Un selfie dans l’espace, une séquence d’air guitar en apesanteur ou simplement la vue sous ses pieds : lors de son premier séjour en orbite sur la Station spatiale internationale (ISS) il y a quatre ans, le spationaute français Thomas Pesquet avait fait sensation avec ses messages quasi-quotidiens depuis les étoiles sur Twitter. Et il n’a pas déçu son million d’abonnés depuis son retour sur l’ISS samedi, avec déjà une vingtaine de tweets, en français et en anglais.
Thomas Pesquet tweete-t-il entre deux missions depuis la coupole d’observation de la Station spatiale, armé d’un smartphone pour capturer la vue ? Pas exactement. Mais il reste à l’initiative de la majorité de ses tweets, envoyée par son équipe de communication au sol. Occasionnellement, il peut lui-même les envoyer via un accès personnel à Internet.
«Faire gagner un temps précieux»
L’essentiel des messages «passe par un système d’échange de mails», explique l’équipe de communication de l’ESA à CheckNews, qui détaille le procédé : «Il nous envoie textes et images, on les met en forme, on traduit si nécessaire, on lui renvoie pour qu’il valide puis on se charge de le mettre en ligne sur ses réseaux, depuis la Terre.» Si l’équipe de communication peut en outre «faire des propositions» à l’astronaute, rien n’est envoyé sans son aval.
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L’objectif principal de ce fonctionnement, opéré en grande partie depuis la terre ferme, est surtout de «soutenir et faire gagner un temps précieux à l’astronaute», précisent à CheckNews différentes équipes ayant déjà été en charge de la communication d’un résident de l’ISS. Attendre lui-même le chargement sur Twitter, vérifier l’orthographe ou encore programmer les tweets au moment adéquat sont autant de tâches chronophages qui n’ont guère leur place dans l’emploi du temps millimétré d’un astronaute en orbite. Mais si ce n’est pas Thomas Pesquet «qui appuie sur le bouton», il «est particulièrement impliqué dans ses tweets et fait ça en prenant sur son temps libre, le soir», souligne-t-on à l’ESA.
Thomas Pesquet peut toutefois, «s’il le souhaite et s’il en a le temps», envoyer des messages sur ses réseaux sociaux directement depuis la Station spatiale internationale via sa connexion personnelle à Internet.
Une connexion «en constante amélioration»
Les habitants de la basse orbite disposent en effet d’une connexion personnelle au web depuis 2010 grâce à la Nasa, via un système qu’elle décrit comme un «accès à distance à Internet via un ordinateur au sol». Aujourd’hui, la connexion passe d’abord par un réseau de satellites en orbite haute, à plus de 30 000 km au-dessus de l’ISS (réseau TDRS), qui renvoie ensuite l’information à des stations au sol (dans le désert de White Sands, aux Etats-Unis) relayant l’information via Houston puis l’ESA dans le cas de Thomas Pesquet. Un voyage compliqué par le fait que la Station spatiale circule à 28 000 km/h autour de la Terre et n’est pas en permanence en phase avec les satellites.
Cet accès personnel est en outre limité par les autres données qui circulent via la bande passante de l’ISS. Notamment les communications professionnelles, qui incluent des échanges entre collègues au sol, des visioconférences et, à la marge, les mails évoqués plus tôt avec son équipe de communication.
Le selfie de l’espace, passage obligé! À part ça je vous assure, c’est un sentiment inoubliable d’être son propre vaisseau spatial! #Proxima pic.twitter.com/1HNvOMVHKZ
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) January 13, 2017
Mais, depuis le premier tweet envoyé de l’espace en janvier 2010, la connexion internet est «en constante amélioration», souligne l’ESA. Encore en 2015, dans un post envoyé depuis la Station, l’astronaute américain Scott Kelly blaguait sur son accès personnel décrit comme «pire que la connexion téléphonique bas débit». Mais depuis le premier séjour en orbite de Thomas Pesquet en 2016-2017, la bande passante s’est élargie «de manière assez significative», assure un responsable de l’ISS à l’ESA. En 2019, la Nasa avait notamment annoncé avoir doublé la vitesse de retour des informations sur Terre.