pas demandé d’aménagement». Depuis la France avait rempli cette fonction en 2000 et 2008.