Menu
Libération
CheckNews
Vos questions, nos réponses
CheckNews

Comment sera choisi le futur Premier ministre ?

En cas de cohabitation, le choix du Premier ministre incombe au président de la République. Il s’agit d’un pouvoir discrétionnaire, toutefois contraint par le risque d’une motion de censure.
Emmanuel Macron le 13 juin 2024 à à Savelletri, dans le sud-est de l'Italie, pour le sommet du G7. (Ludovic Marin /AFP)
publié le 18 juin 2024 à 16h34

Les discussions sont encore loin d’être closes. Au Nouveau Front populaire (NFP) comme au Rassemblent national, les débats autour d’une figure de Premier (ou de Première) ministre, en cas de victoire aux législatives et donc de cohabitation, vont bon train.

Au NFP, on peine à se mettre d’accord, que ce soit sur une personnalité ou sur une méthode qui permettrait de la faire émerger. Alors qu’assez rapidement après l’annonce de la création du Nouveau Front populaire, Jean-Luc Mélenchon, puis François Ruffin se sont dits «capables» d’endosser le rôle, Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, a indiqué ce mardi matin sur BFMTV sa volonté de procéder «à un vote» : «Je souhaite que ce soit l’ensemble de celles et ceux qui formeront cette nouvelle majorité qui puissent se retrouver au lendemain du 7 juillet et qui puissent ensemble désigner celui ou celle qui sera le mieux placé.» Et de poursuivre : «Je ne dis pas que les insoumis n’ont pas leur mot à dire, mais ça ne peut pas être l’alignement sur tel ou tel. Et je le dis de manière très ferme : la seule façon de faire fonctionner cette nouvelle majorité, ce sera d’avoir un fonctionnement démocratique.»

Côté RN, alors qu’un consensus semblait s’être formé dès le premier jour autour de Jordan Bardella, celui-ci a déclaré lundi 17 juin au Parisien qu’il refuserait le poste s’il n’obtenait pas la majorité absolue. Un «refus d’obstacle», selon Gabriel Attal.

Au-delà du droit, la réalité politique

Quelle sera la marge de manœuvre du Président au soir du 7 juillet ? D’après plusieurs spécialistes du droit constitutionnel interrogés par CheckNews, celle-ci est totale, tout du moins d’un point de vue légal.

Concrètement, le pouvoir de nommer le Premier ministre revient entièrement à la discrétion du président. C’est ce qu’affirme l’article 8 de la Constitution. Donc, même si le parti remportant les législatives n’a pas arrêté son choix sur une proposition de Premier ministre, Emmanuel Macron pourrait choisir qui il souhaite – que cette personne soit députée, sénatrice ou extérieure. De la même manière, nous rappelle le professeur de droit Paul Cassia, et même en cas de victoire du NFP ou du RN, «Gabriel Attal, actuel Premier ministre, n’est pas légalement tenu de démissionner».

Mais au-delà du droit, il y a la réalité politique. Et le risque d’une motion de censure exprimée dès les premières semaines de vie du nouveau gouvernement. Bastien François, constitutionnaliste, résume ainsi : «Le président a le choix. Mais il faut que ce Premier ministre, s’il a accepté sa nomination, puisse résister à une éventuelle motion de censure. Son choix est donc contraint.» S’il souhaite éviter une motion de censure, Emmanuel Macron se doit donc de choisir un candidat proposé ou une figure qui s’impose d’elle-même dans les rangs du parti majoritaire. Pour Paul Cassia, il s’agit là d’une «décision purement politique».

Et si le NFP ne parvenait pas à se fixer sur une proposition, Emmanuel Macron pourrait alors «les mettre d’accord ou les diviser encore plus», analyse encore le spécialiste.